Nouvelle Aquitaine
La production de légumes bio en pratique
Convertir son exploitation maraîchère au bio soulève bien des interrogations de la part des producteurs. Dans le Lot-et-Garonne, deux producteurs ont témoigné sur le fonctionnement de leurs exploitations.
Convertir son exploitation maraîchère au bio soulève bien des interrogations de la part des producteurs. Dans le Lot-et-Garonne, deux producteurs ont témoigné sur le fonctionnement de leurs exploitations.
Une trentaine de personnes, pour la plupart des producteurs qui s’interrogent sur un passage au bio, se sont retrouvées début mars en Lot-et-Garonne pour échanger avec deux maraîchers bio sur leurs exploitations. La journée technique régionale a été organisée par les conseillers Agriculture biologique des chambres d’agriculture de la Nouvelle Aquitaine. « C’est l’occasion pour les producteurs de rencontrer des maraîchers bio qui ont des structures et des surfaces assez importantes », explique Cécile Delamarre, chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne. Jean-Pierre Menini, le premier producteur rencontré, produit des légumes diversifiés sur une dizaine d’hectares, en bio depuis vingt ans. « Avant 1997, nous produisions de la fraise, du melon et de la tomate. Depuis, nous avons dû chercher des nouvelles productions et des nouveaux clients ». L’EARL La Rosée, située à Fongrave, est indépendante pour la commercialisation de ses productions. « Nous allons directement chez nos clients, précise Jean-Pierre Menini, principalement des grossistes ». L’assolement est prévu pour remplir deux conditions principales. D’une part, le goût des produits est prioritaire. Le choix des variétés se fait dans ce sens, avec également un aspect « originalité » qui rentre en compte. Arrive ensuite l’organisation du travail avec un objectif de 36 000 heures de travail payées dans l’année. « Nous employons une quarantaine de personnes entre mars et octobre et on ne dépasse pas 45 heures de travail par semaine pour les employés. On essaye d’avoir un rendement plus par le confort de travail que par la pression », décrit Jean-Pierre Menini.
Dix espèces pour financer les vingt autres
De cette façon, L’EARL arrive à fidéliser du personnel, en conservant un noyau dur de 25 saisonniers tous les ans. Jean-Pierre Menini a créé un groupement d’employeurs qui permet aux salariés de son exploitation de travailler toute l’année. « En bio, les pertes peuvent être importantes mais il y a toujours d’autres cultures qui peuvent compenser en cas de coup dur. Il faut aussi insister sur certains produits, qui peuvent coûter de l’argent pendant plusieurs années mais peuvent ensuite se mettre à marcher », explique le producteur. Didier Dehaye, à Roumagne, produit 15 ha de légumes plein champ et 1,2 ha sous abris. Ses principales cultures, carotte, pomme de terre et salade, représentent 20 % du chiffre d’affaires. En tout, une trentaine d’espèces sont cultivées. « Dix espèces financent les vingt autres », résume-t-il. Le producteur a quitté la Normandie il y a vingt ans pour faire du bio en Lot-et-Garonne, « pour l’aspect technique et l’agronomie ». Il fait partie aujourd’hui du réseau Dephy ferme. Sa production est vendue à 60 % à l’expéditeur Biogaronne et à 25 % en vente directe sur l’exploitation et dans un magasin primeur à Bordeaux, un canal de commercialisation « qui prend de l’importance ».