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L’enseignement agricole au plus près du terrain

Les exploitations agricoles évoluent… l’enseignement agricole aussi. Les jeunes suivent des formations en phase avec les demandes de la profession : pratiques agroécologiques, connaissances numériques, ouverture sur le monde.

Si les enfants d'agriculteurs choisissent souvent la même voie professionnelle que leurs parents, les formations agricoles attirent de plus en plus de jeunes issus d'autres milieux.
Si les enfants d'agriculteurs choisissent souvent la même voie professionnelle que leurs parents, les formations agricoles attirent de plus en plus de jeunes issus d'autres milieux.

S’il est vrai que tout ne s’apprend pas à l’école, une solide formation, en adéquation avec le monde du travail, sera toujours la bienvenue pour une insertion professionnelle. En la matière, la filière agricole a toujours été attentive à la formation de ses jeunes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la profession est devenue plus complexe avec un champ de connaissances nécessaires très étendu.

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De multiples connaissances périphériques coexistent avec les bases du métier : se tenir au courant de la réglementation, savoir gérer les comptes d’une exploitation, maîtriser la commercialisation… et aujourd’hui, il faut maîtriser les outils d’aide à la décision, le numérique. Sans oublier l’engagement des exploitations agricoles vers des programmes agroécologiques (fermes Dephy, vergers écoresponsables…).

 

La R & D : une place de choix

Le maillage territorial de l’enseignement agricole et sa diversité permettent à la recherche et développement de profiter d’un terrain de jeu conséquent. Aujourd’hui, une centaine d’exploitations agricoles de l’enseignement agricole sont partie prenante dans les réseaux Dephy. Déjà, plus de 66 % des exploitations de l’enseignement ont au moins un atelier conduit en agriculture biologique, presque 19 % sont intégralement conduites en bio.

Autre implication, le Casdar a financé des appels à projets sur la transition agroécologique. 43 projets lauréats ont impliqué 64 établissements sur les 216 que compte l’enseignement agricole public. Un nouvel appel à projets a permis de sélectionner, en 2019, 11 nouveaux projets mobilisant 26 établissements de l’enseignement agricole public et privé. D’ailleurs, dans le nouveau plan d’action « Enseigner à produire autrement, pour les transitions et l’agroécologie », dit EPA2, trois thématiques prioritaires sont définies au niveau national pour l’année 2020 : sortie du glyphosate, développement de l’agriculture biologique, produits sous signe de qualité et AB en restauration collective.

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En 2022, chaque établissement a pour objectif d’avoir au moins deux partenariats ou projets formalisés avec des acteurs du territoire (GIEE, groupes Ecophyto, Projet Alimentaire Territorial (PAT), Charte de riverains…). Le contenu pédagogique suit aussi des évolutions dans ce sens. Durant l’année scolaire 2018-2019, une partie des certificats de spécialisation (CS), brevets professionnels (BP) et baccalauréats professionnels (bac pro) ont été réformés pour répondre aux besoins des entreprises et faire évoluer les contenus dans le cadre de la transition agroécologique.

 

Un nouvel établissement de haut niveau

Début 2020, l’Institut Agro (Institut national d’enseignement supérieur pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a été créé. Cette entité apporte un soutien aux acteurs de la filière agricole et alimentaire en formant des ingénieurs et des chercheurs en s’appuyant sur les structures existantes, Agrocampus ouest et Montpellier SupAgro en tête. L’institut sera partie intégrante pour répondre aux défis nombreux (changement climatique, numérique, agroécologie…) de l’agriculture.

Une ouverture sur le monde facilitée

C’est un volet de l’enseignement agricole qui est méconnu du grand public. Les futurs « terriens » sont largement invités à sortir de leurs frontières. En 2018-2019, presque 25 000 mobilités ont été effectuées. Les élèves et étudiants préfèrent la destination Europe à 87 %. La proximité rassure et le programme Erasmus + permet de proposer plus de destinations. Seulement 6 % des mobilités se dirigent vers le continent américain, 4 % vers l’Afrique et moins de 2 % vers l’Asie et l’Océanie.

Mais une distinction forte se dessine suivant que l’apprenant suive un cursus en enseignement supérieur. Ainsi, 85 % des élèves et apprentis, hors enseignement supérieur, ont effectué une mobilité collective et 15 % une mobilité individuelle. En enseignement supérieur, c’est presque du 50-50.

L’agriculture n’attire pas que les enfants de la balle

 

On constate aussi que les origines socioprofessionnelles des élèves changent. En 1990, près de quatre élèves sur dix étaient des enfants d’agriculteurs ou de salariés agricoles. Aujourd’hui, ce pourcentage tombe à un élève sur dix. Les enfants d’employés et d’ouvriers sont plus représentés dans l’enseignement agricole avec 43 % des effectifs. Deux lectures distinctes ou complémentaires : le nombre d’agriculteurs a baissé en France et ils sont donc moins représentés, ou les formations sont de plus en plus attractives pour les jeunes.

