Gel, alternance, coulure : à quoi s’attendre pour la récolte française d’abricot en 2024 ?
A Medfel, les prévisions de récolte pour la France annonce une forte baisse après une forte récolte 2023. A quoi cette baisse est-elle due ? La filière pourra-t-elle fournir le marché français ?
A Medfel, les prévisions de récolte pour la France annonce une forte baisse après une forte récolte 2023. A quoi cette baisse est-elle due ? La filière pourra-t-elle fournir le marché français ?
Exercice délicat que celui des prévisions européennes de récoltes d’abricot. D’autant plus quand la France et le nord de l’Espagne sont au même moment en alerte gel. Ce mercredi 24 avril ont ainsi été présentées les traditionnelles prévisions de récolte d’abricot de Medfel, mais pour des chiffres arrêtés au 19 avril, avant la vague de gel.
Prévisions "sûrement trop optimistes" de 87 852 tonnes pour l'abricot français
« Nous sommes prudents sur la prévision, confirme Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. En France nous sommes en alerte gel pour cette nuit [de mercredi 24 au jeudi 25 avril]. » Pour la France, les prévisions, « sûrement optimistes », tablent sur une récolte 2024 d’abricots de 87 852 tonnes, qu’il faudra nuancer après gel.
A ces alertes gel s’ajoute un probable effet d’alternance (2023 avait été une forte récolte pour la France) et un phénomène possiblement de coulure lié à un excès d’eau dans le Gard, la Crau et la Vallée du Rhône : « On y observe pas ou peu de fleurs, ou même pas de fruits, comme en variétés Bergeron. Il y a tout de même eu plus de 200 mm d’eau sur la floraison », souligne Bruno Darnaud.
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Bruno Darnaud souligne aussi une forte hétérogénéité d’un producteur à l’autre et d’une région à l’autre. Au global, la récolte française d’abricot pourrait être en retrait de -30 à -40 % comparé à la forte récolte de 2023. C’est aussi une baisse de -13 % par rapport à la moyenne quinquennale. Côté précocité, la campagne française d’abricot observait jusqu’ici une quinzaine de jours d’avance. Mais cette avance pourrait être ralentie suite aux gels de cette fin avril.
Bruno Darnaud prévoit donc pour cette campagne « des volumes normaux en juin, un mois de juillet un peu plus chaotique avec un déficit de variétés et un mois d’août plus modéré ». « Mais on pourra fournir le marché français », affirme-t-il.
« Mais on pourra fournir le marché français », Bruno Darnaud.
Par bassin français :
- Rhône-Alpes en forte baisse à 40 328 tonnes (contre 65 000 tonnes en 2023), en raison des fortes pluies et du phénomène d’alternance.
- Languedoc-Roussillon : 33 538 tonnes. Le potentiel est normal dans le Roussillon, avec une charge en fruits sur les arbres qui impliquera des travaux d’éclaircissage.
- PACA : à 13 986 tonnes, c’est une légère baisse. Le potentiel dans le Gard et la Crau ne sera pas complet.
A noter : pour cette saison 2024, l’abricot des Baronnies dispose de l’IGP.
Sécheresse : inquiétude dans les Pyrénées-Orientales
Jean Prats, producteur d’abricot à Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales, est venu témoigner de la forte inquiétude des producteurs du département quant à la problématique de l’eau. « Selon la vallée, il y a pu avoir zéro recharge en eau des nappes phréatiques. Les prévisions météorologiques annoncent des pluies pour la semaine prochaine [semaine du 1er mai, NDLR]. Ça serait salvateur pour nos vergers qui sont sous perfusion d’irrigation. Mais le goutte-à-goutte ce n’est pas suffisant pour nourrir un arbre. »
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