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Bien choisir ses mélanges fleuris pour attirer les auxiliaires

Les bandes fleuries peuvent être une première étape dans l’installation d’aménagements agroécologiques par les producteurs. Pour qu’elles soient efficaces dans leur rôle d’attraction des auxiliaires, le choix des espèces constituant le mélange doit respecter certains critères.

Les mélanges de semences à la base des bandes fleuries doivent être choisis pour favoriser le plus possible la faune auxiliaire, mais en tenant compte des spécificités régionales pédoclimatiques. C’est l’objectif du projet Casdar Muscari (pour Mélanges botaniques Utiles aux Systèmes de Culture et Auxiliaires permettant une Réduction des Insecticides), dont une journée de restitution était organisée en juin à Paris. « Muscari doit contribuer à améliorer l’offre commerciale en mélanges fleuris fonctionnels, ainsi que l’accès à l’information sur la biodiversité fonctionnelle pour les producteurs », expose à cette occasion François Warlop, du Grab (Groupe de recherche en agriculture biologique). Le projet a rassemblé dix-sept partenaires entre 2015 et 2018 et a permis d’une part d’évaluer et de sélectionner des outils de suivi de la biodiversité et d’autre part de créer des mélanges fonctionnels basés sur l’expertise des partenaires et les résultats des suivis de terrain. Ces mélanges « maison » ont été évalués sur plusieurs sites aux conditions pédoclimatiques différentes et sur différentes cultures (arboriculture, maraîchage, viticulture, grandes cultures). Ils ont été comparés à trois autres types de bandes fleuries : un mélange commercial composé de plus de vingt espèces, une bande composée à 100 % de vesce et un mélange de 80 % de ray-grass et de 20 % de fétuque (servant de témoins).

Une majorité d’espèces vivaces pour un habitat stable

Le premier mélange créé pour le projet est composé de six espèces : véronique feuille de lierre, barbarée, carotte sauvage, centaurée scabieuse, luzerne annuelle et pâturin compressé. Le deuxième mélange, plus complexe, est lui composé de quinze espèces, dans des proportions similaires. Outre les espèces présentes dans le premier mélange, il contient : pâquerette, pissenlit, alysse maritime, alliaire, achillée millefeuille, marguerite, bleuet, mélilot et lotier. En raison de la mauvaise implantation en 2016 de certains mélanges sur plusieurs sites, un troisième mélange Muscari a été semé à l’automne 2016 ou au printemps 2017. Il comporte sept espèces : pâquerette, alysse maritime, carotte sauvage, bleuet, luzerne pérenne, mélilot et vesce. Le choix des espèces dans la composition du mélange est essentiel. « L’idée est d’avoir une diversité importante de plantes pour favoriser de nombreux auxiliaires différents et donc cibler une diversité de phytophages », explique Antoine Gardarin, de l’Inra de Paris Grignon. Un bon mélange fleuri doit fournir aux auxiliaires un habitat stable. Le choix d’une majorité d’espèces vivaces dans le mélange s’inscrit dans cette finalité. De même, il est préférable de choisir des espèces présentant des périodes de floraison diverses, afin d’avoir des floraisons étalées toute l’année, même l’hiver. Des espèces qui fleurissent en mars-avril peuvent héberger des parasitoïdes d’altises, qui émergent tôt dans la saison. C’est le cas du pissenlit, de la véronique de Perse ou encore de la barbarée. Le nectar, qui constitue avec le pollen l’une des principales ressources alimentaires pour les auxiliaires, doit leur être accessible physiquement. La morphologie des fleurs doit donc leur être adaptée. Ainsi, « les pétales horizontaux des Apiacées font que leur nectar est accessible à tous les auxiliaires », souligne Antoine Gardarin. Autre exemple, les syrphes sont incapables d’aller chercher du nectar dans des fleurs dont la longueur du tube floral est supérieure à 2 mm. Certaines fleurs, comme la centaurée scabieuse (pérenne) ou le bleuet (annuelle) sont particulièrement utiles car elles produisent du nectar extrafloral, accessible à tous types d’insectes. Mais les ressources alimentaires apportées par les bandes fleuries ne sont pas seulement d’origine végétale. Les légumineuses attirent et hébergent les pucerons qui peuvent servir de proies alternatives pour les auxiliaires.

