La filière pommes de terre a du pain sur la planche
Les indicateurs sont au rouge en ce début de campagne. Comme l’an passé, les cours devraient être largement dépendants des besoins de l’industrie européenne. À moins que de nouveaux marchés s’ouvrent à l’export pour la filière française.
Les indicateurs sont au rouge en ce début de campagne. Comme l’an passé, les cours devraient être largement dépendants des besoins de l’industrie européenne. À moins que de nouveaux marchés s’ouvrent à l’export pour la filière française.

Cette année, la France devrait dépasser les 6 millions de tonnes de pommes de terre produites sur le sol français : du jamais vu au pays de Parmentier !
Et beaucoup de questions se posent à l’aube de cette nouvelle campagne de pommes de terre de consommation : le marché parviendra-t-il à absorber cette production record ? Export, industrie, consommation intérieure seront-ils au rendez-vous de cette prochaine campagne ? Comment séduire le consommateur français et avec quels arguments ? La GMS est-elle prête à jouer le jeu ?
Cette campagne 2017-2018 s’annonce donc une nouvelle fois compliquée avec des indicateurs qui, à l’exception de la hausse de la demande des industriels européens, sont tous au rouge. Rendement et surfaces augmentent respectivement de 11 % et de 5,1 %, et selon Agreste du mois d’août, « la production de pommes de terre de consommation et de demi-saison augmenterait de 16 % sur un an et de 14 % par rapport à la moyenne 2012-2016 ».
Mieux répondre aux attentes espagnoles
Car la consommation française a décroché fortement durant cette dernière campagne (-6,5 %). Ce recul touche tous les formats à l’exception toutefois du 2,5 kg. Excepté le hard-discount, tous les circuits de distribution subissent cette chute des ventes.
Les exportations françaises faiblissent. Elles ont baissé de 2,1 % en juin 2017 par rapport à juin 2016. Ce décrochage profite bien sûr à nos concurrents directs comme l’Allemagne qui pourrait détrôner la France de sa première place d’exportateur européen.
L’Italie et l’Espagne représentent toujours la moitié de nos exportations. Particulièrement convoitée par l’Allemagne, l’Italie devient de plus en plus autosuffisante. Premier client historique de la France, l’Espagne a vu sa consommation s’effondrer passant de 110 à 29 kg/hab./an entre 1992 et 2016 ! De quoi inquiéter les négociants français qui avaient choisi Barcelone comme lieu de congrès en juin dernier. Les opérateurs espagnols y ont souhaité que leurs homologues français « répondent mieux à leurs attentes ». Avec l’appui de Sopexa et du CNIPT, la profession envisagerait d’ailleurs d’y mener des actions pour retrouver de nouveaux courants d’affaires.
L’accord “Spécial Frites”
Face à de tels signaux inquiétants que confirme la baisse actuelle du marché à terme, la filière ne reste pas inactive. Elle multiplie les missions de prospection à l’étranger, notamment en Asie du Sud-Est comme très récemment en Malaisie et à Singapour.
Mais il reste aussi beaucoup de choses à entreprendre en Afrique. Au dernier congrès de Fedepom, le président du CNIPT ne lançait-il pas : « L’Afrique est aujourd’hui, ce que l’Espagne était il y a trente ans ! »… « Et on doit y mettre les moyens », ajoutait Alain Marguin, sûrement l’un des mieux placé pour décider de telles actions.
La filière multiplie également les groupes de travail : à l’UNPT sur une production plus durable dans le prolongement de son congrès du 24 janvier 2017. Sur ce thème, les deux interprofessions (CNIPT et GIPT) vont travailler pour répondre aux fortes préoccupations des consommateurs qui souhaitent « des produits plus sains dans leurs assiettes ».
Du côté de Fedepom, on travaille sur le projet d’une mercuriale des prix qui « doit tester un prix commun producteur/négociant ». Une réflexion qui intervient après que l’UNPT a lancé son logiciel Potato Data sur le modèle de l’expérience belge “Pommak”.
Les négociants français veulent également faire avancer l’accord interprofessionnel sur les centres de conditionnement. Les discussions devraient se poursuivre avec la FCD mais sans les producteurs qui ont quitté la table des négociations, estimant que les négociations avec l’aval n’étaient pas justes.
Reste que dans l’immédiat, ce qui préoccupe avant tout la filière ce sont les assises de l’alimentation, mais aussi la première année d’application de l’accord interprofessionnel “Spécial Frites” signé le 13 janvier 2017 et qui anticipe le prochain règlement européen sur la réduction d’acrylamide dans les aliments.
Des dossiers dont on reparlera sûrement le 5 décembre à Arras à l’occasion des 40 ans du CNIPT.