Au Bénin, la filière ananas parie sur le bio et l’équitable
Longtemps destiné au marché local, l’ananas pain de sucre du Bénin est devenu un produit premium recherché par les connaisseurs en Europe. Pour répondre à la demande, le développement de la filière passe par le bio. Une coopérative de producteurs du sud Bénin est à la base de cette filière.
Longtemps destiné au marché local, l’ananas pain de sucre du Bénin est devenu un produit premium recherché par les connaisseurs en Europe. Pour répondre à la demande, le développement de la filière passe par le bio. Une coopérative de producteurs du sud Bénin est à la base de cette filière.
Culture traditionnelle mais commerciale, l’ananas procure aux exploitations agricoles familiales un complément de trésorerie. Cultivé en association avec du maïs, du manioc, ou du haricot, dont la production est d’abord auto-consommée, il est destiné à la vente, que ce soit sur les marchés locaux ou plus récemment pour l’exportation. L’essentiel de la production provient du sud du pays, tout particulièrement du département de l’Atlantique, où sont concentrés 80 % des 2 000 hectares de terres cultivées.
Depuis le début des années 2010, le gouvernement béninois mise sur ce fruit tropical pour diversifier ses exportations agricoles dominées par le coton. L’objectif annoncé est de porter la production de 400 000 tonnes en 2019 à 600 000 tonnes dès 2021 et les exportations de 4 500 à 12 000 tonnes par an. Le marché européen, très friand de la variété « pain de sucre » n’est pas le seul visé, les pays voisins absorbent l’essentiel de la production du Bénin. Le développement de la filière repose cependant avant tout sur les capacités productives des exploitations familiales, soutenues par des organisations paysannes.
Valorisation de la filière par les organisations paysannes
Implanté dans la Région de l’Atlantique, le Réseau des producteurs d’ananas du Bénin (Répab), qui réunit 15 coopératives, a engagé un plan d’action pour valoriser la production de ses 380 coopérateurs et 1 220 producteurs usagers. « L’ananas est la culture qui réunit nos producteurs, mais elle n’est pas leur unique production », précise Kiki Damien, directeur du Répab. Les producteurs sont des agriculteurs familiaux. 65 % cultivent sur des parcelles inférieures à 1 ha et 30 % sur 1 à 5 ha. Le Répab organise l’approvisionnement en intrants de ses coopérateurs, puis la collecte des fruits pour la vente. Il forme ses membres aux itinéraires techniques et veille au respect des cahiers des charges.
La stratégie du Répab repose sur plusieurs initiatives de long terme : l’amélioration des compétences en gestion des agriculteurs mais aussi la conversion au bio et à l’équitable pour développer les débouchés à l’export, et la structuration de la filière. Dans ces démarches, le Répab est accompagné depuis 2012 par l’association Agriculteurs français et développement international (Afdi) de Nouvelle-Aquitaine.
Grâce aux échanges entre agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine et de la région de l’Atlantique béninois, le Répab peut compter sur un renfort pour le conseil technique à l’exploitation familiale. Afdi accompagne aussi le Répab sur une nouvelle initiative, celle de la certification équitable.
Des itinéraires techniques balisés
Le climat tropical chaud et humide et le sol du Sud-Bénin sont particulièrement propices à la culture des deux variétés, pain de sucre et cayenne lisse. L’ananas pain de sucre, qu’on nomme aussi ananas bouteille en raison de sa forme allongée, possède une chair blanche sucrée. Il est le fruit unique d’une plante et non d’un arbre. Les agriculteurs familiaux membres du Répab cultivent essentiellement du Pain de sucre. 150 se sont spécialisés en bio.
15 à 18 mois sont nécessaires pour que le fruit arrive à maturité. En conventionnel, le rendement va jusqu’à 60 ou 65 tonnes à l’hectare. En bio, il est de 35 à 45 tonnes. « On ne brûle pas les champs et on laisse les arbres. Les fertilisants sont uniquement organiques. Nous recourons au paillage et plantons des légumineuses pour améliorer la fertilité des sols », confirme le directeur du Répab. « Nous plantons tout au long de l’année, même en saison sèche. Les producteurs sont donc capables d’honorer les commandes toute l’année ».
Rentabiliser le bio en se diversifiant
Depuis 2019, le Répab a augmenté sa production bio certifiée, passée à plus de 9 000 tonnes mais il lui faut diversifier ses débouchés. Outre le jus exporté, l’ananas bio est aussi vendu comme produit frais et transformé en ananas séché. Sur le marché national, la filière bio peine encore à s’imposer. Appuyée par Afdi, l’organisation paysanne s’engage donc dans une stratégie de valorisation de l’ananas et des cultures associées bio, grâce à la certification bio SPG (système de garantie participative), plus adaptée au pouvoir d’achat des ménages africains.
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Un parcours de formation avec La Coopération Agricole
Un président et deux directeurs de coopératives du Bénin (filières ananas, anacarde et maïs semences), partenaires d’Afdi Nouvelle-Aquitaine, suivent avec leurs homologues français un module de formation de La Coopération agricole pour les administrateurs de coopératives.
Cette formation en France s’inscrit dans un programme plus large d’appui à la Fédération des unions de producteurs du Bénin (Fupro) sur la formation et le conseil à la stratégie des coopératives. Mis en œuvre par Afdi et mobilisant La Coopération agricole pour les trois prochaines années, il vise la création d’un parcours de formation au Bénin.
En chiffres
Bénin
Production annuelle d’ananas en 2019 : 400 000 tonnes
Exportations annuelles en 2019 : 4 500 tonnes
4e exportateur d’ananas d’Afrique