Albion, entre import et produit
Le Président du Fresh Produce Consortium, qui regroupe toute la filière britannique des fruits et légumes a récemment visité le marché international de Rungis. Pour FLD, il dresse le portrait de la profession Outre-Manche, où la grande distribution prédomine.
Richard Brighten, Président du Fresh Produce Consortium, l’équivalent britannique de notre Interfel, était de passage récemment sur le marché international de Rungis. C’était l’occasion de lui demander de dresser le panorama de la filière fruits et légumes Outre-Manche. "Contrairement à ce qui se passe chez vous, les gouvernements anglais successifs n’ont montré que très peu d’enthousiasme à soutenir l’agriculture, commente Richard Brighten, Aujourd’hui, la filière fruits connaît de grosses difficultés : les tonnages et les surfaces traditionnels en pommes – Cox et Bramleys - et poires – Conférence - sont en retrait constant. Le marché dépend à 80 % de l’importation. Cependant, des producteurs ont affecté une partie de leur surface à la production de fraises ; ils rencontrent d’ailleurs un succès certain. C’est une sorte de renaissance."
Tout, tout de suite
En revanche, le marché des légumes est approvisionné au 4/5 par les produits locaux : " La caractéristique du marché anglais est de proposer une gamme très large. On peut rencontrer jusqu’à 15 variétés de tomates en rayon. Le marché des produits service comme les salades emballées demeure fort."
La distribution au sens large évolue aussi. "Les fruits et légumes représentent 10 % du total des surfaces de la distribution anglaise. Leur chiffre d’affaires connaît la plus rapide progression et ils génèrent le meilleur profit net : il est normal que la distribution s’y intéresse, en pratiquant des politiques de prix attractif, précise Richard Brighten, le consommateur anglais désire tout, tout de suite. Cela entraîne un approvisionnement des principaux produits tout au long de l’année et le développement des category managers dans les enseignes. Cette dernière tendance s’est faite au détriment des grossistes qui ne sont plus désormais leur approvisionneurs privilégiés."
Le réseau des marchés de gros, du coup, a passablement fondu : ils étaient une trentaine il y a 15 ans, une vingtaine aujourd’hui et le nombre continue de baisser. Les grossistes restants consolident leurs positions mais il doivent aussi faire face à la concurrence de leurs confrères hors marché. "Evidement, dans cette optique, le marché de Rungis demeure un lieu fascinant, dont on imagine mal l’impact par ici. Hormis Birmingham, nous n’avons pas de marché composite, souligne Richard Brighten, l’opinion des professionnels anglais est que Rungis a une grande influence en termes de négoce et de prix au niveau européen. C’est un baromètre pour votre marché intérieur mais également un indicateur précieux pour tous les importateurs anglais."