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« En bio, nous découvrons de nouveaux insectes »

Les Vergers Placier, engagés dans l’agriculture bio depuis 1998, avec aujourd’hui 80 hectares de verger, dont 50 en bio, misent sur la biodiversité et l’équilibre des arbres pour assurer la production.

« En bio, il faut utiliser tous les moyens disponibles pour assurer la production », estime Guillaume Placier.
« En bio, il faut utiliser tous les moyens disponibles pour assurer la production », estime Guillaume Placier.
© V. Bargain

« Je représente la cinquième génération sur l’exploitation, explique Guillaume Placier, gérant des Vergers Placier, à Saint-Julien-de-Concelles, en Loire-Atlantique. Quand je me suis installé, en 1998, l’exploitation était en conventionnel et produisait plus de légumes que de fruits, car nous sommes dans la vallée maraîchère de la région nantaise. Mais, pour ma part, j’étais plus passionné d’arboriculture. »

Dès son installation, après un BTA en arboriculture et un BTS de commercialisation des fruits et légumes, Guillaume Placier a donc fait évoluer l’exploitation en augmentant les surfaces de verger. Il a aussi développé la vente directe, commencée par son père, avec aujourd’hui deux magasins à la ferme et deux libres cueillettes. Et il a engagé la conversion à l’agriculture biologique. « En 1998, on parlait beaucoup de bio, rappelle-t-il. Le bio m’intéressait au plan technique et la demande était forte. Par ailleurs, nous avons beaucoup de voisins. J’avais des réflexions quand je traitais et de plus en plus de difficultés à trouver du personnel pour les applications. »

Plus de vingt variétés de pomme

L’entreprise compte aujourd’hui 80 ha sur trois sites. Le site historique de Saint-Julien-de-Concelles regroupe 31 ha de pommiers bio, 9 ha de poiriers bio, 4 ha de kiwis bio, 19,5 ha de fruits et légumes conventionnels, dont des fraises, un magasin de vente directe et une ferme pédagogique. Un verger de pommiers et un verger de kiwis sont ouverts à la libre cueillette. Guillaume Placier a aussi créé à Saint-Herblain, de l’autre côté de l’agglomération nantaise, un site de 10,5 ha, la Ferme de la Chasseloire. Celle-ci regroupe un magasin, des cultures de fruits et légumes pour le magasin et une libre cueillette de fraises, kiwis et légumes. Un site de 6 ha a aussi été implanté récemment en kiwi bio, à Carquefou. Au total, 50 à 60 personnes travaillent pour l’entreprise. « Il faut donc assurer la production et avoir de beaux fruits, car la concurrence est forte aujourd’hui », souligne Guillaume Placier.

En pomme, la production repose sur plus de vingt variétés qui permettent de répartir les risques, d’assurer une offre large en vente directe et d’étaler la cueillette pour la vente en gros, les magasins et la libre cueillette. Aux variétés classiques (Golden, Reine des Reinettes, Rubinette, Patte de Loup, Granny, Chanteclerc, Goldrush, Reinette du Canada, Elstar, Gala, Jonagored…) s’ajoutent des variétés plus locales, comme Drap d’Or Chailleux, rustique mais alternante, et des variétés plus spécifiques à la bio, rustiques, tolérantes ou résistantes tavelure, comme Topaz, Pilot, Dalinette ou Story.

Story représente trois hectares

 

 
Résistante à la tavelure, Story est aussi très productive.
Résistante à la tavelure, Story est aussi très productive. © V. Bargain

« Story est résistante tavelure et très productive, apprécie Guillaume Placier. Elle se conserve bien, est attrayante et très peu sensible aux mâchures. Son calibre moyen fait aussi qu’elle est bien adaptée à la restauration collective. Nous la développons depuis cinq à six ans. Elle représente déjà trois hectares. » Le producteur a en revanche arrêté certaines variétés difficiles à produire en bio, comme Belle de Boskoop, très sensible au puceron lanigère. Le verger de poiriers se concentre sur Williams et Conférence. « Conférence se vend bien, est peu sensible aux maladies et se conserve bien », note le producteur.

Un point important pour Guillaume Placier est d’avoir des arbres bien équilibrés. « Pendant la période de transition, nous avons eu beaucoup de pucerons lanigères. Pour éviter ces problèmes, il faut favoriser l’équilibre de l’arbre, ce qui implique de limiter la densité et le rendement. Si les arbres poussent trop, nous ne fertilisons pas, nous coupons les racines sur un côté et nous adaptons la taille. Et nous ne travaillons plus le sol, ce qui abîmait les racines, mais désherbons le pied des arbres avec des brosses. » Le producteur est aussi très attentif au sol et veut développer l’apport de fumier.

