Courgette : comment améliorer la pollinisation et la nouaison

Le rendement, ainsi que la qualité d’une production de courgette sont fortement dépendants de la qualité de la pollinisation et de la nouaison. Aussi, le projet Apache (2019-2021) mené par l’Aprel et l’Adapi vise à optimiser la pollinisation et la nouaison des cultures de courgette, principalement sur le créneau de production précoce sous abri. « La courgette est une plante monoïque, c’est-à-dire qu’elle produit des fleurs mâles et femelles distinctes sur une même plante. Pour que le fruit se développe sur la fleur femelle, il faut soit qu’elle reçoive du pollen pour la fécondation, soit que la plante ait la capacité de développer des fruits parthénocarpiques. C’est-à-dire des fruits se développant malgré l’absence de fécondation », explique Aurélie Rousselin, Aprel. Même lorsque l’une de ces deux conditions est remplie, des phénomènes de coulures physiologiques peuvent être observés : ils sont liés au climat, à la qualité de germination du pollen, au statut nutritif de la plante ou à la charge en fruit de la plante.

Tendance parthénocarpique de certaines variétés

« Des tests ont été menés afin de déterminer le potentiel de parthénocarpie des variétés. Pour cela, des fleurs femelles sont fermées la veille de leur floraison pour empêcher les pollinisateurs d’y accéder, l’état du fruit après une semaine est noté », explique la spécialiste. Pour les variétés longues vertes, un faible nombre de fleurs femelles a pu être évalué en 2019. De ce fait, les tendances demandent à être confirmées. La variété Logos a présenté principalement des fruits déformés en l’absence de fécondation. A l’inverse, les variétés Gloria et Carravaggio ont présenté principalement des fruits de calibre commercial.

En 2020, l’essai a été reconduit, en conditions peu poussantes. Les quatre variétés de longue verte évaluées (Cronos, Gloria, Lola, Twitter) ont présenté une forte proportion de bouchons en l’absence de fécondation (au moins 68 %). « Ces résultats soulignent l’importance des conditions pédoclimatiques et de la vigueur de la culture pour l’expression du potentiel de parthénocarpie », précise-t-elle. Dans la typologie courgette jaune, les variétés Parador et Lingodor présentent des bouchons en l’absence de fécondation. A l’inverse, la variété Yellowfin présente des fruits de calibre commercial. Le choix variétal a donc son importance pour limiter les pertes de fruits sur les périodes où la pollinisation est difficile.

10 % de plants d’une autre variété

Pour que la pollinisation ait lieu, il faut réunir deux conditions : avoir une disponibilité en pollen suffisante à l’échelle de la parcelle et avoir une activité de butinage suffisante des insectes pollinisateurs. Certaines variétés de courgette précoce présentent un déficit important en fleurs mâles à partir de mi-mai, par exemple les variétés Gloria et Twitter (longue verte) et Parador (longue jaune). La variété Logos (longue verte) maintient une semaine de plus sa production de fleurs mâles. La variété Yellowfin (longue jaune) maintient une production de fleurs mâles tout au long de la culture.

Si une variété d’intérêt commercial, mais présentant un déficit de fleurs mâles, est cultivée seule dans un tunnel, il n’y a alors plus de pollen disponible sur la suite de la culture. En l’absence de tendance parthénocarpique de la variété d’intérêt, il est capital pour maintenir le rendement de pallier ce manque de fleurs mâles. « Il est alors possible de planter 10 % de plants d’une autre variété choisie pour son importante floribondité mâle, pour exemple planter 10 % de Yellowfin dans un tunnel de Parador », mentionne Aurélie Rousselin.

Des ruchettes d’abeilles pour assurer la pollinisation

En créneau précoce sous abri (plantation de février), les conditions climatiques de début de floraison ne sont pas toujours favorables au travail des pollinisateurs situés à l’extérieur des serres. En effet, les conditions fraîches ou venteuses contraignent à tenir les abris fermés, ce qui ne permet pas l’entrée des abeilles dans les tunnels, même si des ruches sont positionnées à proximité. « Dans ces conditions, l’introduction de pollinisateurs directement dans l’abri peut s’avérer pertinente », mentionne-t-elle. Dans le cadre du projet Apache, l’apport de ruchettes d’abeilles ou de bourdons a été comparé dans une culture précoce de courgette longue jaune sous tunnel plastique. Dans les essais, l’apport d’une ruchette d’abeilles à l’intérieur des tunnels a permis une augmentation du rendement précoce de la culture (récoltes d’avril).

Dans l’essai de 2021, sur les quatre premières semaines de culture, l’augmentation moyenne du rendement commercial est de 370 g/plante. A partir de fin avril, les activités de butinage mesurées deviennent équivalentes entre les tunnels avec ruchette d’abeilles et les tunnels avec ruchette de bourdons, et ce grâce à l’entrée des abeilles des ruches extérieures. La présence d’une ruchette d’abeilles dans le tunnel au-delà des quatre premières semaines de floraison ne se justifie peut-être qu’en conditions climatiques difficiles, des ruches d’abeilles à l’extérieur étant sinon suffisantes (voir encadré). « Dans les prochains mois, un travail de recensement des apiculteurs proposant des prestations de pollinisation va être réalisé, afin de mettre une liste de contacts à disposition des maraîchers », conclut Aurélie Rousselin.