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Le basilic risque gros face au mildiou

Les dégâts croissants de mildiou préoccupent les professionnels. Chambre d’agriculture, Iteipmai et semenciers cherchent des solutions alternatives à une protection chimique de plus en plus restreinte.

En conditions favorables, le mildiou peut affecter 70% à 80% de la production.
© Iteipmai

Le mildiou du basilic est la cause de dégâts de plus en plus fréquents en maraîchage de plein champ et sous tunnel. « La situation est assez catastrophique dans toutes les régions de production française et en Italie, surtout en agriculture biologique et sur le type Genoves », s’alarme Corinne Pons de la Chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes. « En conditions favorables, 70 % à 80 % de la production peuvent être affectés », indique l’Iteipmai (Institut technique des plantes à parfum, médicinales et aromatiques). Les principaux dégâts s’observent en juin et juillet. « Mais en avril, j’ai déjà des producteurs qui m’ont appelée cette année », indique la technicienne. Le nombre de molécules phytosanitaires utilisables diminuant chaque année, les producteurs sont en demande d’alternatives. Plusieurs d’entre elles sont testées dans le projet Basimil. Ces projets comprennent la création d’un modèle de prédiction d’apparition du mildiou, basé sur les données horaires de température et d’humidité. Le modèle a été testé cette année en temps réel avec succès puisqu’il a permis de réduire le nombre d’intervention.

Des produits alternatifs à l’essai

La Chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes (CA06) et l’Iteipmai testent plusieurs produits : extrait de végétaux et huile essentielle (non homologués), produits de synthèse et le stimulateur de défenses naturelles Bion MX (non utilisable en AB). Sur les parcelles d’un producteur et dans le centre d’expérimentation de la CA06, ces produits ont été appliqués en préventif, dès que les conditions de développement du mildiou sont atteintes : une hygrométrie supérieure à 85 % et des températures comprises entre 12°C et 27°C. « Il suffit d’un film d’eau sur la feuille pendant 3 à 5 h dans ces conditions pour que le mildiou se développe, résume la spécialiste. Les symptômes apparaissent en général une semaine après. » Le Bion MX a permis de protéger la culture entre 8 et 11 jours selon les répétitions par rapport aux premiers symptômes apparus sur le témoin non traité. Cette efficacité a été reconfirmée en 2018. « En appliquant le Bion MX dès que les conditions climatiques sont favorables au mildiou, dans la limite de trois fois par saison, nous sommes arrivés à contrôler le pathogène sur les parcelles du producteur », témoigne Corinne Pons. Le phosphonate de potassium testé par l’Iteipmai s’est montré très efficace. L’effet de l’huile essentielle testée par la CA 06 de Gaulthérie a été de près d’une semaine. L’huile essentielle d’orange testée par l’Iteipmai permet de contrôler le pathogène en cas de faible pression. Même constat pour l’extrait de prêle. L’effet de l’extrait de saule a été nul en condition de production.

De nouvelles variétés résistantes

Autre piste contre ce pathogène : la génétique. L’Iteipmai est en cours de sélection d’une variété type Genoves possédant des gènes de résistance au mildiou. D’autres variétés apparues récemment sur le marché avec une allégation de résistance ou tolérance à ce pathogène seront testées cette année. Ce sera le cas de Prospera, une variété israélienne créée par l’Université de Bar-Ilan et l’entreprise Genesis Seeds, lancée en janvier dernier. Quatre nouvelles variétés résistantes au mildiou ont été développées par l’université canadienne du New-Brunswick et sont commercialisées par l’entreprise américaine Van Drunen Farms. Amazel de l’entreprise californienne Proven Winners ou encore Eleonora d’Enza Zaden, sont commercialisées en tant que résistantes. « Le problème est de trouver des variétés résistantes à différentes souches de mildiou et dont l’apparence et le goût ressemblent au type Genoves, le plus cultivé en France », soulève la technicienne.

De la lumière pour stopper le développement

Un centre d’expérimentation italien test avec succès la lumière artificielle contre cette maladie. Malheureusement, la technique est trop coûteuse pour être rentable. « La lumière stoppe la sporulation du pathogène, en particulier la lumière rouge », indique la conseillère. Avec une diffusion d’une lumière composée de deux spectres 450 nm (bleu) et 730 nm (rouge), 24 h ou 23 h sur 24 h, 5 % des feuilles présentent des symptômes de mildiou. En éclairant 12 h pendant la nuit, 10 % des feuilles sont attaquées. Les lumières artificielles sont initialement utilisées pour améliorer la précocité des plants en raccourcissant les délais de croissance. « Cette méthode permet de produire avec des densités très fortes, voire avec des superpositions d’étages, détaille Corinne Pons. Mais même en densifiant, le coût de l’éclairage n’est pas compensé par la productivité. »

Sources

Des mesures prophylactiques

Avant d’appliquer une protection chimique, certaines mesures prophylactiques, préconisées par l’Iteipmai (Institut technique des plantes à parfum, médicinales et aromatiques) s’imposent :

-Limiter l’humectation du feuillage avec une implantation dans des sols bien drainés, orientée en fonction des vents dominants, et une aération et déshumidification des tunnels.

-Pour que le feuillage sèche rapidement, les densités doivent être limitées de 36 à 40 pots de 10 à 13 cm par mètre carré avec une densité moyenne de 10 à 15 graines par pot ou 6 à 13 kg de graines par hectare.

-Irriguer tôt le matin pour laisser au feuillage le temps de sécher. Préférer le goutte-à-goutte ou la subirrigation à l’aspersion ou la brumisation.

-Des thermo-hygromètres doivent être placés au milieu des plants pour connaître les périodes critiques et déclencher le traitement préventif.

-Limiter la fertilisation azotée

-Désinfecter le matériel de coupe, les pots et tables de culture derrière une attaque de mildiou pour détruire les spores.

-Couper les tiges infectées à une hauteur proche du sol

-Détruire les plantes infectées et enfouir profondément les résidus de culture.

-Fermer les tunnels infectés dès l’apparition des premiers symptômes

Un développement fulgurant

Le mildiou du basilic est une maladie de plein champ ou de serre causé par le champignon Peronospora belbahrii. Ses premiers symptômes sont un jaunissement des feuilles sur la face supérieure des feuilles et une faible croissance des plantes. Des taches brunes irrégulières se développent ensuite. Elles s’étendent et gagnent l’ensemble du limbe. En cas de fortes attaques, les feuilles peuvent s’assombrir, s’enrouler puis tomber, ou encore devenir molles et brunâtres et se décomposer. Ces symptômes foliaires rendent la plante impropre à la consommation en frais mais aussi à la transformation. Lorsque les conditions climatiques favorables sont réunies, la culture peut être détruite en l’espace de trois à quatre jours. Si les conditions sont favorables, nuits fraîches et humides, la sporulation a lieu : un feutrage poudreux gris-violet apparaît sur la face inférieure des feuilles. La dissémination de spores se fait par le vent et la semence. Une graine sur 10 000 peut-être infectée par le mildiou. Plus la luminosité est faible, plus le développement du mildiou est important : le mildiou se développe la nuit et d’autant plus que la durée de la nuit est longue. Une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit le favorise.

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