La culture du houblon s’exporte hors d’Alsace
La forte demande en houblon des brasseries artisanales incite des producteurs à se lancer dans cette culture. Et plus seulement en Alsace et dans les Flandres, terres de production traditionnelles.
La forte demande en houblon des brasseries artisanales incite des producteurs à se lancer dans cette culture. Et plus seulement en Alsace et dans les Flandres, terres de production traditionnelles.
C’est un secteur en plein boom depuis quelques années. Le nombre de brasseurs en France a été multiplié par cinq en dix ans. Les brasseries artisanales, qui brassent moins de 50 000 hl par an, sont plus de 1 300 en 2018 alors qu’elles n’étaient que 50 il y a 20 ans… Et la demande en matières premières augmente, notamment en houblon, dont les fleurs donnent à la bière son amertume et ses arômes. Les brasseurs français se fournissent en houblon majoritairement à l’étranger. Les Etats-Unis et l’Allemagne cultivent chacun environ 18 000 ha de houblon et fournissent à eux seuls 75 % du marché mondial, d’après l’association Houblons de France. La production française se place à une autre échelle. Environ 480 ha ont été récoltés en 2017, en grande majorité en Alsace et un peu dans les Flandres. Mais les projets de culture de houblon, en installation ou en diversification, essaiment dans toute la France. Dans le Morbihan, en Seine-et-Marne ou dans l’Isère, partout en France des néo-houblonniers se lancent, attirés par une demande très supérieure à l’offre, en conventionnel comme en bio. En Lot-et-Garonne, Fanny Madrid et Lucie Le Bouteiller cherchent à développer une filière houblon qui fournirait les brasseurs du Sud-ouest. Leur projet, « Hopen Terre de houblon », leur a valu en avril dernier le premier prix du concours des innovations en agriculture de la technopole Agrinove. « Le houblon est une culture très rémunératrice, un kilo se vend entre 20 et 30 euros, voire plus pour des variétés très aromatiques », indique Lucie Le Bouteiller, lors de la journée Agrinovembre début novembre. Les deux ingénieures ont imaginé une plateforme de mise en relation entre producteurs de houblon et brasseurs. Et elles se sont rapprochées des institutions agricoles du département pour mener à bien leur projet.
Des poteaux d’une dizaine de mètres
Le besoin en main-d’œuvre est important dans les houblonnières. Deux pics de main-d’œuvre se rencontrent au cours de la culture, lors de la mise au fil en avril-mai et pour la récolte entre mi-août et mi-septembre. Durant cette étape, chaque liane est coupée à 50 cm du sol puis est passée dans une trieuse afin de séparer les cônes de la liane et des feuilles. La récolte manuelle de chaque tige nécessite environ 20 minutes. Les cônes sont passés au séchoir pendant 6 à 8 heures, à environ 50°C. L’investissement initial nécessaire à la mise en place d’une houblonnière est une autre difficulté de la culture. En effet, la culture du houblon nécessite la mise en place d’une structure lourde, composée d’un réseau de câbles maintenus par des poteaux d’une dizaine de mètres. Les lianes de houblon s’enroulent autour de fils tuteurs, et montent jusqu’à une hauteur de 7 à 8 m au bout de quelques années. « Il faut compter environ 30 000 € par hectare pour la structure », estime Fanny Madrid. Au total, un hectare de houblon peut demander jusqu’à 100 000 euros d’investissement… Mais avec un rendement d’environ 1,5 t/ha et une marge brute supérieure à l’arboriculture, et une production commercialisable dès la deuxième année. « En France, les houblonnières font de 2 000 m² à 30 ha. Notre modèle, c’est une surface de 1 à 3 ha, qui permet de limiter le coût de mécanisation, précisent Lucie Le Bouteiller et Fanny Madrid. L’atomiseur, la trieuse et le séchoir sont les trois machines indispensables à la culture du houblon. Nous espérons diminuer les investissements initiaux en favorisant le partage de matériel entre producteurs et entre filières, par exemple en utilisant un séchoir à pruneau pour le séchage des cônes de houblon ». Sur la base de ce modèle qu’elles souhaitent mettre en place en Lot-et-Garonne, Lucie Le Bouteiller et Fanny Madrid estiment un retour sur investissement au bout de quatre ans pour les producteurs.
L’Isère se met au houblon bio
En Isère, Maxime Bocquentin a effectué cette année sa première récolte de houblon bio. « Les lianes sont plus petites la première année, la production ne représente que 10 % de la capacité finale », explique-t-il. Le néo-houblonnier va prochainement financer sa structure métallique spécifique à la pousse du houblon pour soutenir le poids des futures lianes. Les cônes récoltés et séchés sont emmenés à la brasserie propriétaire de la houblonnière pour être mis en sacs sous vide, directement en chambre froide. Le houblon est vendu soit directement en cônes secs, soit en pellets. « Il faut une machine pour broyer les cônes en pellets. Les brasseurs préfèrent ce conditionnement car les cônes broyés prennent moins de place dans la cuve de brassage », explique le producteur.
Virginie Montmartin
A la recherche de futurs houblonniers
Lucie Le Bouteiller et Fanny Madrid recherchent cinq producteurs pionniers, prêts à se lancer dans la culture du houblon dans le Lot-et-Garonne. Idéalement, ces producteurs sont des arboriculteurs qui souhaitent se reconvertir dans une autre culture ou se diversifier.
Contact : fanny@hopenhoublon.fr