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Pomme : compter les pépins pour réguler la charge en fruits

Compter le nombre moyen de pépins par pomme permet d’évaluer son dispositif de pollinisation. Celui-ci peut être modifié dans l’optique de réduire l’éclaircissage tout en conservant quantité et qualité de la récolte.

Les excès comme les manques de pollinisation sont préjudiciables à la rentabilité d’une parcelle de pommiers. La qualité de pollinisation se juge en comptant le nombre de pépins par fruit. En l’absence de pépins dans une partie des loges carpellaires, des fruits se développent mal ou sont plus petits. A l’inverse, l’excès de pépins favorise l’alternance et une fructification trop abondante. Une étude conduite au CTIFL a permis de montrer que 5 pépins par fruit est le chiffre seuil.

En deçà de ce chiffre et notamment à moins de 3 pépins par fruit, le manque de pépins dégrade la qualité du fruit et notamment la fermeté et la jutosité, la teneur en sucres et en vitamine C, ainsi que le potentiel de conservation. Au-delà de 5, et notamment à partir de 8 pépins par fruit, la fructification est trop abondante et nécessite des programmes d’éclaircissage plus sévères et donc plus coûteux. Dans les deux cas, le dispositif de pollinisation nécessite d’être ajusté en jouant sur la quantité d’allopollen (de la variété pollinisatrice) et le nombre ou le type de pollinisateurs (voir encadré).

Impact d’une journée de pollinisation

Dans l’étude conduite par le CTIFL, des branches fruitières homogènes d’un verger de Braeburn en 16e feuille ont été entourées de filets insect-proof. Chaque jour, du stade E2 à la fin floraison, une branche est dégagée de son filet qui est remis le soir. Ce dispositif a ainsi permis de mesurer l’impact d’une journée de pollinisation sur la fructification. Pendant toute cette période, quatre ruches par hectare étaient positionnées à proximité du verger. Les conditions climatiques ont été favorables au butinage. La première conclusion est qu’un seul jour de pollinisation suffit pour obtenir une récolte de pommes en quantité et qualité suffisantes, en l’absence de facteurs limitants pour le pollen compatible et l’insecte vecteur.

Obtenir naturellement la charge recherchée

Toutes les branches ouvertes pendant les jours compris entre les stades 50 % de corymbe au stade E2 et 50 % de corymbe au stade G ont atteint l’objectif de production, soit du jour 3 au jour 10 après le début de la floraison. Parmi elles, les jours 6 (60 % de F2) et 7 (60 % de G) sont les dates de pollinisation maximale. Le taux de fructification est supérieur à 200 fruits pour 100 corymbes et le nombre de pépins par fruit est supérieur à 7. Ces mesures sont proches de ceux du témoin positif, dont la pollinisation n’est pas régulée. Dans de telles conditions de fructification, la production est en excès et nécessitera un éclaircissage chimique, puis éventuellement un complément manuel pour réguler la charge du pommier.

Pour les dates 3 (50 % de E2), 9 (30 % de F2 et 50 % de G), et 10 (30 % de G, 60 % de H), on constate un nombre de pépins proche de cinq et un taux de fructification équivalent à l’objectif de production. Dans ces conditions, la récolte est assurée avec des besoins d’éclaircissage faibles, voire nuls. Pour les dates 4, 5 et 8, le nombre moyen de pépins par fruit est compris entre 6 et 7 avec un taux de fructification proche de celui de la référence chimique éclaircie avec de la benzyladénine. Cette situation est proche de l’optimal, la régulation de la charge restante se fera par un éclaircissage chimique léger. Les résultats de cette étude permettent donc de dégager des pistes de gestion du dispositif de pollinisation dans l’optique d’obtenir naturellement la charge recherchée sans éclaircissants ou éclaircissage manuel.

Adapté de l’article publié dans INFOS-CTIFL n°372, juin 2021

Adapter son dispositif de pollinisation

En situation d’excès, soit plus de 8 pépins par fruit :

Pistes pour diminuer l’intensité de pollinisation :

réduire le nombre d’arbres pollinisateurs pour limiter la quantité d’allopollen et améliorer la part de la variété commerciale et donc le rendement du verger.

faire une taille anticipée, dès le stade F2-G de la variété pollinisatrice pour réduire le pollen disponible dans le cas de l’utilisation de Malus pollinisateur.

utiliser une variété pollinisatrice plus précoce de quatre ou cinq jours pour ne favoriser la pollinisation croisée que sur le début de floraison de la variété principale.

réduire le nombre de colonies d’abeilles domestiques qui se traduira également par une économie sur le prix de la location.

retirer les colonies d’abeilles dès le stade F2-G de la variété principale. Piste envisageable pour de grandes parcelles monovariétales.

utiliser des ruches à bourdons, en alternative à celles des abeilles domestiques, car plus facilement déplaçables d’une parcelle à l’autre.

En situation de déficit, soit moins de 3 pépins par fruit :

Solutions pérennes ou annuelles pour rétablir une situation déficitaire :

ajouter des arbres de Malus en intercalaire entre deux arbres de la variété principale, en veillant à ce qu’ils aient des conditions correctes de développement au niveau de la qualité de réalisation de la plantation et des possibilités d’accès à la lumière. Il est impératif d’utiliser des porte-greffes vigoureux de type M7 ou M111.

Surgreffer des branches avec une variété pollinisatrice totalement compatible, en veillant aux bonnes pratiques du surgreffage. Greffer en tête d’axe ou de charpentières pour que la lumière soit suffisante pour assurer un bon développement du greffon, puis de la branche.

Suspendre des rameaux fleuris dans des sachets plastiques prévus à cet usage et remplis d’eau additionnée d’eau de Javel issus d’arbres non taillés d’une ou plusieurs variétés synchrones et totalement compatibles. Prévoir, par respect pour l’environnement, de retirer les sachets à la fin de la période de floraison, ou au pire au cours de la taille l’hiver suivant.

Renforcer les agents pollinisateurs par augmentation du nombre de ruches d’abeilles domestiques. Compléter ou changer d’espèces (bourdons), si le climat est en cause. Le bourdon peut butiner à des températures plus basses (8-10 °C), l’abeille domestique commence à être active au-dessus de 12°C.

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