Pomme de terre
La Covid-19 a tendu les relations entre le Gappi et McCain
Le marché des produits de pommes de terre a fortement souffert de la pandémie. Une situation de crise qui impacte les partenariats fournisseur-industriel.
Le marché des produits de pommes de terre a fortement souffert de la pandémie. Une situation de crise qui impacte les partenariats fournisseur-industriel.
L’assemblée générale du Gappi (producteurs de pommes de terre fournissant McCain) s’est déroulée le 2 février, dans un contexte difficile à cause de la crise économique engendrée par la pandémie. « La crise de la Covid-19 a clairement modifié les relations entre les producteurs et l’industriel, reconnaît Bertrand Achte, président du Gappi. La position dure adoptée des deux côtés sur les prix et les techniques de production a tranché avec les négociations fluides qui présidaient depuis quelques années. » Il ne s’agit quand même pas d’une rupture de confiance : « En vrai partenaire, McCain a accompagné les producteurs en 2020 en rémunérant les prix de contrat même si les pommes de terre étaient ensuite dirigées vers l’alimentation animale, moins valorisée. Cependant, nous ne sommes pas dupes. Sur le marché européen, McCain va devoir se démarquer de ses compétiteurs et retrouver des marges ».
En moyenne, la baisse des prix de contrat cette année est de 5,60 €. Elle est conséquente, d’autant plus que, parallèlement, l’évolution des coûts de production n’a pas suivi une tendance aussi marquée (on peut l’évaluer entre -1 € à -1,50 €/t). McCain attribue une prime d’exclusivité pour les producteurs travaillant à 100 % avec lui. Elle est fixée depuis plusieurs années à 5 €/t. Cette année, une différence de taille a été introduite : la prime d’exclusivité est liée à une autre prime concernant la mise en œuvre de techniques de production durables (localisation de la fertilisation, bandes fleuries…). Cette dernière s’établit à 3 €/t, l’exclusivité étant désormais rémunérée 2 €/t. « Au début, ce fut la stupéfaction, reconnaît Bertrand Achte. La tension a surtout été sur le calendrier de la mise en œuvre. La localisation de la fertilisation était demandée pour la récolte 2021. Or, elle demande au producteur d’investir entre 20 000 et 40 000 € de matériel. Difficile avec des trésoreries affaiblies par la Covid-19. Finalement, ce sera pour la récolte 2022. »
Renforcer l’aspect « agriculture durable » renvoie finalement à la demande sociétale à laquelle McCain fait face sur le marché de la consommation. « Les producteurs ne font pas forcément contre mais ces exigences doivent pouvoir être compensées financièrement », souligne Bertrand Achte. Le président du Gappi plaide aussi pour un ajustement des emblavements : « Il faut savoir produire pour ce qui peut être véritablement consommé et récolter des volumes en phase avec le marché, en attendant le retour d’une meilleure situation », conclut-il.