En Irlande, la ferme de Moorepark passe des vaches croisées aux Holstein-frisonnes
Après une mauvaise expérience avec des Holstein « continentales », inadaptées au système très pâturant avec vêlages groupés sur six à huit semaines, la ferme expérimentale de Moorepark en Irlande a d’abord misé sur la kiwi avant d’adopter la Holstein-frisonne irlandaise.
Après une mauvaise expérience avec des Holstein « continentales », inadaptées au système très pâturant avec vêlages groupés sur six à huit semaines, la ferme expérimentale de Moorepark en Irlande a d’abord misé sur la kiwi avant d’adopter la Holstein-frisonne irlandaise.
Les recherches sur le pâturage menées à la ferme expérimentale de Moorepark s’appuient sur un troupeau de 280 vaches essentiellement de race Holstein-frisonne irlandaise. « Il y a vingt-cinq ans, nous avons importé des Holstein d’Europe et des États-Unis. Mais elles n’aimaient pas l’herbe et n’étaient pas fertiles », lance Michaël O’Donovan avec humour dans un français irréprochable.
Dans un pays où 92 % de la SAU est en prairie et où les vêlages sont groupés sur six à huit semaines au printemps, c’est plutôt rédhibitoire. « Pour rectifier le tir, nous avons commencé par croiser ces Holstein avec des taureaux jersiais ou kiwi de Nouvelle-Zélande », relate le chercheur. Mais les animaux obtenus manquaient de conformation. La valorisation des veaux mâles ayant du sang jersiais dans leur pedigree était catastrophique. Pour éviter cet écueil, lorsque le croisement est encore de mise dans le troupeau sur quelques vaches, les inséminations avec du jersiais sont réalisées avec de la semence sexée.
Le croisement laitier est peu pratiqué en Irlande
La nouvelle stratégie adoptée à partir de 2005 est plus radicale. « Nous avons progressivement arrêté de faire du croisement et nous travaillons en race pure Holstein-frisonne irlandaise depuis presque vingt ans. Dans le cadre d’un projet appelé Next Generation, nous avons acheté les 10 % de génisses ayant le meilleur EBI (index économique) dans les élevages irlandais. Désormais nous disposons de mères à taureaux et produisons notre semence », apprécie Michaël O’Donovan.
Luc Delaby, chercheur Inrae, et présent à Moorepark, souligne d’ailleurs que contrairement à une idée reçue, les éleveurs irlandais ont finalement peu recours au croisement laitier. « Cela représente moins de 8 % des inséminations », relativise-t-il. « Ils sont de plus en plus nombreux à utiliser la Holstein-frisonne irlandaise en race pure parce qu’elle fait des animaux plus lourds que les kiwi. »
95 à 100 g de matière utile par litre de lait
Les taux élevés sont un autre avantage de cette race. « Les vaches du troupeau de Moorepark produisent entre 5 500 et 6 000 litres de lait à 36-38 g/l de TP et 48-50 g/l de TB. Leur objectif est d’atteindre 95 à 100 grammes de matière utile par litre de lait avec un système pâturant alors qu’en France nous avons du mal à atteindre 80 g/l de MU. » Précisons que les vaches du troupeau consomment entre 500 et 800 kilos de concentrés par lactation. Pour Luc Delaby, la Holstein-frisonne irlandaise représente une très bonne alternative au croisement laitier dans des systèmes très pâturants. « Les centres de sélection irlandais sont prêts à répondre à la demande. »