Elevage bovin
[Coronavirus Covid-19] Nutrition animale bovine : vers un retournement du marché des ruminants, notamment laitiers
Avec la mise à l’herbe mais, surtout, les changements de consommation liés à la crise du Covid-19, la nutrition animale française devrait vivre une forte réduction des achats des éleveurs de ruminants dans les semaines à venir.
Avec la mise à l’herbe mais, surtout, les changements de consommation liés à la crise du Covid-19, la nutrition animale française devrait vivre une forte réduction des achats des éleveurs de ruminants dans les semaines à venir.

Après une forte hausse des commandes en semaine 12 et 13, la semaine 14 est redevenue plus normale dans les usines d’aliments pour animaux. Mais, alerte François Cholat, président du Snia, « nous craignons un véritable retournement à partir de la semaine 15 pour les aliments ruminants notamment laitiers, avec peut être jusqu’à -20% par rapport à la même semaine de 2019 ». Le sur-stockage par les éleveurs en début de crise n’explique pas tout. La mise à l’herbe, qui est en cours dans toute la France, marque toujours un point bas dans les commandes des éleveurs laitiers. Mais s’y ajoute en effet cette année la réduction de la collecte demandée par l’interprofession laitière pour s’adapter au changement fondamental de la consommation : fermeture des restaurants et des écoles, fermeture de nombreux marchés, réduction des ouvertures des rayons traditionnels dans les GMS, mais aussi par exemple dans les domaines skiables, réduction d’un mois de la saison d’hiver… autant de raisons qui expliquent que, même si les familles achètent plus de lait, beurre et crème (+22% en mars), elles ont sorti le fromage de leurs repas, surtout les AOP, la RHD a perdu 80%, les usages industriels et l’exportation 25% chacun… Bref si la collecte laitière suit sa courbe naturelle, il y aura du lait dans les canivaux.
Freiner la collecte mais sans casser les vaches
Les laiteries demandent donc à leurs éleveurs de réduire leur production en avril. Les courriers sont arrivés dans les fermes avec des demandes allant jusqu’à des -20% par rapport à la collecte d’avril 2019, voire des pénalités pour ceux qui ne respecteraient pas ce coup de frein. L’interprofession laitière accompagne financièrement cette réduction de collecte : 320€/1000 litres non produits en avril 2020 par rapport à la même période de l’année précédente, sauf pour les JA et ceux qui ont bénéficié de hausse de références dans l’année, deux catégories de producteurs pour lesquels la période de référence sera mars 2020. L’interpro diffuse également, via l’Idele, des conseils techniques pour réduire la production, comme l’arrêt de la distribution de concentrés. « Il faut que les éleveurs fassent confiance à leurs techniciens qui vont réajuster les formules, comme c’est notre métier et non pas couper toute l’alimentation. C’est par exemple dangereux de couper le pic de production car si une vache, ou une chèvre, n’atteint pas son pic au moment normal, elle n’y reviendra pas » souligne François Cholat. Il veut donc délivrer plusieurs messages techniques. « Tout d’abord, la mise à l’herbe n’est pas si simple car certaines prairies ont souffert de la sécheresse des années précédentes. Certains éleveurs dans des zones comme le Puy de Dome, la Haute Loire et l’Ardèche nous demandent des aliments de substitution » illustre le président. Il rappelle aussi qu’il y aura un après covid 19 et que les animaux doivent rester capables de produire : quand ils consomment leurs réserves en énergie, en protéines et en minéraux, ils ont du mal à les reconstituer ensuite. La nutrition animale insiste donc sur le besoin d’apports adaptés même à un niveau de production moindre. Même une vache tarie plus tôt que prévu doit être suivie: « toute vache tarie doit aussi être nourrie pour le futur, le tarissement étant le moment de la préparation le vêlage » conclut le président.