Désherbage : La difficile maîtrise du souchet
La mise au point d’une récolteuse apporte des perspectives d’amélioration de la lutte mécanique et d’abaissement du stock semencier du souchet. Mais cette plante est loin d’être maîtrisée…
La mise au point d’une récolteuse apporte des perspectives d’amélioration de la lutte mécanique et d’abaissement du stock semencier du souchet. Mais cette plante est loin d’être maîtrisée…
Différents partenaires se sont regroupés dans le cadre du programme régional « Gesti_cyper », centré sur la problématique Cyperus dont principalement l’espèce est le souchet, Cyperus esculentus. Conduit par le Sileban et en partenariat avec la Fredon Basse-Normandie, ce groupe de travail régional a défini un prototype de machine capable d’exporter les tubercules de souchet (plante invasive se propageant par tubercule) afin d’agir sur le stock semencier, en dehors des périodes de culture.
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Ainsi, à partir d’une base d’arracheuse de pomme terre simplifiée, des adaptations et installations d’équipements spéciaux ont abouti à un prototype fonctionnel après deux campagnes de conception et de mise au point (2017-2018). « Cet outil est adapté pour absorber un volume de sable important sur une profondeur de travail 15 à 20 cm. Il réalise le tamisage et l’extraction des plantes entières de souchet, parties aériennes et souterraines, pour les exporter du champ », explique Bruno Pitrel, Sileban. Le maillage des tamis de criblage a été réduit au maximum (4 mm) sur la deuxième version de prototype (2018) qui est aujourd’hui pratiquement finalisée. Les essais réalisés en parcelles démonstratives fortement infestées ont permis de qualifier les conditions d’optimisation de la machine et de stades d’intervention du souchet (voir tableau). Le rendement de la machine est estimé à 1 000 m²/heure tandis que l’efficacité de récolte des tubercules est évaluée à 60 % dans les tests réalisés en conditions optimales d’intervention (sol et stades de souchet). Pour des raisons pratiques, cette estimation d’efficacité est approximative mais après un seul passage, il reste donc une part relativement importante de tubercules qui gardent une capacité d’émergence. Il faut donc envisager cette opération dans un cadre de programme de lutte global intégrant d’autres moyens. « Le coût d’un chantier de récolte est environ de 1 300 € HT/ha, hors frais d’acheminement des déchets d’exportation », estime le spécialiste. La poursuite des évaluations sur parcelles démonstratives permettra d’éprouver l’effet de renouvellement de passages et d’intégration en itinéraire technique culture.
Prioritairement en parcelle fortement infestée
« Les résultats 2018 sur une parcelle démonstrative très fortement infestée montrent une réussite d’itinéraire technique sur une mise en culture de poireau succédant à deux passages de machine (2017 et 2018) avec un programme herbicide intégrant la spécialité Springbok (Dmtap + metazachlore) dont le spectre permet un contrôle du souchet en phase de culture. Cet usage a été possible au titre de la dérogation AMM 120 jours accordée en 2019 », précise-t-il. Pour la campagne 2019, le prototype devrait être plus largement disponible pour des interventions en parcelle de production. En parallèle, des essais doivent être poursuivis afin de valider des itinéraires en programmes, prioritairement sur carottes, et d’estimer dans la durée les évolutions de stocks semenciers et de classement d’infestation de parcelle. « Il faudrait donc déployer plus largement l’usage de ces outils prioritairement en parcelle fortement infestée. Néanmoins, dans de nombreuses situations, ces nouveaux moyens ne pourront, par leur niveau d’efficacité, résoudre à eux seuls cette problématique Cyperus », constate Bruno Pitrel. Une réelle maîtrise des souchets suppose de mettre en œuvre des mesures de lutte avec une fréquence régulière et dans chaque cycle de culture. A défaut, une reprise de multiplication de la plante invasive peut intervenir. « En l’état actuel, il faut faire le constat que les moyens de lutte disponibles ne permettent plus cette fréquence et donc de garantir un contrôle durable de ce type de plante à l’échelle de système de cultures légumières », conclut-il.
Source : Jardins du littoral mai 2019