Marché bio
La distribution en pince pour les produits en conversion bio
La demande en f&l bio explose. L’offre française ne peut totalement la satisfaire. Les démarches de mises en rayon de produits en conversion se multiplient.
Proposer des fruits et légumes en conversion bio : opportunité mercantile ou élément structurant la filière bio ? Telle était la question posée à - excusez du peu ! - Gérald Townsend, responsable développement durable Picard Surgelés, Orion Porta, directeur général de Biocoop France et Marc Duret, directeur du partenariat avec les PME et le monde agricole de Carrefour France lors d’une table ronde à l’occasion de Medfel.
Les produits en conversion sont très bien accueillis par l’aval de la filière : partenariat de Picard Surgelés avec son fournisseur Ardo et l’INRA sur une gamme spécifique (petits pois, brocolis, choux-fleurs et bientôt carottes et haricots verts), gamme en conversion chez Carrefour France représentant une dizaine de produits. La part du "en conversion" représente 3 % des volumes du rayon bio chez Carrefour et 30 % de la valeur du rayon bio chez Picard Surgelés. Pour Biocoop, c’est différent : « Notre objectif est de développer le bio, pas de répondre à une demande du moment », a asséné Orion Porta.
La conversion est une période risquée financièrement pour les producteurs. La distribution y répond-elle avec un effort sur le prix d’achat ? « Nos légumes en conversion sont achetés 30 % plus chers que le conventionnel », précise Gérald Townsend, alors que Marc Duret avance un prix d’achat « entre celui du bio et du conventionnel ». Pas de précision pour Biocoop : « En rayon, il n’y a pas de différence entre produit en conversion et produit bio » a juste précisé Orion Porta.
Le risque est aussi de voir se créer une confusion chez le consommateur, déjà bien sollicité avec les démarches type “zéro résidus de pesticides”. Pour Orion Porta, « c’est la réglementation qui doit évoluer sur ce point. Nous avons déjà notre propre signalétique ». Picard Surgelés différencie bien en rayon les offres et pour Marc Duret, « l’harmonisation des cahiers des charges est plus importante qu’un label ». En tout cas, comme l’a souligné ce dernier, « les fruits et légumes en conversion comme étape vers une offre bio ont profondément modifié la relation entre producteur et distribution, vers plus de pérénité et besoin de construire ensemble la filière ».