Mais l’essentiel pour l’enseignement agricole n’est-il pas de corriger le premier constat par le second ? Il faut dire que certaines spécialités affichent un taux net d’emploi (TNE) qui a de quoi rassurer les jeunes et leurs familles, dans un contexte du marché du travail tendu. Par exemple, les titulaires d’un BTSA Génie des équipements agricoles ont un TNE de 99 % et de 97 % pour le BTSA Agronomie – Productions végétales.

 

Pour en savoir sur les formations, les métiers et les établissements de l’enseignement agricole :

www.laventureduvivant.fr

​​​​​​Une forte proportion d’internes

Une des spécificités de l’enseignement agricole est sa forte présence d’internes. Ils sont une majorité (56 %) à opter pour ce régime, proposé par quasiment tous les établissements. Cela a des conséquences positives sur les élèves. Selon le rapport d’Eric Debarbieux de l’Observatoire international de la violence à l’école, l’efficacité scolaire s’en retrouve renforcée et le nombre d’heures consacrées au travail scolaire est plus important pour les internes.

Grâce aux animations socioculturelles au sein des établissements scolaires, les internes font preuve d’une plus grande sociabilisation et développent des qualités de vivre ensemble. Les lycées agricoles se sont saisis de ce facteur d’épanouissement pour en faire un argument d’attractivité.

En pratique

L’enseignement agricole compte 806 établissements dont 217 lycées agricoles publics, 368 maisons familiales rurales, 210 lycées agricoles privés et 11 centres médico-éducatifs. Il comprend également 17 établissements d’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage (11 établissements publics et 6 établissements privés) ainsi que 2 établissements d’enseignement à distance.

Les formations dispensées vont de la classe de 4e au Doctorat, en passant par le BTS.

L’apprentissage, la voie privilégiée

L’enseignement agricole balaie toutes les possibilités offertes aux jeunes. Mais la tradition de la transmission par l’apprentissage reste ancrée dans le choix des apprenants.

 

 

Autrefois mésestimée, l’image de l’apprentissage s’améliore, notamment parce qu’il est la voie royale vers « l’employabilité » des diplômés. D’ailleurs, la loi s’est adaptée aux évolutions. Ainsi, celle du 5 septembre 2018 a permis d’ouvrir l’apprentissage et la formation professionnelle continue aux personnes jusqu’à 30 ans et en simplifiant le financement des formations. Plus de 190 000 élèves, étudiants et apprentis sont scolarisés dans un établissement de l’enseignement agricole technique, sans compter les 16 000 étudiants de l’enseignement supérieur long.

Depuis 1975, les effectifs ont connu une importante progression, de plus de 65 %. Et l’apprentissage a permis de « doper » les chiffres. Le nombre d’apprentis dans l’enseignement agricole a plus que doublé entre 1995 et 2019, passant de 17 395 à 37 425… pour atteindre une hausse historique en 2020 avec un total de 45 700 jeunes formés (+22 %). Et les apprentis se dirigent très majoritairement vers les établissements publics (70 % des apprentis).

 

 
Concernant les étudiants, l’alternance est moins présente avec 12 % des effectifs qui préparent un diplôme d’ingénieur ou de paysagiste. Mais cette forme de formation connaît chez eux une croissance annuelle forte, plus de 20 % depuis 2010. Le secteur de la production agricole accueille à lui seul 47 % des apprentis. L’apprentissage est particulièrement prisé pour les diplômes du CAP jusqu’au niveau Bac + 2.

Par contre, ombre au tableau, les filles sont sous-représentées. En 2019, seul un apprenti sur quatre est une fille, alors qu’elles comptent pour 45 % des effectifs (20 % en 1975) de l’enseignement agricole et sont même majoritaires dans la catégorie des étudiants de l’enseignement supérieur agronomique, vétérinaire et de paysage.

Des établissements inclusifs

Les établissements de l’enseignement agricole n’ont pas à rougir de leur implication vers une meilleure inclusion de tous les élèves. En 2019, un peu moins de 9 000 élèves aux besoins éducatifs particuliers ont suivi leur scolarité dans ces structures. Parmi eux, près de 5 000 ont bénéficié d’un projet personnalisé. Plus d’un millier d’auxiliaires de vie scolaire (AVS) ont notamment pour mission d’aider des jeunes en situation de handicap. A noter qu’un plan d’action national a été mis en place afin de professionnaliser les personnels sur ces questions d’inclusion.

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