L’enherbement naturel favorise la biodiversité

Un autre point essentiel est de favoriser la biodiversité, avec notamment l’enherbement naturel des vergers. « Dans un premier temps, nous avons fait des semis de ray-grass, pour améliorer la portance, précise-t-il. Mais le ray-grass forme de grosses touffes aux pieds des arbres, difficiles à faucher. Nous avons aussi semé des jachères fleuries. Mais l’enherbement naturel fonctionne très bien. Il apporte du pollen aux abeilles et attire les auxiliaires. Depuis que nous sommes en bio, nous découvrons de nouveaux insectes, comme le typhlodrome, acarien prédateur qui nous permet de ne plus traiter contre les araignées rouges, ou Aphelinus mali, parasitoïde du puceron lanigère. »

 

 
L’herbe n’est tondue qu’en cas de risque de gel et avant la cueillette. Elle est éventuellement parfois broyée avec un rouleau Faca.
L’herbe n’est tondue qu’en cas de risque de gel et avant la cueillette. Elle est éventuellement parfois broyée avec un rouleau Faca. © V. Bargain

L’herbe n’est tondue qu’en cas de risque de gel et avant la cueillette. Et les haies sont conservées et entretenues. Le producteur pratique aussi la confusion sexuelle contre le carpocapse. « La confusion sexuelle fonctionne toutefois moins bien aujourd’hui, note-t-il. Cet hiver, nous avons donc apporté des nématodes dans les vergers. Et nous remplaçons progressivement nos filets pare-grêle par des filets Alt’Carpo, mono-rang ou mono-parcelle. » Tous les vergers sont aussi protégés du gel par de la micro-aspersion.

Bio, mais aussi HVE

Guillaume Placier vend lui-même toute la production des Vergers Placier, soit 2 000 à 3 000 tonnes de fruits par an. Une part importante est livrée aux supermarchés de la région, à quelques centrales et à quelques grossistes de Rungis (Dynamis, Pronatura…). S’y ajoute la vente directe dans les deux magasins ouverts toute l’année, où sont vendus aussi d’autres produits locaux, et les deux libres cueillettes de pomme, kiwis et légumes. « Nous avons la chance d’être en bordure d’une grande agglomération, ce qui facilite la vente directe et la libre cueillette » souligne-t-il. En plus de la certification AB, les Vergers Placier ont aussi la certification Haute valeur environnementale (HVE). « Pour certains clients, notamment pour la transformation, il fallait une autre certification que la certification AB, précise Guillaume Placier. De plus, une partie des fruits est vendue en conventionnel ces dernières années. »

Parcours

1996 : BTA en arboriculture

1998 : BTS commercialisation des fruits et légumes

1998 : installation avec son père

1998 : début de la conversion en bio

2011 : création du site de Saint-Herblain

2020 : plantation de 6 ha de kiwi bio à Carquefou

Diversification en kiwi et kaki

 

 
Un axe de développement est le kiwi, qui présente de nombreux avantages.
Un axe de développement est le kiwi, qui présente de nombreux avantages. © V. Bargain

Un axe de développement pour les Vergers Placier est la production de kiwis. « Le kiwi est beaucoup moins sensible que la pomme aux maladies et ravageurs, assure Guillaume Placier. Nous n’y faisons aucun traitement. Et alors qu’il y a beaucoup de gaspillage dans la libre cueillette des pommes, il n’y en a pas dans celle des kiwis, car la cueillette est plus difficile. Les seules difficultés sont le risque de gel, contre lequel nous luttons avec de la micro-aspersion, et la sensibilité au vent, dont nous protégeons les vergers avec les filets paragrêle, des brise-vent, des haies. » 1 ha de verger de kiwi a été clôturé et accueille des porcs nains, qui mangent l’herbe, aèrent le sol et le fertilisent avec leurs excréments. À la différence des moutons, les porcs nains ne mangent pas l’écorce des arbres ni les fruits, qui sont trop hauts en kiwi. L’entreprise a aussi mis en place des vergers d’essais où elle teste tout ce qui peut se cultiver dans la région et intéresser la vente directe (cerise, figue, prune, coing, abricot, kaki…) « Le kaki est très intéressant, estime Guillaume Placier. Il représente déjà un demi-hectare et nous voulons le développer. »

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