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Amande : les choix stratégiques à la plantation

La plantation d’un verger d’amandiers implique de choisir un mode de conduite, des variétés, un ou des porte-greffes. Ces choix induisent des coûts d'investissement en verger et des choix de matériel de récolte.

Le mode de conduite du verger d'amandiers conditionne le choix du matériel de récolte, et inversement ! Le mode de conduite le plus traditionnel reste le gobelet à 6 m x 6 m, planté en quinconce. Les distances peuvent légèrement varier mais ne peuvent pas descendre en dessous de 5,5 m sur le rang si la récolte s’effectue avec un vibreur-corolle classique. Sur ce type de verger, le rendement moyen est proche de 1 000 kg d’amandons/ha à partir de la 5e, voire de la 6e feuille. Des modalités plus serrées, par exemple 4 m entre rangs et 2 m sur le rang sont à l’essai et même présentes chez certains producteurs.

Dans ce cas, il faut disposer de matériels de récolte adaptés. La haute densité en amandiers (arbres palissés de type 4 m x 1,25 m sur porte-greffe nanisant) est une option plus récente. En sol de Durance, un verger de producteur a produit plus de 600 kg/ha d’amandons en 3e feuille. Dans ces conditions, c’est un excellent résultat mais l’évolution de ce potentiel de production et la pérennité du verger sont encore mal connues. La haute densité demande une alimentation hydrominérale très pointue et un maintien rigoureux de la pénétration lumineuse. Il est également conditionné au fait de disposer d’une machine à vendanger surélevée, du même type que celle utilisée pour la récolte des oliviers en haute densité.

Quelles variétés planter ?

Le choix variétal concerne avant tout le potentiel de production de chaque variété : rendement moyen, sensibilité à l’alternance, année de mise à fruits, date de floraison. D’autres critères sont de plus en plus pris en compte comme l’autofertilité, la sensibilité aux maladies et ravageurs et le port de l’arbre qui influence le coût de la taille. Les critères de choix sont aussi liés aux débouchés commerciaux. Un chocolatier recherche plutôt un amandon de petit calibre et un fabricant de pralines aux amandes préfère des amandons plus charnus.

De même, en vente directe, il est important de proposer une gamme multivariétale. Lauranne® est aujourd’hui quasiment toujours intégrée aux programmes de plantation car sa mise à fruits est rapide, elle est auto-fertile et moins alternante, sa floraison début mars est tardive et la demande commerciale est régulière. Ferragnès, variété qui doit être pollinisée, est présente également car son calibre est un peu supérieur et elle a une bonne réputation gustative. D’autres variétés moins connues font l’objet de quelques plantations comme Mandaline ou encore Ferrastar, surtout en AB car elle est moins sensible aux maladies fongiques, mais elle est moins régulière en production.

Certains vergers récents ont été plantés avec des variétés d’origine espagnole : Vairo, Soleta, Makako, Bellona, Marinada… Leur potentiel, observé en Espagne est prometteur. Mais il est judicieux d’avoir aussi du recul sur leur comportement dans le secteur où on veut les planter, car le rendement ou la sensibilité aux maladies fongiques, par exemple, peuvent être différents d’un terroir à l’autre. C’est le cas de Soleta qui, dans les conditions du Sud-est de la France, s’avère plus sensible à la rouille.

Peu de porte-greffes disponibles

Le porte-greffe GF 677 est actuellement le plus diffusé. Il induit une forte vigueur, présente une très bonne tolérance en sols calcaires et une remarquable affinité avec toutes les variétés d’amandiers. Par contre, il est sensible au pourridié et très sensible aux excès d’eau. Au-delà du GF 677, le choix est limité. Certains pépiniéristes proposent du semis franc de Montclar®, très homogène mais moins vigoureux et plus sensible à la chlorose.

Des essais d’INRAE sont actuellement en place avec du Krimsk 86, du Mirotop® ou du Myran®. Ce dernier présente un intérêt particulier grâce à une bonne tolérance au pourridié. Comme pour tout verger, planter des amandiers impose des choix à raisonner très en amont. Ces choix sont interdépendants. Pour vous aider, différents documents sont disponibles sur Internet. Ils seront complétés par des articles techniques dans les mois à venir.

Investir dans un système d’irrigation

L’irrigation est un investissement quasi obligatoire en zone méditerranéenne. Un verger non irrigué est moins productif, plus alternant et si la saison est sèche les amandons seront petits, fripés et pauvres en éléments nutritifs. Le choix du système d’irrigation est à adapter à la stratégie de lutte contre les mauvaises herbes et à la machine de récolte. La majorité des vergers d’amandiers disposent de goutte-à-goutte, pour économiser l’eau et apporter la possibilité de fertiliser en direct. Attention à vérifier que les sols ne sont pas trop filtrants.

Les nouvelles plantations sont souvent équipées de goutte-à-goutte enterré, un système très économe en eau, qui limite également le développement des adventices. En sols filtrants, une irrigation provisoire de surface en 1re feuille est à installer, le temps que les racines des jeunes arbres atteignent les bulbes. L’aspersion sous frondaison permet d’entretenir l’inter-rang et la biodiversité qui l’accompagne mais limite l’utilisation des vibreurs-corolles classiques tout comme le goutte-à-goutte suspendu.

Jean-Michel Montagnon

S’équiper pour la récolte

Une machine vibreur-corolle peut récolter au moins 1 ha/jour. © J.M. Montagnon

La récolte peut s’effectuer avec les machines vibreurs-corolles. Elles permettent de récolter a minima 1 ha par jour. Ce sont des investissements lourds. A titre d’exemple, 32 000 € pour un vibreur-corolle neuf, en poste arrière. Si la faible surface des plantations ne permet pas ce type d’investissement, contractualiser une prestation est possible bien que les prestataires soient rares.

L’écalage peut être intégré à la récolteuse. Si ce n’est pas le cas, il en existe en poste fixe ou en poste mobile. L’investissement est compris entre 5 000 € et 18 000 € selon le volume à traiter.

Le séchage est à effectuer après la récolte pour amener rapidement leur taux d’humidité à 6 %. Le séchage au sol est possible pour de petits volumes mais demande une protection contre la pluie et du temps pour aérer les lots. Autre choix : un séchoir à air pulsé, sous forme de silo ou de benne à double fond. L’investissement est d’environ 10 000 € pour l’équivalent de 5 m3 de volume séché. Certaines casseries proposent aujourd’hui une prestation de séchage pour leurs clients.

Rédaction Réussir

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