Laitue : la résistance aux nématodes avance
Le programme Lactumel a permis d'identifier et d’étudier des géniteurs de résistance aux nématodes à galles chez la laitue. La sélection de variétés commerciales résistantes aux nématodes pourrait donc commencer.
Le programme Lactumel a permis d'identifier et d’étudier des géniteurs de résistance aux nématodes à galles chez la laitue. La sélection de variétés commerciales résistantes aux nématodes pourrait donc commencer.
Les nématodes à galles sont un problème majeur et croissant en culture sous abri, notamment en Provence. Toutes les cultures sont concernées, dont la laitue, ce qui amène aujourd'hui des producteurs à « sauter » la première rotation de laitue. Un programme de recherche CTPS-Casdar labellisé par le GIS PIClég et coordonné par l’Inra-Ugafl, Lactumel, a donc été mené sur la période 2014-2016 par six partenaires : l'Inra, deux semenciers, le Ctifl, l'Aprel et le Grab. Objectif : identifier des résistances aux nématodes du genre Meloidogyne dans le genre Lactuca, variétés de laitue cultivées ou génotypes sauvages, et commencer l'étude de leur déterminisme génétique.
Plus de 560 génotypes cultivés ou sauvages ont été testés vis-à-vis de Meloidogyne incognita, nématode à galles le plus courant en Provence au début du programme. Sur les 406 génotypes criblés dans l’espèce cultivée, très peu ont présenté moins de 30 galles par plante. Mais sur les 160 génotypes sauvages, plus de 30 % a eu moins de 30 galles par plante dont plus de la moitié moins de 10 galles par plante. « Les résistances ne sont que partielles, précise Brigitte Maisonneuve, de l'Inra d'Avignon. Le nématode entre dans la racine mais son cycle est bloqué et il y a très peu de pontes. Ce sont les Lactuca sauvages qui présentent le plus haut niveau de résistance ».
La résistance repose sur des déterminismes génétiques simples
Sur les génotypes présentant une résistance partielle à Meloidogyne incognita, 15 variétés cultivées et 30 sauvages ont ensuite été testées vis-à-vis de Meloidogyne arenaria, un autre nématode à galles également présent dans le Sud-est. « Les variétés cultivées résistantes à Meloidogyne incognita sont en revanche sensibles à Meloidogyne arenaria, constate Brigitte Maisonneuve. Mais parmi les génotypes sauvages, certains présentent aussi une résistance partielle à Meloidogyne arenaria. Il n'y a pas de génotype immun, dans lequel il n’y a aucune contamination, puisqu'il y a toujours présence d'un certain nombre de galles où les nématodes sont bloqués dans leur cycle, et pas de variétés résistantes directement utilisables en culture. Mais il y a du matériel génétique pour faire de la sélection ».
« Le programme Lactumel ouvre des perspectives à moyen-long terme de variétés résistantes aux nématodes les plus fréquents dans le Sud-est »
BRIGITTE MAISONNEUVE, Inra d’Avignon
Les chercheurs ont aussi démontré que la résistance aux nématodes à galles repose sur des déterminismes génétiques simples. « Nous avons identifié plusieurs gènes majeurs "faible nombre de pontes", dominants ou récessifs, indique Brigitte Maisonneuve. L'introduction de la résistance dans des variétés commerciales devrait donc être assez facile ». Les études ont montré de plus que ces gènes de résistance ne sont pas liés à la morphologie de la plante (présence d’anthocyane, type de feuilles, présence d'épines...) mais qu'il y a une liaison avec la couleur de la graine. « Les plantes résistantes ont essentiellement des graines noires » précise la chercheuse. Enfin, les recherches ont montré qu’il y a plusieurs locus avec des gènes de résistance, ce qui laisse envisager la possibilité de cumuler les résistances.
Des outils pour démarrer un programme de sélection
Quatre géniteurs de résistance à Meloidogyne incognita sensibles à Meloidogyne arenaria et six géniteurs de résistance à Meloidogyne incognita et à Meloidogyne arenaria sont actuellement testés dans deux sols naturellement contaminés de Provence, prélevés en octobre 2016 et mis en pots dans les serres du Ctifl de Balandran. Par ailleurs des analyses génétiques sur de plus larges effectifs sont en cours chez les partenaires semenciers en complément des tests réalisés à l'Inra pendant l'été 2016. Dans le futur, il serait utile de mener des travaux pour déterminer la valeur des géniteurs en culture et notamment l'effet du développement des galles sur la croissance des plantes de ces génotypes. « Les sélectionneurs ont désormais les outils pour démarrer un programme de sélection de variétés résistantes aux nématodes les plus fréquents dans le Sud-est », conclut Brigitte Maisonneuve.
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