Risque crédit
[Coronavirus Covid 19] Des défaillances d’entreprises à venir dans le monde en très grand nombre selon la Coface
Le nouveau baromètre du risque crédit du spécialiste de l’assurance-crédit vient d’être publié. L’agroalimentaire paraît encore résilient mais ceci n’efface pas les risques.
Le nouveau baromètre du risque crédit du spécialiste de l’assurance-crédit vient d’être publié. L’agroalimentaire paraît encore résilient mais ceci n’efface pas les risques.
La Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur, plus connue sous le nom de Coface et spécialiste de l’assurance-crédit, a publié le 12 juin une mise à jour de ses estimations sur le risque crédit lié aux activités économiques dans le monde. Comme annoncé début avril, l’organisme confirme des taux de défaillances possibles très importants pour les mois à venir : elles « devraient augmenter d’un tiers dans le monde d’ici 2021 par rapport à 2019 », peut-on lire dans le dernier baromètre paru ce lundi sur ce sujet.
Toutes les principales économies des pays développés seraient touchées avec 43 % d’augmentation des défaillances aux Etats-Unis ou encore + 37 % au Royaume-Uni. Le Japon (+ 24 %) et la France (+ 21 %) s’en sortent moins mal alors que l’Allemagne ne verrait ce taux augmenter que de 12 %. Les experts de la Coface font également remarquer que « beaucoup d’économies émergentes (+ 44 % au Brésil et + 50 % en Turquie) seront aussi affectées ».
En conséquence, l’organisme a procédé à une réévaluation du risque de crédit des entreprises à court terme (6 à 8 mois) : « Coface prend acte de cette montée du risque de crédit observée au cours du dernier trimestre qui se traduit par 71 déclassements d’évaluations pays, soit un peu plus de 40 % des économies couvertes dans le monde. Même chose du côté des 13 secteurs d’activité évalués dans 28 pays représentant 88 % du PIB mondial, dont environ 40 % sont déclassés ».
Le secteur du transport reste le plus impacté par les conséquences de la crise du Coronavirus, suivi par l’automobile et la distribution, des segments de l’économie déjà en souffrance l’année précédente. Les secteurs de la pharmacie, l’agroalimentaire, certains types de médias et les télécommunications se sont montrés, dans l’ensemble, plus résilients.
La Coface estime que même si les mesures de déconfinement permettent un certain redémarrage de l’économie, la reprise n’est que « progressive et partielle » et elle ne « gommera pas les effets du confinement sur la croissance ». Ainsi, l’assureur crédit envisage une baisse du PIB de 4,4 % au niveau mondial (- 6,8 % pour les pays développés et – 1,4 % pour les pays émergents hors Brésil, Russie, Inde et Chine ; - 11,6 % pour la France, – 9,7 % pour la zone euro et – 7,2 % pour l’Allemagne) en 2020. Pour 2021, le PIB devrait croître de 5,1 % au niveau mondial (+ 4,7 % pour les pays développés et + 5,5 % pour les pays émergents hors Brésil, Russie, Inde et Chine ; + 9,7 % pour la France, + 7,7 % pour la zone euro et + 5,8 % pour l’Allemagne). La Chine enregistrerait une toute petite croissance en 2020 (+ 1 %) avant de progresser à + 7,5 % en 2021. Même phénomène pour l’Inde avec + 1,5 % en 2020 et + 6,5 % en 2021. Le Brésil verrait son PIB reculer de 6,5 % en 2020 avant de renouer avec le positif en 2021 (+ 2,8 %), tout comme la Russie (- 5,8 % et + 2 %).
Bien sûr, toutes ces prévisions se font de certaines hypothèses structurantes, dont la première est l'absence de deuxième vague du virus. Il faudra bien entendu suivre le taux d’épargne de précaution des ménages, en nette hausse ces dernières semaines, et qui le restera sans doute encore pour quelque temps. Les outils de politique économique de relance, sans doute de type « ultra expansionnistes », seront également à observer de près. Coface fait enfin reposer ses hypothèses sur un baril de pétrole à 35 $ en moyenne pour 2020.
A propos de l’agroalimentaire
Si certains produits agroalimentaires ont profité d'un effet de surconsommation pendant la période de confinement, permettant au secteur concerné une relative résilience, les phases de déconfinement ramènent sur le devant de la scène les défis structurels existants auparavant : conditions climatiques (sécheresses, inondations) et maladies biologiques (peste porcine, invasion de légionnaires d’automne) …
La guerre commerciale Etats-Unis/Chine refait aussi son apparition et il faudra observer les comportements de levée, ou non, de certains pays en matière d’importations/exportations pour certains produits, notamment en fonction de l’évolution des prévisions de récoltes.
Autre question : le comportement des consommateurs face à l’alimentation : envie de consommer, voire de surconsommer ? envie de faire attention pour des raisons autant financières que sociologiques (gaspillage, notion d’alimentation essentielle et superflue…) ? le retour dans les lieux de consommation hors foyer ?
Selon la Coface, la question de savoir si « la demande de biocarburants (à base de maïs et de soja par exemple) reste attractive – dans le contexte de la baisse des prix du pétrole, aura des conséquences sur les éventuelles pressions à la hausse des prix des denrées alimentaires ».
Au final, la Coface estime que le risque de crédit, dans l'agroalimentaire reste stable, entre moyen et élevé (l'échelle comporte une catégorie très élevé), pour cinq des six grandes zones géographiques de la planète (Amérique du Nord, Amérique latine, Europe centrale et de l’Est, Europe de l’Ouest et Moyen-Orient/Turquie). La situation se dégrade pour la partie Asie-Pacifique qui passe de risque moyen à élevé.