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Macroéconomie
[Coronavirus Covid-19] L’OCDE parie sur un recul de 0.5% de la croissance mondiale suite à l'épidémie

L’organisation internationale a établi deux scénarios quant aux effets du coronavirus sur l’économie mondiale : l’un « de départ », et l’autre à « effet domino », susceptibles d’influencer les marchés agricoles.

© TheDigitalArtist - Pixabay

La croissance économique mondiale pourrait reculer de 0.5% en 2020 par rapport à la publication antérieure de novembre 2019 mais également par rapport à l’année 2019, compte tenu de l’expansion du coronavirus, selon un rapport intermédiaire publié par l'OCDE le 2 mars intitulé « Coronavirus : l’économie mondiale menacée ».

Dans ce scénario dit de « départ » ou de « base », l’épidémie serait circonscrite, soit une situation similaire à celle observée actuellement : la Chine comme principal pays touché, plus d’autres pays de la zone Asie-Pacifique et de l’hémisphère nord. Dès le début du deuxième trimestre, l’économie mondiale devrait se reprendre graduellement, à condition que les pays décident de mettre en place des politiques macroéconomiques favorables, à l’aide de relances budgétaires ou d’actions des banques centrales. Ces leviers permettraient de réduire les effets négatifs du coronavirus sur la consommation et la production de biens et de services dans le monde. Parmi elles, ont compte la baisse des taux directeurs (déjà très bas dans la zone euro), la réduction des réserves obligatoires imposées par les banques centrales ou banques commerciales, le report de paiement de la TVA, ou encore la baisse des cotisations sociales, indique le rapport. Ainsi, si le scénario de base de l’OCDE se vérifiait, les effets de l’épidémie de coronavirus sur les prix des grains pourraient être plus ou moins rapidement effacés. « Le monde ne va pas arrêter de manger. Il s'agit plus d'un report de la demande en produits agricoles qu'une diminution », estime Arthur Portier, analyste d'Agritel. Ce dernier explique que le pic de l'épidémie pourrait survenir dans les 10-15 prochains jours, correspondant au temps d'incubation du virus, avant que tout ne revienne à la normale. Un scénario compatible avec celui de base de l'OCDE.

Des opérateurs optimistes quant à l’action des pouvoirs publics

Les opérateurs parient sur le fait que les principales banques centrales mondiales maintiennent ou amplifient les politiques monétaires accommodantes, qui passent, entre autres, par la baisse des taux d’intérêt et la réduction des réserves obligatoires, respectant ainsi les recommandations de l'OCDE. Raison pour laquelle les places boursières mondiales ont rebondi en début de semaine 10, entraînant dans leur sillage les grains (Euronext, Chicago). Reste à savoir quels outils les gouvernements et banques centrales développeront précisément, sachant que dans la zone euro, les taux sont déjà très bas. Suite à une réunion téléphonique entre les ministres des Finances du G7 le 3 mars, Jérôme Powell, président de la Fed (réserve fédérale américaine), a annoncé une baisse des taux d'intérêt de 0,5%. « Les opérateurs s'attendaient à une baisse des taux mais pas d'une telle ampleur: il s'agit de la plus importante baisse par la Fed décidée depuis la crise de 2008. Ces derniers estiment donc que l'épidémie a un effet encore plus intense que prévu sur l'économie, pesant sur les marchés boursiers », alerte Arthur Portier.

Baisse de la croissance mondiale de 1,5% ?

Un scénario plus pessimiste, dit « d’effet domino » est également envisagé par l'OCDE. La croissance économique mondiale sur l’année 2020 reculerait de près de 1,5% par rapport aux prévisions de novembre 2019, pour tomber à 1,4%. Il s’agit d’un scénario tablant sur « une propagation plus massive dans la région Asie-Pacifique ou dans les grandes économies avancées de l’hémisphère nord », explique le rapport. Les échanges mondiaux seraient bien plus affectés : l’économie planétaire serait freinée « tout au long de l’année 2020 », entraînant un ralentissement « des exportations de toutes les économies », du fait d’un recul de la demande des pays importateurs. Au niveau agricole, Arthur Portier rappelle qu’un arrêt trop prolongé d’usines d’aliment pour animaux en Chine, dû à des ruptures d’approvisionnements (routes/ports bloqués), conduirait à des abattages en élevages, et pénaliserait la demande en grains. Dans ce contexte, Pékin pourrait encore plus difficilement tenir sa promesse d’achats massifs de biens agricoles états-uniens. Le colza, la commodité agricole cotée sur Euronext la plus corrélée aux effets du Covid-19 sur l’économie mondiale, pourrait voir la volatilité de ses prix s’intensifier, dans ce scénario pessimiste. Arthur Portier rappelle sa forte relation avec l’huile de palme cotée à Kuala Lumpur, le pétrole sur New-York et Londres et le soja sur Chicago. « La Chine est très gourmande en huile de palme, surtout lors des festivités du nouvel an, dont beaucoup d’évènements ont été annulés fin janvier, pénalisant la demande alimentaire chinoise. Raison pour laquelle les prix sur Kuala Lumpur ont reculé de 20 % depuis le 22 janvier, entraînant dans son sillage le colza », détaille l’analyste d’Agritel. D’autres pays importateurs de grains états-uniens, tels que la Corée du Sud ou le Japon, pourraient également revoir à la baisse leurs besoins, pesant sur les flux états-unien et susceptible de peser sur les prix à Chicago.

 

 

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