Aller au contenu principal

Point de vue
La Fnab et le Synabio sur le terrain pour mobiliser les consommateurs

Opposés aux projets de production bio en serres chauffées, la Fnab et le Synabio organisent des tribunes pour expliquer leurs motivations et mobiliser les citoyens.

Lors de la réunion. De gauche à droite : Marc Morel, Luc Calvez, Arnaud Daligault, Jean-Paul Gabillard, Patrick Anne (Association des Amap d’Armorique), Claire Orieux, trésorière de la Fnab, Jean-Marc Lévêque.
© Véronique Bargain - FLD

C’est en Ille-et-Vilaine qu’a eu lieu la première conférence de presse de la Fnab et du Synabio sur les projets de conversion bio en serre chauffée. Objectif : mobiliser les consommateurs et les citoyens sur la pétition “Pas de tomate bio en hiver : non aux serres chauffées”. « Face à la pression des grands groupes, nous avons besoin de l’appui des consommateurs-citoyens, a déclaré Jean-Paul Gabillard, secrétaire national de la Fnab. Le chauffage des serres est contraire aux principes et au cahier des charges de l'agriculture bio. Nous voulons convaincre le ministère de soutenir l’encadr ement strict du chauffage des serres et de porter la demande au niveau européen pour que tous les pays respectent la saisonnalité. Et en attendant un accord, nous voulons un moratoire sur les projets de conversion en serre chauffée. » Les acteurs bio ne se disent pas opposés à l’arrivée de nouveaux acteurs. « Le bio doit se développer car les enjeux santé et climat sont importants, a souligné Arnaud Daligault, président d’Agrobio 35. Mais il faut garder la confiance du consommateur. Le chauffage en bio fragiliserait la filière et le développement de la consommation. »

Les producteurs se sont dit très inquiets pour la pérennité des fermes bio. « Avec la cogénération, la tomate devient un sous-produit vendu sous son coût de production réel, estime Luc Calvez, président du groupement Biobreizh. De plus, des serres chauffées arrivant en février garderont les marchés toute la saison. Et nous, qui arrivons fin mai, nous nous ferons confisquer nos marchés ».

Jean-Marc Lévêque, président du Synabio, déplore aussi la forme utilisée. « Le ministère ne veut pas d’exception française et veut passer en force », a-t-il souligné. Des distributeurs et consommateurs ont témoigné de leur opposition au chauffage des serres en bio. « La saisonnalité est la clé de voûte des produits de qualité, a par exemple, déclaré Marc Morel, vice-président de Biocoop. Le consommateur veut trouver du sens dans ce qu’il achète et des produits qui portent des valeurs. »

Arnaud Daligault : « Le chauffage en bio fragiliserait la filière et le développement de la consommation ».

Calendrier

Avant le 23 mai, le chauffage potentiel des serres pour le bio ne passionnait pas grand monde. Retour sur quelques dates clés qui ont fait de ce sujet une polémique.

Serres chauffées en bio : le débat en quelques dates

Le débat s’est enflammé le 23 mai, date à laquelle la Confédération paysanne et la Fnab ont décidé de quitter le comité bio d’Interfel (Lire ici). Voici quelques dates qui ont précédé ce fameux 23 mai, date à laquelle le débat est sorti de la sphère strictement professionnelle.

- Il y a un an, en juin 2018 : la Fnab fait une requête à l’Inao pour demander l’interdiction du chauffage des serres pour le bio, une pratique, pour rappel, autorisée par le règlement actuel.
- Le 13 décembre 2018 devait avoir lieu un premier vote du Comité national de l’agriculture biologique (Cnab). Mais il est reporté à la demande des chambres d’agriculture, de Légumes de France, de Felcoop, de la FNSEA et de Coop de France. Leur motivation pour ce report : une étude plus approfondie du dossier.
- Le 3 avril 2019 : nouveau report du vote du Cnab, cette fois-ci à la demande du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, interpellé sur le sujet par un sénateur lors des questions au gouvernement.
- Le 23 mai 2019 : la Fnab et la Confédération paysanne annoncent qu’ils quittent le comité bio d’Interfel. La raison qu’elles donnent : l’élection de Bruno Vila (Légumes de France) comme co-rapporteur du Comité bio d’Interfel pour l’amont pour remplacer Alain Cottebrune (également Légumes de France) démissionnaire quelques semaines avant… en réaction au débat sur le chauffage des serres en agriculture biologique.
- Le 28 mai 2019 : Sur son site, le quotidien Libération publie une pétition contre le chauffage des serres bio intitulée : “Non à l’industrialisation de la Bio”. Le lendemain, l’édition papier de Libération consacre son dossier d’ouverture au sujet (5 pages - avec édito de Laurent Joffrin !).

Le sujet continue d’être étudié au sein de la commission Réglementation de l’Inao dont la prochaine aura lieu le 17 juin. Si un consensus était trouvé, il pourrait être soumis au vote du Cnab le 11 juillet.

Claire Tillier

Lire aussi le compte-rendu de la réunion à l'APCA

Lire aussi sur le même sujet

Les plus lus

Emballages plastique pour les fruits et légumes : le Conseil d’Etat annule le décret d’application de la loi Agec

Le décret d’application du 20 juin 2023 sur les emballages plastique des fruits et légumes a été annulé le 8 novembre par le…

Etal fait de cagettes d'un vendeur à la sauvette de fruits et légumes à la sortie d'une bouche de métro à Paris.
Vente à la sauvette de fruits et légumes à Paris : de la prison ferme pour les fournisseurs

De la prison ferme pour des organisateurs de ventes de fruits et légumes à la sauvette : une sanction historique pour ce…

Légumes de France - pyramide de légumes
Légumes de France tient son congrès les 21 et 22 novembre dans le Lot-et-Garonne

Le 67e congrès de Légumes de France se tiendra à Agen. Les participants espèrent la venue de la nouvelle ministre…

Un rayon de fruits d'été dans un supermarché. Une cliente choisit des pêches.
Emballages plastique dans l’UE : à quoi peut s’attendre le secteur des fruits et légumes ? L’AREFLH fait le point sur le PPWR

Lors du premier Forum Annuel de l’AREFLH, les discussions ont notamment portées sur le PPWR, le règlement européen sur…

Protection phytosanitaire : les usages critiques des cultures fruitières en forte hausse

La protection des cultures fruitières devient de plus en plus difficile. Le nombre d'usages critiques (aucune ou une seule…

<em class="placeholder">« Nous avons fait le pari de planter 2,5 hectares de baies de goji alors que personne ne pouvait vraiment nous guider », explique Nancy Crivellaro, arboricultrice à ...</em>
« Nous avons fait le pari de planter 2,5 hectares de baie de goji »
Nancy et Thomas Crivellaro, viticulteurs dans le Gard, cultivent depuis six ans de la baie de goji en agriculture biologique. […
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site filière Fruits & Légumes
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière fruits & légumes
Consultez les revues Réussir Fruits & Légumes et FLD au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière fruits & légumes