Une implantation variable des bandes fleuries

Il s’agit aussi d’avoir une redondance fonctionnelle entre certaines espèces du mélange, car une espèce n’est pas forcément adaptée à différents contextes pédoclimatiques. Ainsi il y a une grande variabilité dans le succès d’implantation des mélanges fleuris, en fonction du mélange et du site considéré. Par exemple, « pour le mélange commercial, entre quatre et vingt-cinq espèces botaniques se sont implantées selon les sites », note Séverine Mary de Vitinnov. De même, un même mélange semé chez trois producteurs différents en Provence (deux maraîchers et un arboriculteur) a montré des compositions botaniques différentes, ce qui entraîne une variabilité des espèces d’insectes présentes sur ces bandes fleuries. Outre le contexte pédoclimatique, les stocks semenciers d’adventices dans le sol expliquent probablement la variabilité d’implantation et de composition des mélanges. Cet enherbement spontané sur des parcelles de production « non propres », constitue un problème pour l’implantation et le maintien d’une bande fleurie. « On constate une évolution très forte de la composition des mélanges entre la première et la deuxième année d’implantation, pointe Jérôme Lambion, du Grab, responsable d’essais et de suivis chez des producteurs en Provence. La difficulté majeure du projet est de maintenir les bandes fleuries sur plusieurs années ». Sur des parcelles expérimentales, présentant un faible stock semencier, les mélanges fleuris se sont très bien implantés. C’est le cas sur le site de l’Inra de Grignon, en grandes cultures. Malgré ces fluctuations dans l’implantation des bandes, le projet a montré que les mélanges avec le plus d’espèces au départ présentent le plus de chances de se maintenir avec une bonne diversité. Ainsi, les mélanges « Muscari » ont globalement montré le plus de diversité et ont été les plus favorables aux auxiliaires, particulièrement le mélange complexe, le plus diversifié. Ce mélange a été présenté aux semenciers partenaires du projet et a été adapté à chaque contexte régional en France. Trois mélanges ont été créés, un pour le Sud-est (Phytosem), un pour l’Ouest (Semence Nature) et un pour le Nord-est (Nungesser).

Trois étapes de la mise en place des bandes fleuries

La période de semis. Deux périodes de semis sont possibles, automne et printemps. Les semis d’automne résistent mieux à la sécheresse estivale et subissent une moindre compétition face aux adventices. La bonne implantation d’un semis fleuri reste cependant dépendante des conditions météorologiques (un semis de fin avril à mi-mai ou de fin août à mi-octobre pour le nord et l’est de la France ; en avril ou de septembre à octobre pour l’ouest de la France ; de fin mars à avril ou de mi-septembre à fin octobre pour sud de la France).

La préparation du sol. Le travail du sol s’effectue sur une terre sèche en surface mais encore fraîche dans les 10 premiers cm. Il doit être adapté en fonction de la nature du sol. En cas de sol non travaillé depuis plus de douze mois ou de sol lourd, effectuer un labour entre deux et quatre mois avant la date de semis. Ensuite, réaliser un émiettement de surface à l’aide d’une déchaumeuse à disque ou d’un rotovator. Enfin, faire un faux semis avec au moins deux passages de herse rotative espacés de trois à quatre semaines.

Le semis. Il doit s’effectuer maximum 24 h après le dernier passage de la herse. Il se fait généralement à la volée en mélangeant les graines à du sable grossier pour mieux répartir les graines car la densité de semence est très faible (entre 1 et 4 g/m²). Pour les petites surfaces, il est conseillé de passer un très léger coup de râteau. Rouler l’ensemble pour tasser la terre autour des semences. Le sol doit être maintenu humide pendant les premières semaines après le semis. Aucune fertilisation n’est à appliquer.

Source : fiche du projet Muscari « Mélanges fleuris : choix, semis, entretien »

Pour en savoir plus

Les principaux résultats de Muscari et la composition des trois mélanges régionaux sont disponibles sur la page du projet. Vous y trouverez notamment une liste d’espèces pouvant être conseillées pour composer sa bande fleurie, des conseils pour choisir son mélange et entretenir sa bande, des outils pour suivre la biodiversité…

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