Matériau
Le carton se rebiffe face aux plastiques
L’emballage en carton entend bien défendre ses positions, en mettant en avant ses capacités d’adaptation aux demandes des différentes clientèles.
Qu’il soit bio ou pas, le plastique, même s’il demeure fortement présent sur le marché, n’est pas seul. Et les autres matériaux entendent bien mettre en avant leurs avantages. Dernièrement, la filière de l’emballage léger en bois a fait fort en établissant le bilan carbone de la profession. Lors du dernier salon Emballage 2008 à Paris, le stand commun à toutes les branches du carton ondulé ne passait pas inaperçu. Dernièrement c’est en Grande-Bretagne que la filière carton a donné de la voix en plaçant la traditionnelle opposition carton-plastique sur le terrain plus large de l’empreinte carbone. « Quand les entreprises choisissent de distribuer les fruits et légumes dans des bacs plastiques plutôt que dans des emballages en carton ondulé, elles s’exposent à des conséquences inattendues, expliquait Andrew Barnetson, de la Confédération britannique des industries du papier (CPI). Le résultat de leur décision peut avoir un impact négatif sur l’environnement, à cause des coûts de transport plus élevés. Rien n’est tout blanc ou tout noir en matière de logistique. Les enjeux sont plus compliqués que ce qu’imaginaient la plupart des gens. Je suis sûr que nous sommes tous d’accord pour dire que le débat à propos de l’impact environnemental des emballages devrait se fonder sur une approche scientifique. Mais le remplacement du carton par le plastique risque de devenir la norme, et cela, sans un examen précis des faits. »
Comme tout est plus simple à expliquer avec un exemple Andrew Barnetson indique qu’un bac plastique 400 x 300 mm a une hauteur fixe de 135 mm, ce qui fait que pour le transport de concombres toute la capacité du bac n’est pas utilisée. « Avec le carton, il est possible de “régler” la hauteur à 80 mm et optimiser son usage. Du coup, une palette peut contenir jusqu’à 200 cartons, là où, avec le plastique, elle n’en contient que 100. Au final, cela peut réduire les coûts de transport et le nombre de camions sur les routes. » Il faut aussi souligner que certains produits qui arrivent à la plate-forme du distributeur en cartons sont ensuite dépotés dans des bacs plastiques pour la mise en place en magasin. « Le carton est recyclé, reconnaît Andrew Bernetson. Mais le fait de dépoter entraîne au moins quatre fois plus de camions sur les routes pour l’approvisionnement final des magasins. Il y a certainement de bonnes raisons économiques à agir ainsi, mais cela a un impact certain sur les émissions de CO 2. »
Un autre argument avancé quant à l’usage du plastique, c’est que c’est réutilisable. Cependant, réutiliser n’est pas toujours la meilleure solution face au recyclage. D’ailleurs, la très récente directive européenne 2008/98/EC (novembre 2008) sur les déchets souligne que, dans certaines circonstances, le recyclage est préférable à la réutilisation. « Nous pensons que le transport des fruits et légumes est une de ces circonstances. Nous réalisons la complexité potentielle que représente le calcul de l’impact environnemental global des choix en termes d’emballage. Mais, les entreprises utilisant les emballages plastiques doivent être pleinement conscientes des conséquences de leur choix, la première d’entre elles étant une augmentation imprévisible des coûts et de la pollution », conclut-il.