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Des fruits à noyau chez les Kiwis

Poids lourd de la production et de l’export de kiwis, la Nouvelle-Zélande est aussi un gros producteur de vin et de pommes. Bien que mineur, le secteur des fruits à noyau se distingue avec une place importante dédiée à l’export d’abricots et de cerises.

Difficile de se faire une place au royaume des kiwis. La Nouvelle-Zélande en produit chaque année plus de 400 000 t sur 12 000 ha. La production est concentrée dans l’île du Nord, qui regroupe 95 % des surfaces. Et plus particulièrement dans la Bay of Plenty (baie de l’Abondance), région côtière de la taille de l’Ile de France qui vit principalement de l’agriculture et du tourisme, où l’on trouve près de 10 000 ha de kiwis. Dans le reste du pays, la production de fruits est variée. Beaucoup de vignes (35 000 ha), des pommiers (9 000 ha), des avocats (4 000 ha), des petits fruits (2 600 ha)… Et des fruits à noyau, que l’on appelle ici « summerfruits » (fruits d’été). Leurs surfaces et volumes produits sont bien modestes par rapport au kiwi (environ 2 000 ha, 18 000 t), mais ils sont en progression : les volumes ont augmenté de 40 % entre 2006 et 2016. Les exports de cerises et d’abricots tirent le secteur vers le haut. Pour la saison 2016-2017, les fruits à noyau exportés représentent 77 millions de dollars NZ (45,8 millions d’euros) contre seulement 29 millions de dollars NZ (17,25 millions d’euros) quatre ans auparavant. Cette augmentation est largement due aux cerises d’export, qui représentent 71 millions de dollars NZ (42,25 millions d’euros). Les autres « summerfruits », nectarines, pêches et prunes, sont destinés presque exclusivement au marché national.

Les abricots disponibles de fin novembre à fin mars

« Environ 280 producteurs cultivent des fruits d’été en Nouvelle-Zélande, essentiellement dans les régions de l’Otago central, dans l’île du Sud, et de la baie d’Hawke dans l’île du Nord », explique Marie Dawkins, directrice de Summerfruit New Zealand, l’organisme représentant les producteurs de fruits à noyau. L’Otago central est une région montagneuse caractérisée par des hivers très froids et des étés chauds et secs. C’est la région de Nouvelle-Zélande où il pleut le moins, 359 mm par an, et où il fait le plus froid avec 124 jours de gel en moyenne chaque année. Plus de 80 % de la production nationale de cerises sont cultivés ici. L’abricot est également produit majoritairement en Otago central, principalement pour l’export et plus modérément dans la baie d’Hawke, consacrée au marché néo-zélandais. Au total, le pays a produit 2 600 t d’abricots en 2016-2017 sur environ 300 ha. Ces abricots sont disponibles de fin novembre jusqu’à mars. La première variété est Cluthagold, qui représente la moitié des abricots produits. Sundrop est l’autre variété majeure cultivée en Nouvelle-Zélande. Environ 80 % des abricots néozélandais sont de cette variété ou de la série Clutha. Les six cultivars de la série Clutha ont été obtenus à partir d’un programme de sélection de l’institut HortSearch (aujourd’hui Plant & Food Research), entre 1988 et 1992. Ces variétés très proches sont issues d’un croisement entre Moorpark et Sundrop et sont adaptées à l’export. Moorpark est une variété traditionnelle, cultivée dans le pays depuis l’installation des colons européens au 19e siècle. Elle est aujourd’hui très peu produite. La production de l’île du Nord est disponible de novembre à fin janvier, celle de l’île du Sud de fin décembre à fin mars. Outre les deux principales variétés, on trouve aussi Royal Rosa (production très précoce de mi-novembre à mi-décembre), Dunstan (variété jaune et ferme), Goldrich, Vulcan, Alex. La production tardive en février-mars est représentée par Southern Cross et la série Nevis. En 2016-2017, un tiers des volumes d’abricot ont été expédiés hors du pays, soit 840 t, à près de 90 % en Australie (principalement Cluthagold), le reste au Royaume-Uni (5 %) et aux Etats-Unis (4 %). Les abricots d’export représentent 43 % de la valeur de la production totale.

