Arboriculture : des pistes pour lutter contre les pucerons
Trois leviers de lutte alternative contre les pucerons cendrés en verger de pommiers et les pucerons verts en verger de pêchers (produits de biocontrôle, huiles essentielles et plantes de services) sont testés dans le projet Simpa. L’objectif est de trouver des compléments ou des substitutions aux solutions actuelles.
Trois leviers de lutte alternative contre les pucerons cendrés en verger de pommiers et les pucerons verts en verger de pêchers (produits de biocontrôle, huiles essentielles et plantes de services) sont testés dans le projet Simpa. L’objectif est de trouver des compléments ou des substitutions aux solutions actuelles.
En production fruitière intégrée (PFI), l’interdiction d’utilisation des insecticides de la famille des néonicotinoïdes depuis le 1er septembre 2018 a fortement restreint les stratégies chimiques contre les pucerons. C’est notamment le cas de celles contre le puceron cendré sur pommier et le puceron vert sur pêcher. De nouvelles interdictions sont craintes dans les années à venir ainsi que l’apparition de résistances pour les molécules restantes.
L’intégration de leviers agronomiques pour limiter le recours aux insecticides est donc devenue une nécessité que ce soit en PFI ou en agriculture biologique (AB). Le projet Casdar Simpa a pour ambition d’évaluer l’efficacité et la faisabilité de techniques alternatives aux insecticides en verger de pommiers et verger de pêchers. Trois types de leviers sont testés (voir encadré). Le premier concerne les produits de biocontrôle.
Trois produits sont évalués au sein d’une stratégie phytosanitaire allégée avec une huile minérale en sortie d’hiver. Ces produits de biocontrôle sont substitués aux insecticides encadrant la floraison. Le même protocole est établi dans chacun des sites expérimentaux. Sur pommier, la stratégie consiste en une application d’huile minérale en sortie d’hiver, en plus. Ces modalités biocontrôle sont comparées à une référence en PFI ou AB.
La référence PFI correspond à l’application d’une huile de paraffine au stade B-C, une application de flonicamide au stade E et une application de spirotétramate après la chute complète des pétales. La référence AB est une huile minérale en sortie d’hiver et de l’azadirachtine en encadrement de floraison. En pêcher, la stratégie de référence correspond à une application de flonicamide en pré-floral et de spirotétramate en post-floral. Tous les dispositifs expérimentaux incluent aussi un témoin non traité.
L’huile essentielle de lavande en tant que biocide
Le second levier est celui des huiles essentielles. Depuis plusieurs années, le centre CTIFL de la Morinière (Indre-et-Loire) teste en laboratoire l’effet de plusieurs huiles essentielles en tant que biocide ou en tant que répulsif. En 2021, l’effet biocide des huiles essentielles de cumin des prés, de lavande, d’un mélange d’huile essentielle et de romarin, appliqué avec deux concentrations sur des plantes entières en pot, a été expérimenté. L’essai sera répété en 2022 avec une modification du protocole.
Mais d’ores et déjà, suite aux résultats de 2021, l’huile essentielle de lavande à 1 % a intégré les essais en verger de pommiers dans les quatre stations expérimentales. Elle est appliquée en trois traitements préfloraux à une cadence de 5 à 7 jours dans une stratégie incluant une huile en sortie d’hiver et un passage d’azadirachtine en post-floraison. Cette stratégie est comparée aux références PFI et AB et à un témoin non traité. Pour les huiles essentielles testées pour leur effet répulsif : lavande, menthe poivrée, romarin et thym, le transfert des résultats en verger est plus complexe. En laboratoire, les tests répulsifs sont réalisés par olfactométrie tubulaire statique.
Un indice de répulsion est calculé en fonction de la distance parcourue par le puceron en présence de la plantule traitée avec les huiles essentielles. Plusieurs concentrations ont été évaluées : à 0,01 %, 0,1 % et 1 %. Seules les concentrations à 1 % donnent des résultats. Les huiles essentielles de menthe poivrée et de thym sont répulsives dix minutes après la mise en situation. Celles de romarin et de lavande sont moins répulsives. L’indice de répulsion diminue dans le temps. Mais pour le passage au champ le mode de diffusion, la densité de diffuseurs et le moyen d’évaluer l’efficacité restent à définir.
Des PPAM sur le rang ou en inter-rang
Le troisième levier est celui des plantes de services. Deux types de plantes de services vont être associés et étudiés dans les vergers : des mélanges fleuris dont le rôle est de favoriser la présence directe ou indirecte des auxiliaires et des plantes aux propriétés olfactives altérant l’installation des pucerons. Chaque site expérimental compare une parcelle de référence conduite de façon classique à une parcelle expérimentale avec stratégie aphicide allégée, dans laquelle les plantes de services sont installées.
Cette parcelle expérimentale est conduite en protection fruitière intégrée ou agriculture biologique avec une impasse sur le traitement préfloral. Chaque plante répulsive est installée seule sur des placettes au sein de la parcelle allégée associée ou non avec les bandes fleuries. Au-delà de l’influence directe que peuvent avoir ces plantes sur les pucerons et leur participation dans la stratégie de protection, le projet évalue également la faisabilité de leur installation au sein du verger. En effet, il s’agit de définir l’impact de ces installations sur la conduite du verger, notamment la gestion des travaux de taille et de récolte en présence de plantes pérennes sur le rang ou en inter-rang.
Source : INFOS-CTIFL nov 2021, n°376
Dans la lutte contre les pucerons, de nouvelles interdictions sont craintes dans les années à venir ainsi que l’apparition de résistances pour les molécules restantes.
Trois leviers du projet Simpa
Les produits de biocontrôle
Trois produits de biocontrôle sont testés en 2021 : l’extrait de bois de Quassia (non homologué), l’huile essentielle d’orange douce, la maltodextrine (sans usage sur pommier). Les deux premiers sont testés en encadrement de floraison ou en deux applications en préfloral et deux en post-floral. Et la maltodextrine est appliquée tous les 7 à 10 à jours depuis le stade D-E en 5 applications maximum.
Les extraits de plantes
Six huiles essentielles ou mélange d’huiles essentielles sont testés au centre CTIFL de la Morinière en milieu semi-contrôlé. Il s’agit du cumin des près, de la lavande, de la menthe poivrée, du romarin, du thym et du mélange : cumin des prés, citronnelle, origan. Leur effet biocide ou répulsif est testé en laboratoire. L’huile essentielle de lavande à 1 % est évaluée cette année en tant que biocide en verger.
Les plantes de services
L’implantation de huit espèces de plantes répulsives associées ou non avec des bandes fleuries attractives des auxiliaires est expérimentée dans les six stations expérimentales. Il s’agit du romarin de cinq variétés différentes, de la lavande vraie, de la menthe poivrée, de lavandin, de tanaisie, de tagètes, de citronnelles et de mélange de thym à linalol et à géraniol. Ces espèces sont implantées sur le rang ou sur l’inter-rang.