Daniel Soares, Interfel : "On étudie la faisabilité d’une route ferroviaire vers la Chine"
Trois questions à Daniel Soares, responsable marketing international à Interfel.
Qu’est-ce que le projet des nouvelles routes de la soie ?
On étudie la faisabilité d’une route ferroviaire vers la Chine afin de réduire les temps de transport. Nous sommes encore en phase de pré-projet. Le dossier a été déposé à FranceAgriMer l’année dernière avec la viande de porc. En train, le temps de transport est de 20 jours alors que par bateau, il est de 35 à 45 jours pour arriver à la destination Chine. Cette pré-étude a débuté en 2014. La principale conclusion portait sur un gros différentiel de temps et de coût pour l’exportation vers la Chine. On a ensuite repris ce dossier car l’écart de coût s’est réduit entre le rail et le maritime. Pour le moment, on est encore en phase initiale, on constitue des groupes de travail. Dans un second temps, le but est de réaliser un test de transport ferroviaire véritable au départ de la France.
Quels sont les avantages que procure ce projet par rapport au système actuel ?
Avec la baisse du temps et des coûts de transport par rapport au maritime, on va pouvoir exporter d’autres productions. En novembre 2018, l’échalote a obtenu son agrément pour le marché chinois. Seulement dix départements français peuvent exporter des pommes, on pourrait étendre cette zone. Les kiwis, l’oignon ou le chou-fleur pourraient trouver des débouchés en Chine, par exemple. Ce pays est un gros producteur mais beaucoup de marchandises ne sont pas commercialisables. Avec leur population à 1,3 milliard de personnes, il leur faut importer. D’autant que la classe moyenne chinoise compte plus de 300 millions de personnes. Ils sont très demandeurs de produits de qualité, de sécurité alimentaire et les produits français apportent ces garanties.
Quels sont les freins à lever pour que ce projet aboutisse ?
Premier frein, il peut se passer cinq ans pour obtenir un agrément phytosanitaire pour la Chine et il se négocie produit par produit. Il faudrait une volonté du gouvernement chinois d’ouvrir les agréments à l’Europe de façon plus globale et plus rapide.
Pour qu’un train coûte moins cher à circuler, il faudrait le remplir avec des produits de plusieurs filières. Le lait, le porc et les fruits et légumes ont tout à fait les moyens pour remplir les conteneurs. Mais pour que ce soit rentable, il faudrait aussi les remplir au retour avec des produits chinois qu’on ne fabrique pas en Europe. Cela peut être un argument pour convaincre la Chine à ouvrir les agréments de nos produits.
Un autre problème est celui des rails en Russie dont l’écartement n’est pas le même qu’en Europe et en Chine. En plus, les produits français subissent toujours un embargo en Russie. En théorie, la traversée est possible mais ils peuvent aussi bloquer la marchandise. C’est pour cela qu’on étudie d’autres routes, notamment par le Kazakhstan.