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Le bio évite-t-il les défaillances d’entreprises ?

Coface a rendu publique le 12 décembre son étude sur les défaillances d’entreprises dans le secteur du bio. Une étude qui met en évidence un changement d’échelle inévitable qui risque de remettre en cause certains principes originels du bio.

Le secteur des fruits bio figure parmi ceux ayant eu le moins de défaillances d’entreprises.
© FLD - Claire Tillier

“Le bio devra-t-il renier ses principes initiaux ?” : c’est par cette question accrocheuse que Coface (assureur crédit) a dévoilé le 12 décembre son étude sur les défaillances d’entreprises dans le secteur bio. « Nous nous sommes penchés sur le sujet parce que la demande en bio est tellement forte qu’en tant qu’assureur crédit, il était intéressant de voir si les entreprises du bio étaient plus résistantes que les autres », affirme Sarah N’Sonde, responsable des analyses sectorielles chez Coface.

« Nous nous sommes basés sur la part de production bio des entreprises, car il n’y a pas de nomenclature pour les entreprises bio », précise Bruno de Moura Fernandes, économiste.

Une mutation risquée mais inévitable

Partant des chiffres de l’Agence Bio (évolution de la consommation, des surfaces…), l’assureur crédit en conclut qu’« une hausse de 10 % de la part du bio dans une filière est associée à une baisse de 11 % des défaillances d’entreprises ». « Les filières ayant une part plus importante de production bio ont enregistré moins de défaillances depuis 2012 », développe Bruno de Moura Fernandes. Le secteur des fruits bio figure par exemple parmi ceux ayant eu le moins de défaillances d’entreprises, car l’arboriculture fait partie des surfaces les plus converties.

Bonne nouvelle. Mais cette réponse est insuffisante pour Coface car face à la demande, le changement d’échelle est inévitable. D’où la question posée en préambule sur le renoncement à des principes fondateurs de la bio. Quels principes originels devra donc renier le bio pour passer à l’échelle supérieure ? « La vente en circuit court, la production locale, l’empreinte écologique et la juste répartition de valeur notamment », répond Bruno de Moura Fernandes. Un exemple : le changement d’échelle passe par un accroissement des surfaces (les exploitations seront moins « à taille humaine ») et une augmentation des rendements, qui, pour rappel, en bio sont aujourd’hui inférieurs de 19 à 25 % par rapport aux productions conventionnelles.

Les aides publiques : un rôle majeur

Coface observe que la production bio évolue notamment en fonction des mesures et des aides mises en place par les pouvoirs publics. « S’il y a une baisse des aides, il faudra augmenter les prix, résume Bruno de Moura Fernandes. On ne touchera de fait qu’une partie de la population, a priori la plus aisée. Certains consommateurs s’orienteront vers de produits importés à moindre coût ». Et d’ajouter : « Si on admet que le bio est meilleur pour la société (meilleur pour l’environnement et la santé, générant plus d’emplois…), il faut le financer par des aides ».

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Quatre facteurs clés pour une bonne mutation du bio

Le renoncement aux principes originels du bio est-il inévitable donc ? La mutation est inévitable, mais on peut parler d’adaptation, plus que de renoncement. Coface a identifié quatre facteurs clé pour la l’évolution du secteur bio :  

  • L’innovation dans les méthodes de production notamment pour assurer un meilleur rendement ;
  • L’augmentation des surfaces cultivées en bio ;
  • L’organisation et la mutualisation dans réseaux de distribution spécialistes bio (face à la concentration de la GMS (pour éviter un risque de dépendance) ;
  • Le maintien des aides publiques (pour les raisons précitées).

 

 

 

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