Covid-19 : Feu vert de Bruxelles pour le dispositif national de régulation de la production de lait
Une première tendance à la modération de la production est constatée sur le mois d'avril, mais les chiffres consolidés de collecte remontés par les laiteries ne seront pas connus avant la mi-juin.
Une première tendance à la modération de la production est constatée sur le mois d'avril, mais les chiffres consolidés de collecte remontés par les laiteries ne seront pas connus avant la mi-juin.
Les éleveurs qui ont joué le jeu de la modulation en avril pourront bénéficier du fonds de solidarité doté de 10 M€ mis en place par l’interprofession laitière dans le cadre de la crise liée au coronavirus. La Commission européenne a validé cette demande de mesure de planification temporaire de la production ( le règlement d'application d'application permettant l'activation de l'article 222 de l'OCM est paru). L'aide se calcule sur la totalité du volume non produit pour une baisse de 2 à 5% (sur la base de la production d'avril 2019) à un prix maximum de 320€/1000 litres. Le calcul sera fait directement sur les données de livraisons mensuelles à partir des fichiers des laiteries: pas besoin donc de réaliser une demande individuelle. L'enveloppe de 10 M€ ne pourra être dépassée: si besoin, le seuil maximal d'idemnisation établi à 5% (pour le volume indemnisé) pourra être revu à la baisse.
L’enjeu était d’éviter de jeter du lait
"Une première tendance à la modération de la production est constatée sur le mois d'avril, mais le chiffre consolidé ne sera pas connu avant mi-juin", affirme le Cniel. L’enjeu prioritaire de cette mesure était d’éviter de jeter du lait. Le pic de production de lait était en effet estimé par le Cniel à 3,3% de plus que la collecte hebdomadaire moyenne enregistrée sur le début d’année soit 16 millions de litres par semaine. Sur la durée du pic, cela représente 64 millions de litres de lait supplémentaires que la filière aurait du absorber avec des outils de production d’ores et déjà saturés suite aux évolutions de circuits de distribution et de consommation (fermeture des marchés, des restaurants….).
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30 millions d’euros d’aide au stockage privé
La Commission européenne a aussi proposé au Conseil des ministres de l’Agriculture d’activer le dispositif d’aide au stockage privé de beurre, de poudre maigre et de fromages qui sera ouvert jusqu’au 30 juin prochain. Elle a débloqué 30 millions euros dont 6 M€ pour 90 000 t de poudre maigre, 14 M€ pour 140 000 t de beurre et 10 M€ pour 100 000 t de fromages dont le volume est pré-ventilé entre pays (21 726 t pour l’Allemagne, 18 394 t pour la France, 12 654 t pour l’Italie…).
Pas de dispositif géré au niveau européen
En revanche, elle n'a pas proposé l'activation de l'article 219, faute de demande forte des Etats membres. Cet article permet la mise en place d'un dispositif européen d'incitation volontaire de réduction des livraisons par les éleveurs, comme en 2016. "En dehors de la France et de l'Italie, peu de transformateurs laitiers incitent leurs livreurs à la modération. Sans dispositif communautaire fort d'incitation à la réduction volontaire des livraisons, l'Union européenne s'achemine vers une crise laitière qui pourrait être bien plus longue et profonde que les deux précédentes", estime l'institut de l'élevage (dans Tendances de mai 2020).
Des épandages de poudre de lait dans sept pays
Des actions symboliques d’épandage de poudre ont été organisées le 7 mai en Belgique, Allemagne, Italie, Danemark , Lituanie, Luxembourg et France à l’initiative de l’EMB (European milk board). Ces actions ont été organisées en France par la Coordination Rurale et l’Apli qui protestent ainsi contre les aides au stockage privé pour la poudre, le beurre et le fromage. Une mesure qu’elles estiment prises au profit de l’industrie de la transformation et non pour les producteurs. La seule mesure qu’elles jugent efficace pour réduire la pression sur le prix du lait est l’instauration d’un programme de réduction volontaire de la production géré au niveau européen.