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Fruit Logistica 2024 : quel bilan pour la présence française ?

Avis mitigé pour la présence française à Fruit Logistica cette année. Le changement de hall a semble-t-il eu un effet positif sur la fréquentation mais l’animation et le business n’ont pas été à la hauteur des espérances pour un certain nombre d’entreprises. 

Vue du nouveau hall français 6.2 à Fruit Logistica 2024
Le nouveau hall France arborait en outre une nouvelle signalétique avec un drapeau français lumineux plus visible et des panneaux bois.
© Claire Tillier

« Sans grande surprise » : ces mots prononcés par certains exposants résument assez bien l’édition 2024 de Fruit Logistica côté français tout du moins. Beaucoup espéraient un renouveau avec le changement de hall. Pour rappel, les exposants français ont investi, pour cette édition 2024, le hall 6.2 à la place de l’historique hall 22.

Voir aussi : Fruit Logistica 2024 : un petit aperçu des autres hall 

« Le visitorat était ressenti en baisse dans le hall 22, explique Pauline Welsch, chef de projet export pour Business France. Depuis au moins 4 ans, on était en discussion avec les organisateurs de Fruit Logistica pour qu’on nous change d’emplacement car les exposants français demandaient notamment à être près des autres pays européens ». Un souhait réalisé cette année peut-être au vu de la chute du nombre des exposants français : de 150 en 2020, il est passé à 75 cette année. 

 

Fréquentation du hall France : merci les Italiens ? 

Si côté Business France, on notait le dernier jour du salon, une satisfaction des exposants français, selon ceux que nous avons interrogés, ce changement de hall n’a pas complétement convaincu. La fréquentation des allées dans le hall français a cependant été décrite comme « plus importante que l’an dernier ». Elle a été en partie attribuée à la présence des Italiens partageant ce hall, venus en nombre et l’esprit à la fête.

Mais « on est loin de l’ambiance d’avant Covid », nous a-t-on rappelé. « Ce n’est plus le Fruit Logistica d’il y a 5-6 ans, a-t-on regretté par exemple sur le stand de Plasticaen. On le voit, il y a moins d’exposants, les stands sont plus petits. Il faut dire aussi qu’aujourd’hui il y a tellement de moyens de communiquer par rapport à il y a une vingtaine d’années ». Beaucoup ont estimé que l’ambiance n’était pas au rendez-vous dans les allées françaises. Peu d’animation en effet, peu de lancements de produit, peu d’annonces. Un constat observé, de manière générale, dans tous les halls du salon.

Certains exposants français ont cependant trouvé ce qu’ils étaient venus chercher : ils ont pu rencontrer clients, fournisseurs ou collègues du reste du monde. Quant aux contacts business imprévus, ils ont été, encore une fois, peu nombreux. L’entreprise Ferrier, producteur et négociants en fruits et légumes en Provence, exporte notamment en Allemagne. Pour elle, la présence à Fruit Logistica remplace une tournée commerciale. Elle avait par ailleurs anticipé les rendez-vous car selon ses dires, « il n’y a pas de fréquentation autre que celle programmée »

Avis un peu différent pour Christelle Bertin, directrice marketing de Blue Whale qui exposait comme d’habitude sous la bannière du groupe : « Le salon se passe mieux que l’an dernier pour nous, il y a du passage, beaucoup de clients viennent nous voir. Nous avions réduit la taille du stand par rapport à l’an dernier et finalement nous sommes à l’étroit. Est-ce que cela a à voir avec le changement de hall de la France ? Sûrement. Il faut dire aussi que notre stand est extrêmement bien placé, dans une intersection de passages »

Comme chaque année, Interfel et les "grands" groupes comme Innatis, Blue Whale, Saint-Charles International exposaient sous leur propres couleurs. (Photo Claire Tillier)

 

Pour Pierre Coisnon, co-gérant de l’entreprise de pommes de terre Les 3 Laboureurs, Fruit Logistica est l’occasion non seulement de voir ses clients dans toute l’Europe (Europe de l’Est, du Nord, Autriche, Italie…), mais aussi d’échanger avec ses voisins européens des sujets qui animent aujourd’hui la filière pomme de terre (production de plans, marché du frais en baisse, celui de l‘industrie en hausse…), tout cela « dans une bonne ambiance ». 

