Ile-de-France : le maraîchage va prendre de l’ampleur sur le plateau de Saclay
Plusieurs agriculteurs sont diversifiés rendant à la zone sa vocation première de production légumière et fruitière. Le futur démonstrateur agro-urbain de Corbeville accentuera, côté technique, ce renouveau.
Plusieurs agriculteurs sont diversifiés rendant à la zone sa vocation première de production légumière et fruitière. Le futur démonstrateur agro-urbain de Corbeville accentuera, côté technique, ce renouveau.
Le plateau de Saclay, situé dans le nord de l'Essonne et dans le sud-est des Yvelines, est connu pour accueillir Paris-Saclay, un projet de pôle technologique et scientifique d’envergure mondiale. Mais, grâce à ses terres parmi les plus fertiles d’Ile-de-France, il a une longue tradition agricole. C’est pourquoi une zone de protection de 4 000 ha (agricole et protection de la biodiversité) a été instituée par la loi pour sa préservation.
Le plateau est aujourd’hui à forte vocation céréalière. Ce ne fut pas toujours le cas et la production maraîchère était bien présente : cependant, la PAC favorisant le développement des céréales, et aussi la forte main-d’œuvre liée à l’activité, l’ont réduit à la portion congrue.
La tendance est aujourd’hui en train d’évoluer. « Les agriculteurs se sont interrogés en 2001 sur la nécessite de diversifier leur production, explique Dorian Spaak, de l’association Terre & Cité. Une étude a montré que l’activité attirait toujours mais qu’il fallait trouver les moyens de la maintenir dans le cadre particulier du plateau de Saclay. Car, il y a ici un bassin de consommation d’environ 300 000 personnes et il compte 25 groupes d’achat citoyens. Nous assistons à un fort développement du maraîchage dans la zone, porté souvent par des personnes en changement de parcours professionnel ».
Revenir au maraîchage et développer le circuit court
Emblématique de cette présence fruits et légumes sur un zone essentiellement céréalière, La Ferme de Viltain s’est ainsi fait connaître grâce à sa cueillette de fruits et de légumes de mai à novembre, et ce depuis 1981 : un espace de 60 hectares - vergers de pommes, petits fruits rouges (framboises, groseilles…) – est à disposition des consommateurs. Elle a aussi ouvert un magasin baptisé « Le marché de la ferme » avec de nombreux produits locaux ainsi que ses productions (pommes et aussi produits laitiers).
Le cas de la ferme Trubuil Bot est typique de cet « aller-retour » entre productions. D’abord maraîchère, et après plusieurs décennies dédiée aux grandes cultures, elle est revenue aux fruits et légumes. Depuis 2011, la surface en maraîchage n’a cessé de s’agrandir jusqu’à atteindre une trentaine d’hectares aujourd’hui. Elle produit environ 200 t de produits (carottes, courgettes, tomates, haricots verts, oignons, fraises, poires, pommes et d’autres fruits de manière plus ponctuelle) vendus en grande partie sur le plateau de Saclay.
Bien d’autres exploitations se sont lancées dans la production de fruits et légumes (ferme de la Closeraie, Jardin de Cocagne de Limon, Le potager naturel…). Le plateau de Saclay ne perd pas sa vocation céréalière mais son offre est aujourd’hui plus diversifiée.
A terme, un laboratoire des futures techniques maraîchères
Le démonstrateur agro-urbain de Corbeville, lauréat de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateurs de la ville durable » France 2030 a fait l’objet d’une convention de financement entre L’EPA Paris-Saclay et la Banque des Territoires (500 000 €). Ce projet, qui se situe sur la Z.A.C. de Corbeville, prévoit la création d’un nouveau quartier d’habitation qui prenne en compte l’adaptation au changement climatique, en particulier les enjeux de bio-climatisme et de santé, la circularité des matières et des fluides sur le territoire et la transition agroécologique.
Dans le projet est prévu l’aménagement de la lisière agricole de 8 ha du futur quartier. Là, sur une plateforme d'innovation et d'expérimentation, l’INRAE, avec AgroParisTech qui est installé sur Paris-Saclay, va mener plusieurs études axées spécifiquement sur le maraîchage (ce qui, au passage est assez nouveau pour l’institut). L’ambition est d’évaluer les solutions pour la relocalisation et le développement d’une production locale répondant aux besoins alimentaires.
Plusieurs pistes devraient être étudiées : développement d’une ferme urbaine, pilote de retraitement des biodéchets (avec l’utilisation pour le maraîchage), micro-méthaniseur, récupération des eaux pluviales pour l’irrigation, réseau de chaleur pour les serres… L'objectif est aussi de favoriser les échanges entre agriculteurs et habitants (par exemple en fournissant le compost aux jardins partagés de la ZAC).