La punaise diabolique fait peur

Les abricotiers sont relativement préservés des maladies et ravageurs en Nouvelle-Zélande. Mais le pays doit appliquer des règles de biosécurité très strictes pour empêcher l’arrivée de ravageurs sur le territoire par les flux de personnes et de marchandises. La punaise diabolique représente ainsi une grande menace pour les productions néo-zélandaises. Depuis 2015, tous les véhicules et machines en provenance des Etats-Unis doivent être traités à la chaleur ou au bromure de méthyle avant d’être envoyés en Nouvelle-Zélande. Début 2018, Radio New Zealand rapportait que des centaines de punaises diaboliques avaient été découvertes à bord de trois cargos transportant 12 000 voitures du Japon vers la Nouvelle-Zélande. Les cargos ont été déroutés vers l’Australie et d’autres destinations pour être traités. « L’arrivée de ce ravageur serait un cauchemar pour le secteur de l’agriculture et les plantes endémiques, s’alarmait le journal The New Zealand Herald en mars 2018. Les cultures les plus à risque en Nouvelle-Zélande sont le kiwi, la pomme, l’abricot, les légumes et la vigne. » En dehors de cette menace, le principal problème sanitaire pour la production d’abricots est le thrips obscuratus, ou New Zealand flower thrips (NZFT), une espèce endémique du pays. « Ce thrips est une espèce de quarantaine pour les marchés d’export, indique Marie Dawkins. Les abricots exportés, essentiellement en Australie, doivent donc en être exempts ». Dans cette optique, le formiate d’éthyle est utilisé comme fumigant en post-récolte contre le thrips, avec une bonne efficacité.

Sources : Horticulture New Zealand, Summerfruit New Zealand, Plant & Food Research

Les abricots visent l’Asie

La Nouvelle-Zélande cherche à développer de nouveaux marchés pour ses abricots, et a l’Asie en ligne de mire. L’institut de recherche agricole Plant & Food Research, en collaboration avec Summerfruit NZ, a récemment développé deux cultivars prévus pour l’export, nommés provisoirement Nzsummer 2 et 3. « Ces variétés affichent des niveaux très bas d’éthylène, bien plus faibles que ceux de Cluthagold, ainsi qu’une chair ferme, affirme Declan Graham de l’institut de recherche agricole Plant & Food Research. Elles montrent ainsi une meilleure conservation, idéale pour un transport sur de longues distances ». L’adéquation de ces abricots au goût des consommateurs asiatiques a été évaluée en 2016. Près de 120 consommateurs chinois vivant en Nouvelle-Zélande ont goûté des abricots Nzsummer 2 et 3 et Cluthagold. « Environ 80 % ont aimé les variétés Nzsummer (note de 6 ou plus, sur une échelle de 9), contre seulement 36 % pour Cluthagold », note Declan Graham. Ces nouvelles variétés commenceront à être plantées cette année et seront sur le marché d’ici deux à trois ans.

Des cerises "made in NZ"

Les cerises néo-zélandaises sont disponibles de novembre à début février. Les principales variétés produites dans l’île du Sud sont Sonnet®, Stella, Lapins, Sweetheart®, Staccato® (variété tardive cultivée uniquement dans l’île du Sud), Rainier. Burlat, Roseann, Glo Heart, Summit, Bing, Kordia® et Sweet Valentine® sont également courantes. Chaque année, de nouvelles variétés entrent en production. Dawsons est la variété traditionnelle d’Otago central mais elle est aujourd’hui très peu rencontrée. En 2016-2017, 3 400 t de cerises néo-zélandaises ont été exportées, principalement en Asie, soit deux tiers de la production nationale (5 100 t). Ces cerises d’export sont récoltées presque exclusivement en Otago central. Les volumes exportés ont plus que doublé entre 2013-2014 et 2016-2017. Taïwan (35 %), la Chine (24 %), la Thaïlande (12 %) et le Vietnam (11 %) en sont les destinations majeures. Dans la baie d’Hawke, dans l’île du Nord, les cerises sont destinées surtout au marché national. La baie d’Hawke est la deuxième région productrice de vin en Nouvelle-Zélande et la première de pommes (5 000 ha). La production de cerises y est plus récente mais se développe rapidement : les volumes ont doublé entre 2010 et 2015 pour atteindre 155 t. Les cerises produites dans cette région se situent sur un créneau précoce, avant Noël. Les variétés représentées sont Burlat, Sonnet®, Roseann, Dawson, Rainier et Lapins.

En chiffres

Production 2016-17

Abricot 300 ha 2 600 t
Cerise 650 ha 5 100 t
Nectarine 330 ha 4 100 t
Pêche 300 ha 3 700 t
Prune 220 ha 2 500 t
Kiwi 12 000 ha 475 000 t (2015)

Exportations 2016-17

Abricot 840 t
Cerise 3 400 t
Nectarine 22 t
Pêche 102 t
Prune 52 t
Kiwi 454 000 t (2015)

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