ESSAI Chargeur télescopique Case IH Farmlift 742 Professional – « Un engin de manutention stable et réactif »
Benoît et Flavien Lecler, agriculteurs dans la Manche, et leur salarié Paul Lecler, ont testé durant une semaine la dernière génération de chargeur télescopique Case IH Farmlift 742. Ils livrent leur ressenti sur cet appareil commercialisé depuis fin 2023.
La gamme de chargeurs télescopiques Farmlift Case IH est produite en Italie dans une usine du groupe CNH. Elle se compose de cinq modèles levant de 6,10 à 9,10 m et affichant des capacités de charge de 3,3 à 4,2 t. Ces engins ont profité fin 2023 de plusieurs évolutions, incluant notamment l’adoption d’un capot moteur redessiné, d’un accoudoir multifonction entièrement revu et d’un nouveau tableau de bord. Ils disposent désormais d’un parallélogramme électrohydraulique, annoncé plus précis qu’une correction par vérin de compensation.
Jusqu’à 160 l/min de débit hydraulique
Le Farmlift 742 Professional essayé loge un moteur FPT 4 cylindres NEF 4,5 l de 145 ch. Comme les autres modèles de la gamme, il est équipé d’une transmission à convertisseur de couple associée à une boîte powershift à six rapports avant et trois arrières. Ce télescopique profite d’un circuit hydraulique load sensing de 140 l/min, dont le débit est porté à 160 l/min en option (exclusif à la finition Professional).
Les plus
+ Visibilité
+ Ergonomie
+ Facilité d’entretien
Les moins
- Garde au sol
- Conception du marchepied
- Affichage du rapport engagé
Les conditions du test
Arrivé mi-avril, le chargeur télescopique Case IH a effectué 25 heures au sein du Gaec Lecler. Il a essentiellement travaillé avec la benne multifonction pour tasser deux tas d’ensilage d’herbe récoltés avec la remorque autochargeuse de la Cuma d’Ouville (Manche).
Au travail « Il manque de garde au sol »
À la confection des silos, le Farmlift est vraiment agréable et sécurisant. Il grimpe sur le tas sans devoir trop accélérer, mais il manque parfois de réactivité lors de l’inversion du sens de marche. Le constructeur conscient de ce problème indique avoir retravaillé sur la gestion électronique du moteur. L’empattement de trois mètres procure à cet engin une bonne stabilité. En revanche, cette caractéristique, conjuguée à une garde au sol limitée, ne favorise pas l’angle de franchissement. Par conséquent, la tôle de faible épaisseur sous le châssis, qui protège l’arbre de transmission, a plié sous l’effet de la pression du fourrage. De plus, ce carénage ouvert vers l’arrière se remplit d’herbe et je crains qu’il se charge de fumier ou de terre lors du chargement au champ d’épandeurs.Le capot moteur redessiné dégage bien la visibilité à droite et la vue sur la roue avant. Au terrassement, le Farmlift pousse fort et ne patine pas facilement. Je suis surpris qu’avec le godet multifonction rempli de terre végétale, la sécurité relative au blocage des mouvements aggravants ne se déclenche pas. C’est un point positif, car l’engin reste stable, y compris avec le bras partiellement télescopé. Le circuit hydraulique optionnel de 160 l/min rend les mouvements vifs. Parmi les nouvelles fonctionnalités, même si je n’ai pas eu l’occasion de vraiment les tester, les deux intensités programmables pour le secouage automatique du godet doivent être pratiques. Également, la possibilité de mémoriser pour le bras une position haute et une basse est intéressante, car elle permet de gagner du temps et de définir, par exemple, une hauteur maxi pour travailler dans un bâtiment.J’ai effectué principalement des trajets routiers avec le godet vide pour rallier les chantiers et le télescopique s’est révélé confortable. Si au champ, l’efficacité de la suspension de flèche se ressent bien, je n’ai en revanche pas vu beaucoup de différence avec ou sans sur l’asphalte. Le bon comportement est certainement lié au grand empattement. En plus des modes godet et palette, celui dédié à la route engage la configuration deux roues directrices. Il sécurise les déplacements en verrouillant toutes les fonctions hydrauliques, mais il ne faut pas avoir besoin d’agir sur le bras dans une intersection. De son côté, la transmission propose le mode Full auto, avec lequel les vitesses montent et descendent seules en fonction de la charge entre les rapports avant F2 à F6 et entre les trois arrière (R1 à R3). Comme on ressent des à-coups, je préfère gérer manuellement à l’aide des boutons sur le joystick. Le Farmlift dispose également d’un mode semi-automatique pour le travail, avec lequel les rapports avant passent automatiquement entre F2 et F4 (toujours en R2 en marche arrière).Le télescopique essayé en finition Professional bénéficie d’un tablier porte-outil propre à CNH doté du déverrouillage hydraulique (option en version Advanced). Case IH le remplace sur demande par des modèles de type Manitou ou JCB, pour lesquels le déverrouillage hydraulique est optionnel. Les raccords hydrauliques pour les fonctions auxiliaires en tête de flèche sont plus gros que ceux des précédents Farmlift. Ceci est dû à l’adoption de tuyaux d’alimentation de plus grand diamètre en phase avec le plus gros débit de la pompe. Pour la décompression des flexibles, je conseille de prendre l’option de bouton dupliqué sur l’aile avant gauche (210 € HT), qui dispense de monter en cabine pour appuyer sur l’interrupteur situé sur l’accoudoir.En cabine « L’écran est non tactile mais convivial »
