[Covid-19] Au Québec, des mesures pour réduire rapidement la production
Les producteurs québecois ont réduit leur production de 4,5 % et supporté le coût de cet ajustement.
Les producteurs québecois ont réduit leur production de 4,5 % et supporté le coût de cet ajustement.
° Dès la mi-mars, un comité filière de gestion de crise a été créé au niveau du Québec. « Il a bien fonctionné », estime Annie Royer de l'université Laval au Québec. Deux mesures exceptionnelles été adoptées rapidement pour réduire la production : elles ont permis de baisser la collecte de 4,5 %. « La première a consisté à limiter l’usage des tolérances. Les producteurs québécois ont un quota MG de production, qui est journalier. Le dispositif tolère de la sous- et surproduction dans certaines limites, avec possibilité de report des sous-productions sous forme de crédit de production. » L’effet de la limitation de cette tolérance (avec des pénalités à 13 €/hl) a été quasi immédiat : « trois jours après sa mise en place, la production a baissé de 4 % ».
La deuxième mesure est la réduction de 2 % du quota à partir du 1er mai. « Le système québecois de gestion de l’offre permet d’adapter le quota aux besoins du marché », précise-t-elle. Les 4 800 éleveurs québecois (70 vaches en moyenne) ont été tous appelés par un conseiller pour les aider à limiter l’impact financier de la baisse de production.
° Le prix du lait a baissé de 9,5 % en avril pour plusieurs raisons. « Les produits à forte valeur ajoutée (fromage et crème) ont été particulièrement impactés par la fermeture quasi-totale du HRI (hôtellerie-restauration-institution). Les coûts de stockage des surplus de lait sont au Québec supportés par les producteurs. Du lait a dû être jeté fin mars-début avril : 14 millions de litres, soit 4,9% de la production québecoise du mois d’avril (25 Ml au Canada), et 4,3 millions de litres ont fait l'objet de dons. Enfin, la chute des cours mondiaux de la protéine a fait baisser le prix de classe 7. »
° Il n’y a pas eu d’explosion des stocks publics et privés de beurre et de cheddar grâce à la réduction de la production. La ligne de crédit d’achat public du lait de stockage a augmenté (de 196 à 327 M€). Le gouvernement canadien a acheté des produits pour les banques alimentaires mais cela a peu concerné les produits laitiers. Quant aux prix des produits laitiers, ils ont en moyenne augmenté de 1,3 %.
° Les inquiétudes liées à l’entrée en vigueur en juillet du traité de libre-échange avec les USA (Alena 2.0) viennent s’ajouter à la crise liée au Covid-19 : « il va impacter la production laitière domestique ».