Parmi les exposants français satisfaits, les quelques entreprises de l’emballage, notamment celles qui ont pu rejoindre ce nouveau hall France. Parmi celles-ci, NaturAlvi, société alsacienne de conditionnement pour les fruits et légumes, qui fabrique notamment des alvéoles en papier. « Auparavant, nous étions toujours dans le hall 21. Enfin, cette année, nous avons pu intégrer le hall France. Une partie de nos clients et nos prospects sont ici », témoigne Charline Lantz, ravie de ce changement. Pour rappel, les équipementiers français ne sont toujours pas autorisés par les organisateurs de Fruit Logistica à intégrer le hall France. Un regret pour Business France. Seules les entreprises fabricantes d’emballage ou de la logistique ont pu intégrer ce hall. Les autres doivent exposer dans les halls réservés au machinisme, un secteur que Fruit Logistica souhaite développer.

 

Plutôt Fruit Logistica ou Fruit Attraction ? 

Pour les Français en outre, au-dessus de Fruit Logisitica, plane de plus en plus l’ombre du salon madrilène Fruit Attraction. « Fruit Attraction à Madrid est devenu un salon incontournable. A Berlin, il y a de moins en moins de Français, regrette-t-on par exemple sur le stand de Verger de la Blottière, même si « côté fréquentation, c’est mieux que l’an dernier ». L’entreprise productrice de pommes et de poires a une filiale au Chili et Fruit Logistica reste néanmoins le point de rendez-vous pour se retrouver physiquement.

Frédéric Salomon, directeur général de la jeune entreprise française de fabrication d’emballages en fibres de cellulose Daurema pense lui qu'il y a plus de monde l'an dernier. Serait-dû à l'emplacement des stands dans le hall même ? Pour lui, le choix entre Fruit Logistica et Fruit Attraction s’est d’abord posé en termes géographiques. « Notre entreprise étant située dans le Nord de la France, à Wattrelos, nous visons dans un premier temps le marché français et l’Europe du Nord, notamment la Belgique, qui est tout près, explique-t-il. Mais nous sommes allés en visiteur à Fruit Attraction à Madrid et on a été assez impressionnés, on se pose vraiment la question pour y exposer lors d’une prochaine édition »

 

A Fruit Logistica, où est la grande distribution française ?

Pour d’autres, le choix entre les deux salons se pose en matière des marchés sur lesquels l’entreprise de positionne ou de saisonnalité des produits qu’elle représente.

Autre reproche fait à Fruit Logistica, l’absence de la grande distribution française dans les allées.  « La grande distribution française n’est pas là, regrette par exemple Léa Guérin, présidente du syndicat des Maîtres melonniers de Cavaillon, rencontrée sur le stand du Grand Marché de Provence. Elle est là mais elle préfère aller voir le grand export. On les comprend, mais c’est un peu dommage ». 

 

« Ce n’est pas l’emplacement qui fait un bon salon »

Dans le hall 22 - l’ancien hall de la France - on trouvait cette année les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient qui ont aussi gagné par rapport à leur ancienne situation. Dans ce hall, ceux que nous avons interrogés sur la fréquentation des allées ont été unanimes : « Ce n’est pas l’emplacement qui fait un bon salon ».

« À Fruit Logistica, le fait qu’on réussisse son salon ou pas, ne dépend pas du hall mais de la préparation de son salon, nous indique par exemple Fatiha Charrat, directrice générale déléguée du groupe marocain Delassus. C’est ce que nous avait répondu le directeur de Fruit Logistica il y a une vingtaine d’années :  "C’est un salon professionnel, pas une foire", nous avait-il lancé. Et avec le temps on s’est aperçu qu’il avait raison. Il ne faut pas compter sur le passage pour faire du business ».

« Les acheteurs s’organisent pour optimiser leur trajet, nous explique-t-elle. Telle matinée ils font tel hall, l’après-midi un autre. Et ils calent leur RDV de cette façon. C’est tout ». En effet, au moment où nous étions sur le stand Delassus, en quelques minutes, nous avons vu se succéder les équipes de E.Leclerc et celle de Lidl

Tous nos articles Fruit Logistica sont à retrouver ici.

Un bilan donc mitigé pour les exposants français mais plus satisfaisant qu’en 2023. Pour l’année prochaine*, certaines choses seront sans doute à repenser. D’ores-et-déjà Business France entend vouloir mettre les régions françaises davantage en avant. « On a de moins en moins de régions représentées à Fruit Logistica », regrette Pauline Welsch. Le plus gros chantier restera néanmoins d’arriver à drainer plus de monde dans le hall France et ce de manière à générer de nouveaux contacts utiles au business français. 

* Fruit Logistica 2025 aura lieu à Berlin du 5 au 7 février. 

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