Hauts-de-France : le haricot exposé à la mouche
La mouche des semis est un ravageur significatif sur les pois depuis 2003. Elle risque de redevenir le principal ravageur des haricots avec la disparition du Pyristar.
La mouche des semis est un ravageur significatif sur les pois depuis 2003. Elle risque de redevenir le principal ravageur des haricots avec la disparition du Pyristar.
« La France est entrée dans une période de turbulence notamment pour les cultures légumières », a estimé Sophie Szilvasi, experte nationale légumes DGAL/SDQSPV à l’occasion de la 15e rencontre régionale sur la protection des cultures légumières qui se tenait à Violaines, le 22 février dernier. En préambule de cette réunion, l’experte a jugé « le paysage réglementaire européen assez compliqué ». En France, on ne peut que déplorer le peu de nouveautés ou alors « des AMM fugaces comme le Closer », des retraits anticipés ou programmés sur fond de changement d’orientation des sociétés phytopharmaceutiques et de plans d’actions visant à réduire la dépendance de l’agriculture.
Rééquiper les semoirs avec des microgranulateurs
La disparition du Pyristar en est un des exemples. « Avec sa disparition, la mouche des semis risque de devenir le principal ravageur des haricots dans les Hauts-de-France », a estimé Laurent Nivet d’Unilet. Cet insecte (Phorbia platura), « difficile à repérer mais très présent dans l’environnement », a provoqué des dégâts (perte de plantes à la levée, plants borgnes et chétifs, feuilles trouées…) sur les semis tardifs de pois de conserve en 2017. Pour la combattre, les techniciens ne possèdent pas beaucoup de solutions. « Le début de la lutte date de 1990 avec l’emploi du Carater, puis il y a eu le traitement de semences avec l’arrivée du Pyristar qui a permis de traiter la totalité des surfaces », a rappelé Laurent Nivet. « En 2018, il faudra utiliser Force 1,5G à une dose de 10 kg/ha. D’homologation récente et uniquement sur haricots non écossés frais, il nécessitera cependant de rééquiper les semoirs avec des microgranulateurs ! ». Dans l’immédiat, la solution consiste à respecter la prophylaxie : éviter au maximum la présence de matières organiques non décomposées dans le sol, le travailler en deux temps permettant de dessécher la surface et de la rendre moins attractive et favoriser au maximum une levée rapide des graines.
L’intercropping, une des solutions d’avenir ?
Jonathan De Mey du Centre de recherche belge Inagro a présenté ses premiers travaux sur « l’intercropping », ou « la culture de plus d’une espèce dans la même parcelle en même temps ». « Ce type de cultures associées doit permettre à obtenir un rendement supérieur à la somme des rendements obtenus séparément, à augmenter la diversité et améliorer l’utilisation des ressources tout en réduisant l’utilisation de produits chimiques », a expliqué le chercheur flamand qui a développé des premiers essais en associant oignons et carottes en 2017 sur une parcelle de 0,5 ha. Il a testé le rendement, les difficultés de mécanisation, les effets sur les maladies et ravageurs (l’odeur de l’oignon garderait à distance la mouche de la carotte ?) et les techniques de désherbage. Pour cette première année expérimentale atypique sur un plan météo, le chercheur n’a pas constaté de différences notables entre la monoculture et l’intercropping. Mais il devrait poursuivre ses expériences en 2018 notamment avec l’association céleri-rave/poireau.