Choisir ses faisceaux trayeurs pour la traite des chèvres
Avec 40,3 % de non-satisfactions sur les faisceaux trayeurs et 28,4 % sur la régulation du vide, les 2 739 contrôles Opti’Traite réalisés en 2022 montrent que le réglage et l’entretien des machines à traire ne sont pas encore optimums en élevage caprin. Ils sont pourtant indispensables pour le bon fonctionnement de la salle de traite, préserver la santé des chèvres et de bonnes conditions de travail pour les éleveurs. Cela passe par la connaissance de son matériel, particulièrement du faisceau trayeur, interface homme-animal-machine. Parmi la diversité des matériels proposés, quelques critères peuvent aider les éleveurs à faire leur choix et sont présentés dans ce dossier. Le plus important étant de prendre le temps de poser ses objectifs et d’essayer en condition pour faire le choix le plus adapté à ses besoins et ceux de ses animaux. Au-delà du choix du système de traite, roto ou traite par l’arrière, qui induisent une pratique bien différente au quotidien, celui du faisceau trayeur et de ses options est très important, car c’est la partie utilisée tous les jours par l’éleveur.
Dans le choix de son matériel de traite, il faut réfléchir dans sa globalité le lien animal-machine-trayeur. « Entre l’utilisation que l’éleveur veut en faire et l’adaptation aux caractéristiques de ses animaux, ce choix est plus multicritère qu’on peut le croire au premier abord », prévient Jean-Louis Poulet, responsable de projet recherche et développement traite à l’Institut de l’élevage.
« Pour traire des chèvres aux mamelles homogènes avec des pratiques d’hygiène standard, presque tous les matériels peuvent convenir, souligne-t-il. Mais avec un troupeau hétérogène en termes de morphologie de la mamelle, avec des débits variables, il faut tout sauf un faisceau complexe. Chaque éleveur doit fixer ses critères, partir d’une gamme et resserrer son choix au fur et à mesure. Enfin, élément à prendre en compte également pour le fonctionnement au quotidien, la présence dans son secteur des techniciens du matériel choisi. »
Essayer en situation
Avant de choisir, comme pour tout investissement, il faut se mettre au clair sur ses objectifs, et aussi essayer les matériels, les voir en fonctionnement.
« Entre roto et traite par l’arrière (TPA), la gestion de la traite est différente dans l’un ou l’autre système, à chacun ses préférences. Concernant le choix entre ligne haute ou basse, la première permet un simple équipement, mais elle nécessite un vide plus important pour faire remonter le lait. La règle est de ne pas dépasser deux mètres de hauteur du lactoduc pour permettre la circulation des bouchons et l’accessibilité des éléments du poste de traite. Attention, si la chambre de réception est au niveau 0 en bout de ligne, avec une pente à 2 %, on peut être à plus deux mètres à l’autre extrémité. Ce paramètre est à bien définir avec l’installateur. La ligne basse permet un équipement complet ou simplifié, avec une ou deux chèvres par poste. Au-delà, attention aux longueurs de tuyaux. C’est aussi une installation plus simple puisque le lait s’écoule tout seul par gravité vers le lactoduc. Dans les deux cas, la meilleure position pour le faisceau trayeur est le plus en face possible de la mamelle et le plus court possible. La TPA garantit la position la plus alignée entre la chèvre, le trayeur et le tuyau. »
Compatibilité de l’ensemble de l’installation
« Là où l’éleveur a un choix important à faire, c’est le choix du faisceau trayeur. Ce qu’il utilise tous les jours », précise Jean-Louis Poulet.
Plus spécifiquement sur le choix des faisceaux trayeurs, ils doivent être adaptés aux besoins des trayeurs et de l’installation de traite pour assurer quotidiennement une traite efficace tant pour les hommes que pour les chèvres. En cas de rénovation, « changer de modèle de faisceau trayeur nécessite de vérifier leur compatibilité avec l’installation en place, notamment avec une ligne haute ou basse, certains faisceaux étant conçus spécifiquement pour l’une ou l’autre. Il faut également s’assurer de l’association avec les plateaux de lavage, la pompe à vide et le débit maximal permis par le lactoduc. De la même façon en cas d’augmentation du nombre de postes de traite, la capacité de l’installation doit être suffisante. »
Pour bien choisir, il est important de bien comprendre les différentes options existantes.
Choisir les fonctions du faisceau
La pose des faisceaux trayeurs sur les trayons, puis la dépose sont des étapes importantes de la traite. « Mal maîtrisées, elles peuvent compromettre l’intégrité du sphincter et favoriser la transmission des infections. Les pratiques qui ne sont pas adaptées au matériel sont à proscrire. On ne peut pas, par exemple, finir une traite sans avoir coupé le vide. Il existe des pinces très simples si la coupure n’est pas automatique. Il faut se rappeler que, en fin de traite, le manchon agit sur un trayon vide, une chair sans réactivité. La mise sous vide automatique évite les entrées d’air lors de la pose des gobelets sur les trayons. La coupure automatique du vide, elle, évite d’aspirer des souillures en cas de chute d’un gobelet pendant la traite. Enfin, la coupure de vide à la dépose préserve le bon état du trayon en coupant le vide avant de retirer les gobelets. C’est indispensable, que la dépose soit manuelle ou automatique. »
Choisir un faisceau adapté à sa morphologie et ses goûts.
En matière d’ergonomie, deux éléments sont à prendre en compte, dont le poids des faisceaux trayeurs qui doit permettre aux gobelets de se maintenir correctement sur les trayons des chèvres et ainsi d’assurer une traite sans incident. Il est également important de concilier le poids avec la morphologie du trayeur de façon à éviter les troubles musculosquelettiques. Il est recommandé de tester les modèles de faisceaux pour évaluer leur prise en main et juger si le modèle convient à la morphologie des animaux.
Caoutchouc ou silicone ?
Le caoutchouc est encore largement plébiscité pour son coût réduit à l’achat. Il se coupe et se déforme aussi moins facilement, notamment au niveau de la collerette. Le silicone est de plus en plus utilisé pour fabriquer les manchons et tuyaux. Translucide et plus résistant aux températures et aux produits de nettoyage, c’est un matériau intéressant au quotidien pour la surveillance de la traite (engorgements, saignements).
Côté web
De nombreux travaux ont été financés par l’Anicap et les fonds Casdar sur la traite caprine au cours des dernières années permettant de disposer de ressources imprortantes sur le sujet, à retrouver sur idele.fr > dossier traite caprine
Le saviez-vous ?
En 2022, le bilan des contrôles Certi’Traite publié par le Cofit* a mis en avant des taux de non-satisfaction élevés sur les installations de traite caprines : 40,3 % sur les faisceaux trayeurs et 28,4 % sur la régulation du vide. Des chiffres très supérieurs à ceux des contrôles en ovins et bovins. Résultats complets à retrouver sur idele.fr/cofit