[Coronavirus Covid-19] En tomates, l'emballage poursuit néanmoins sa révolution
La crainte du coronavirus et le développement du drive ont conduit depuis deux mois à une demande accentuée de produits préemballés. La tendance à supprimer les emballages plastique se poursuit néanmoins.
La crainte du coronavirus et le développement du drive ont conduit depuis deux mois à une demande accentuée de produits préemballés. La tendance à supprimer les emballages plastique se poursuit néanmoins.
Depuis le confinement, la plupart des opérateurs en tomates ont constaté une modification des attentes des distributeurs en matière d’emballage. Dans un premier temps, les gros conditionnements de 7 à 10 kg ont été les plus recherchés, pour répondre à la demande de produits de masse et simplifier la logistique face au manque de main-d’œuvre sur les plates-formes logistiques et en magasin. Des opérateurs ont aussi anticipé la mise en marché des petits colis de 800 g ou 1 kg de tomates cerise, généralement vendus plus tard en saison. Rapidement toutefois, la demande s’est orientée vers les unités de vente consommateurs (UVC), pour les petits fruits surtout mais aussi pour la grappe.
Crainte de contracter le virus en consommant des fruits et légumes ayant été manipulés par d’autres clients, arrêt de la restauration hors foyer et des marchés et report sur la grande distribution, explosion du drive et de la livraison à domicile : en quelques semaines, la demande pour de la tomate en barquette a fortement progressé. « Certaines enseignes commandent 30 % d’UVC de plus qu’habituellement », constate Christophe Rousse, président de Solarenn. « Nos volumes en UVC ont été multipliés par trois sur certains segments », indique Camille Aguer, chef de produit marketing tomate à Prince de Bretagne. Les opérateurs ont donc dû s’adapter rapidement et renforcer leurs lignes de conditionnement en barquettes.
Développement de la barquette carton
Malgré tout, la tendance à supprimer les emballages plastique se poursuit. En 2020, la plupart des opérateurs seront passés au 100 % barquette carton ou d’origine durable. Le plus souvent, ces barquettes sont encore emballées dans un flow pack plastique d’origine fossile. Mais l’objectif d’ici un ou deux ans est de supprimer ce film en le remplaçant par un film plus durable (biodégradable, compostable…) ou en passant au 100 % carton.
À Rougeline, toutes les tomates en barquette sont passées en 2020 à la barquette carton (99 %) ou en cellulose moulée ou bois (1 %) et des solutions sont en test pour remplacer le film plastique. À Solarenn, tous les produits en barquette bénéficient désormais de barquettes en carton et l’objectif d’ici 2022 est d’utiliser uniquement des emballages 100 % recyclables et durables (barquettes et films). Océane a passé toute sa gamme barquettes au carton. Prince de Bretagne va remplacer en 2020 toutes celles en plastique par des barquettes carton et réfléchit à supprimer le plastique des sachets flow pack. Kultive propose des tomates cerise ZRP en barquettes carton.
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La suppression totale du plastique est toutefois un défi technique et économique. D’une part, l’offre de films biodégradables et/ou compostables est encore limitée et pas toujours satisfaisante (esthétique, coût, fin de vie). D’autre part, une barquette 100 % carton pose le problème de la visibilité du produit, de son inviolabilité, des contraintes mécaniques, de l’automatisation du conditionnement, de son coût… Début mai, Savéol a toutefois lancé une barquette 100 % carton, issue du partenariat avec l’entreprise finistérienne ETpack. Deux nouvelles lignes ont été installées pour rabattre, coller et fermer le couvercle des nouveaux emballages. Trois références de tomates cultivées sans pesticides bénéficient désormais de cette barquette : les cœurs de pigeon 250 g, le mélange couleurs 350 g et les tomates cerise 250 g.
Lancement de la barquette 200 g de tomates cerise
Une autre initiative en 2020 est le lancement par plusieurs opérateurs d’une barquette de 200 g de tomates cerise rondes rouges. « La réflexion a été menée en 2019 dans le cadre de l’AOPn Tomates et Concombres de France, explique Gilles Bertrandias, directeur de Rougeline. Le marché étant très compliqué, nous nous sommes demandé comment reprendre de l’espace sur les produits d’importation en tenant compte des coûts de production français. Une solution mise au point avec les distributeurs a été d’offrir une alternative nationale à la tomate cerise d’importation à 0,99 € la barquette de 250 g en rayon, pendant la période de production française, de mars à octobre, en proposant une barquette de 200 g de tomates cerise qualitatives. ».
Dès cette saison, plusieurs opérateurs s’y sont mis. Rougeline devrait en proposer 1 500-1 800 t cette année, soit 10-15 % de son offre de petits fruits, en partenariat avec plusieurs enseignes (Intermarché, Carrefour, Lidl, E.Leclerc, Auchan). Solarenn, Océane, Kultive, Savéol en proposent également. Une offre qui tombe à pic cette année où la grande distribution s’est particulièrement engagée à privilégier l’origine France.
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Remise en cause de la caisse plastique réutilisable
Depuis quelques années, la pression de la grande distribution pour une livraison des fruits et légumes en caisses plastiques réutilisables s’est faite de plus en plus forte. Mais la détection en février 2020 du ToBRFV (virus du fruit rugueux brun de la tomate), virus dangereux et très transmissible d’un plant à l’autre, a changé la donne. Une recommandation du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour éviter la propagation du virus étant d’éviter toute introduction de matériel de l’extérieur, les producteurs aujourd’hui ne veulent donc plus de caisses plastiques réutilisables dont ils ne savent pas d’où elles viennent ni si elles ont été bien désinfectées. Un enjeu que les distributeurs ont apparemment bien compris.