« À chaque variété de prune sa spécificité »
Les nouvelles variétés de prune se propagent dans les vergers français. Marie Dordolo, conseillère arboriculture fruitière à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne, nous décrit leurs caractéristiques et les tendances de plantation.
Les nouvelles variétés de prune se propagent dans les vergers français. Marie Dordolo, conseillère arboriculture fruitière à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne, nous décrit leurs caractéristiques et les tendances de plantation.
« Avec l’essor des nouvelles variétés, on cherche surtout le gustatif, mais on remarque aussi des différences au niveau des sensibilités aux maladies. Certaines variétés d’américano-japonaises sont plus sensibles à la rouille ou au Monilia, et parfois même aux coups de soleil, phénomène que l’on observait peu jusqu’à présent. D’autres sont au contraire plus résistantes et passent partout. À chaque variété sa spécificité, il y en a pour tous les climats et terroirs.
Ce que l'on surveille un peu plus actuellement, c’est aussi la date de débourrement : on y est de plus en plus attentifs après deux années de gel particulièrement intense. La grêle quant à elle fait plus de dégâts sur les variétés européennes traditionnelles, car ce sont de plus vieux vergers et qu’ils sont par conséquent moins protégés. Aujourd’hui, toutes les nouvelles plantations sont équipées de filets paragrêles, c’est une sécurité face à la menace du changement climatique. Ce dernier pourrait être responsable de problèmes de pollinisation et de nouaison, en cas de temps froid et pluvieux au printemps, mais aussi de maturation et de mises en réserve lors d’été trop chaud et sec.
Des décalages de mise à fleur
Des inversions ou des décalages de mise à fleur peuvent s’observer selon les années. Les variétés américano-japonaises cultivées en France proviennent d’obtenteurs, comme l’Afrique du Sud, qui ne travaillent pas avec les climats français. Elles ont donc parfois des besoins en froid faibles, ou des comportements en coloration et prises de sucre différentes dans leur pays d’origine. Il faut donc y veiller dans nos programmes de sélection. Pour les tendances, dans le Tarn-et-Garonne, les nouvelles variétés club représentent au moins la moitié des nouvelles plantations.
Le reste se plante en variétés libres, comme Grenadine ou Polaris. Et les variétés européennes font un retour en grâce depuis quelques années, en raison de leur rusticité, leur résistance au gel et leur débourrement plus tardif. Sur ces variétés, le verger a aussi évolué : les nouvelles plantations sont désormais plantées en axe comme pour les variétés japonaises. Les européennes ont aussi permis de développer le segment bio, que l’on ne sait pas faire avec de l’américano-japonaise à cause de l’enroulement chlorotique. »