Le drilling trouve l’équilibre
La conduite en drilling sur poirier, testée depuis 15 ans à la station de la Pugère (13), permet d’atteindre un bon équilibre de l’arbre. Equilibre profitable pour l’obtention de meilleurs rendements et de fruits plus gros.
La conduite en drilling sur poirier, testée depuis 15 ans à la station de la Pugère (13), permet d’atteindre un bon équilibre de l’arbre. Equilibre profitable pour l’obtention de meilleurs rendements et de fruits plus gros.






Les surfaces de poire sont en diminution en France. Selon Agreste, elles auraient encore chuté de 2 % cette année par rapport à 2015. Un des freins du développement de cette espèce réside dans la gestion de sa vigueur dans les régions méridionales. « Dans le Sud-est, les arbres greffés sur du cognassier de Provence ont une mauvaise affinité avec les variétés de poires et se bloquent après la mise à fruit », indique Bernard Florens de la station de la Pugère. Les porte-greffes OH11 (Pyriamcov) et Farold® 87 daytor (OHF 87) n’ont pas ce problème. Ils confèrent plus de vigueur aux arbres. Avec ces porte-greffes et dans les conditions pédoclimatiques du Sud-est de la France, l’axe n’est pas adapté au poirier. Cette conduite demande beaucoup d’heures de taille. D’où l’idée de ce technicien de tester des conduites d’arbres en multi-axes pour répartir la vigueur. « Ce supplément de vigueur peut être exploité dans la mise à fruit plutôt que sur du végétatif », suggère l’expérimentateur. Parmi les formes testées, la conduite en drilling ressort comme une des plus productives et des plus qualitatives. « Tous les producteurs qui viennent visiter nos vergers ou ont planté en drilling sont interpellés par l’équilibre des arbres », témoigne le technicien.
Des rendements et des calibres améliorés
Cette forme en trois axes positionnés en quinconce sur deux plans (cf. schémas) permet une meilleure gestion de la vigueur et de la fructification. Si les axes sont trop vigoureux, les tuteurs attachés au fil peuvent coulisser afin de régler les angles d’ouvertures du coté des deux axes. Les branches fruitières établies au centre de l’arbre équilibrent la charge et limitent les émissions de gourmands à l’intérieur. « Les scions sont rabattus à la plantation à une hauteur de 40 cm. Puis les trois axes sélectionnés sont tuteurés pour atteindre le plus rapidement possible le fil de faîtage », explique Bernard Florens. Par rapport au gobelet, cette technique permet une mise à fruit plus rapide. Aussi rapide qu’en axe. Contrairement à une autre forme en volume qu’est le tatura, chaque axe est conduit en branche fruitière. Les branches ne se croisent donc pas sur le plan. « L’absence de fils de fer latéraux facilite la taille et la récolte des fruits à l’intérieur de l’arbre ». L’ouverture des charpentières augmente la surface accessible du sol.
La conduite en drilling est observée depuis 15 ans sur le site de la Pugère sur la variété Williams. Elle est comparée à des conduites en gobelet, en axe ou en tatura. « Dès la 4ème feuille, le tonnage par hectare commercialisable était plus important en drilling par rapport au gobelet », annonce le spécialiste poire. En 15ème feuille, le différentiel des tonnages cumulés est de 21 % par rapport à l’axe. « Nous sommes sur des tonnages commercialisables avoisinant 100 t/hectare avec une densité de 1 667 arbres/ ha ». Les calibres sont aussi améliorés. La proportion de fruits de plus de 65 mm de diamètre avoisine 80 % sur le drilling contre 70 % pour l’axe. « Ces résultats se vérifient également avec Elliotcov et Guyot mais pas avec Doyenné du Comice qui est trop alternante dans nos conditions », ajoute-t-il.
Temps de taille et d’attachage plus importants
Le drilling a tout de même quelques défauts. Si les temps de taille, d’attachage et d’égourmandage sont inférieurs en drilling par rapport au tatura, ils sont supérieurs par rapport à la conduite en gobelet ou en axe. « Sur les trois premières années, les temps d’attachage avoisinent les 50 h/ha/an, détaille l’ingénieur. De 4 à 12 ans, ces temps sont plus proches de la centaine d’heures. Après 13 ans, les volumes d’arbres étant importants, les temps de travaux sont estimés à moins de 200 heures par hectare et par an ». L’infrastructure de palissage demande un investissement plus important qu’en gobelet ou même qu’en axe. Sur l’essai mis en place à la Pugère, le coût d’installation était supérieur de 7 100 euros par rapport à l’axe. Deux poteaux en V sont positionnés tous les 32 m et des poteaux avec une cornière (T) tous les 8 m. Ils soutiennent des fils de fer sur lesquels sont fixés des tuteurs. Ce palissage « ouvert » freine certains producteurs qui ont besoin de couvrir leurs vergers de filets paragrèle. « Nous allons expérimenter des arbres en drilling avec des angles plus fermés à 30° pour faciliter la manipulation des filets, signale l’expérimentateur. Mais même si l’ouverture et la fermeture des filets est moins facile, elle n’en est pas pour autant impossible ».