La structure de la cabine des derniers Farmlift est commune à celle des modèles de précédente génération. Elle dispose de grandes surfaces vitrées et d’un essuie-glace sur les vitres de toit et arrière, mais pas sur le côté droit. Pour accéder à bord, je considère le marchepied mal conçu, car j’ai tendance à mettre, par réflexe, le pied directement sur la seconde marche (marchepied d’une seule marche en option). Il est également fragile, puisque sa marche inférieure a fini par casser à force d’être contrainte par les amas de fourrage sous la cabine lors de la confection d’un silo d’herbe. Le télescopique se prend facilement en main, mais pour le démarrer, il faut intégrer deux actions à faire systématiquement : engager le coupe-circuit électronique et, une fois le moteur en route, déverrouiller la sécurité bloquant les fonctions hydrauliques. Heureusement, les deux boutons sont directement accessibles à gauche du tableau de bord. Côté rangement, Case IH monte deux boîtes à outils (une en cabine et une à l’avant du châssis).Les principales commandes sont regroupées sur l’accoudoir solidaire du siège. Le joystick accueille désormais la commande d’inverseur et des boutons pour actionner les nouveaux automatismes : secouage du godet, télescopage proportionnel à la levée ou à la descente, rappel de deux positions mémorisées pour le bras et pompage continu. Il est possible d’ajuster la sensibilité du joystick, ainsi que la souplesse de l’inverseur. Trois modes d’inversion sont proposés (M1, M2 et M3), qui déterminent le rapport engagé lors du changement de sens de marche. Par exemple, en M3, si la première vitesse est sélectionnée en marche avant (F1), l’engin recule automatiquement en première (R1), tandis qu’en F2 et F3, l’action sur l’inverseur engage le R2. Ce télescopique bénéficie d’une surpuissance hydraulique qui augmente automatiquement le régime moteur pour accroître le débit en cas de besoin. Cette fonctionnalité s’engage à l’aide d’un bouton sur l’accoudoir et n’est opérationnelle que lorsque le bras est complètement rentré.Le nouvel écran de 7 pouces, non tactile, est agréable, mais c’est dommage que la vitesse powershift engagée ne soit pas indiquée lorsque la transmission est au neutre. L’affichage du rapport pourrait aussi être en plus gros chiffres, car on a tendance à le chercher. La navigation dans le terminal s’effectue à l’aide d’une molette en bout d’accoudoir. Ce dernier héberge plusieurs boutons de raccourcis qui facilitent la modification des paramètres ou l’engagement d’une fonctionnalité. Je regrette toutefois que certaines manipulations soient un peu complexes, telles que la sélection des modes de direction. Il faut en effet presser sur la touche de raccourci, engager la modification en donnant une impulsion sur la molette, puis la tourner pour choisir entre deux et quatre roues directrices ou marche en crabe. Il faut enfin confirmer en rappuyant sur cette même molette. Un interrupteur à trois positions fait la même chose sur notre télescopique !Entretien – Un moteur parfaitement accessible
Avec les deux portes sur le côté du compartiment moteur, l’accès pour la maintenance est exemplaire. Tous les filtres sont à portée de main et certains radiateurs basculent pour faciliter leur nettoyage. Un tuyau doté d’un embout spécifique permet de vidanger l’huile moteur sans ouvrir de trappe inférieure, ni retirer le bouchon. C’est aussi appréciable que le regroupement des graisseurs des ponts avant et arrière. L’inversion automatique du ventilateur a lieu toutes les 6 minutes et dure 15 secondes. Un bouton à gauche du tableau de bord permet de désactiver cette fonction.Fiche technique chargeur télescopique Case IH Farmlift 742 Professional
HOMOLOGATION
Vitesse maxi : 40 km/h
Poids à vide : 9,2 t
PTRA : 29,2 t
Capacité de remorquage : 20 t
MOTEUR
Marque : FPT
Cylindrée : 4 500 cm3 (4 cylindres)
Puissance nominale : 146 ch à 1 800 tr/min
Couple maxi : 591 N. m à 1 500 tr/min
Norme et système antipollution : Stage V/DOC + CUC + SCRoF
Intervalle d’entretien : 1 000 heures ou tous les ans
TRANSMISSION
Type : convertisseur de couple
Nbre de rapports : Powershift 6 av/3 ar
CIRCUIT HYDRAULIQUE
Type : Load sensing
Débit : 160 l/min (option)
CAPACITÉS DE LEVAGE
Hauteur de levage (point de pivot) : 7,40 m
Capacité maxi : 4,2 t
Portée avant maxi : 4 m
Charge maxi à hauteur maxi : 2,5 t
Charge à la portée maxi : 1,5 t
DIMENSIONS
Capacité du réservoir à carburant/AdBlue : 140/27 l
Hauteur hors tout : 2,45 m
Garde au sol annoncée : 41,5 cm
Empattement : 3 m
Rayon de braquage extérieur roues avant : 3,91 m
Monte pneumatique du modèle essayé : 460/70 R24
BUDGET
Tarif catalogue au 28/10/2024 sans/avec options : 155 108/158 632 euros HT