QUESTIONS À JEAN-FRANÇOIS PROUST, animateur de ForumPhyto
La problématique phyto commence à toucher d’autres filières que celle des fruits et légumes
Forumphyto a été créé en 2007 dans le but de promouvoir une protection phytosanitaire durable, responsable et assumée. Depuis un an, cette association connaît un nouvel élan. Quels sont les facteurs de ce renouveau et les nouveaux objectifs ?
Depuis novembre 2016, nous avons un nouveau président, François Lafitte. Et un secrétaire général, Jean-Charles Bocquet, nous assiste dorénavant sur le plan opérationnel en nous apportant son expertise. Cet élan se traduit par une volonté d’élargissement. La problématique phyto commence à toucher d’autres filières que celle des fruits et légumes. De nouvelles organisations viendront nous rejoindre en tant que partenaires. La circulation d’une information fiable, basée sur des rapports scientifiques reste le coeur de notre mission. Cette diffusion est d’abord à destination des producteurs mais elle se fait en toute transparence vers le grand public. L’aspect européen reste notre second cheval de bataille. Nous participons à plusieurs instances européennes et groupes de discussion avec comme objectif l’Europe, toute l’Europe, rien que l’Europe.
Justement, l’administration française est vue comme faisant de la surenchère par rapport aux normes européennes. Est-ce vrai ?
Oui, la France veut être la championne du Grenelle de l’environnement et du principe de précaution. L’interprétation des textes européens se fait de façon différente selon les pays. Et c’est normal qu’en France il y ait des particularités. Mais l’attitude du gouvernement est jusqu’au-boutiste. Nous sommes le seul pays, avec le Danemark, à fixer un objectif de réduction en volume des produits phytosanitaires. Ce qui est une aberration, puisque cela ne prend en compte ni les degrés de risque, ni les usages de chacun des produits. Deuxièmement, le gouvernement se positionne en donneur de leçons, parfois en contradiction avec le droit européen et international. C’est le cas sur le diméthoate. L’interdiction d’import d’un produit agricole en raison du droit d’usage d’un produit phytosanitaire est contraire aux lois du commerce international. Cette position est grave pour les agriculteurs mais aussi destructrice pour l’Union européenne.
Nous allons bientôt changer de Président, quelles sont les positions des candidats sur ces sujets ?
Ils subissent tous la pression exercée par les ONG environnementalistes. La majorité des élus ont tendance à oublier l’agriculture. Ils oublient qu’il faut nourrir la population. Nous avons besoin de l’agriculture, accompagnée d’une politique environnementale bien sûr. Mais les mesures prises ne doivent pas être contreproductives vis-à-vis de l’agriculture et de l’environnement.