Transformation
De nouvelles bases entre les producteurs et McCain
“Nous voulons travailler dans une logique d’approvisionnement auprès des quatre usines françaises avec des tubercules français”, a répété à plusieurs reprises à la presse le 13 février Eric Delacour, le nouveau président du Groupement d’Agriculteurs Producteurs de Pommes de Terre pour l’Industrie McCain (Gappi). N’est-il pas plus logique d’approvisionner les usines McCain avec des pommes de terre françaises plutôt que de laisser les usines étrangères (notamment belges et hollandaises) venir s’approvisionner en France ?
“Beaucoup de producteurs au top quittent l’industriel et passent à la concurrence”, prévient-on au Gappi. McCain récolte les fruits d’une politique qualitative rigoureuse depuis son implantation française, mais qui lui fait perdre des points de compétitivité sur ses concurrents directs. “Nos contrats McCain tendent vers ceux des “fécules” et nos producteurs ne trouvent plus d’intérêt à contractualiser avec le spécialiste de la frite”, dit-on au Gappi. La nouvelle équipe prévient qu’il convient d’être vigilant sur les futurs approvisionnements. Quand les deux tiers des 900 000 t, dont l’industriel a besoin chaque année, sont fournis par les producteurs du Gappi, la politique contractuelle menée a toute son importance.
Car si les choses vont trop mal, les producteurs iront vers d’autres contrats plus rémunérateurs. On sait qu’au Nord de Paris les contrats blé et colza pour les biocarburants vont exploser, rebattant une partie des cartes dans les assolements. Un élément pris en compte par les dirigeants de McCain lors de la dernière négociation contractuelle de décembre. L’industriel tablait sur la libération d’une partie des quotas betteraves et une forte évolution de la sole pommes de terre. Le scénario a été tout autre, car les surfaces betteravières sont restées stables. Mais l’opération aura eu pour résultat direct de durcir les conditions des contrats de l’année, rajoutant un peu plus à la morosité ambiante parmi le millier de producteurs livrant les quatre usines françaises de Dunkerque à Dijon !
Restaurer la confiance entre les producteurs et McCain
Pour sa première année de présidence, Eric Delacour fixe donc comme première priorité la mise à plat de la politique contractuelle et la mise en place de nouveaux contrats. Le président veut surtout restaurer la confiance entre les producteurs et l’industriel. La rencontre du 28 avril prochain entre le bureau du Gappi et Jean Bernou, président de McCain Europe Continentale, sera déterminante. On devrait y évoquer aussi les gros dossiers de l’irrigation et du transport, celui de l’échange des données informatisées par internet ainsi que la recherche-développement. Le Gappi veut en effet mettre en place son propre référentiel de variétés pour le comparer à celui de l’industriel, histoire de pouvoir croiser les informations. C’est sans compter également avec la réforme de l’ITPT.
Enfin, côté transports, le Gappi ne comprend pas que les camions hollandais transportent jusqu’à 50 t de tubercules, alors que les français sont limités à 40 t… Un dossier pour Jacques Barrot, Commissaire européen aux transports.