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Changement climatique : « Il sera indispensable de réduire la dépendance à l’eau » des cultures

L'accès à l'eau sera de plus en plus contraint dans les années à venir, tandis que les besoins des plantes augmenteront sous l'effet de la hausse des températures. L'irrigation ne pourra pas répondre seule à l'enjeu de l'eau, préviennent les experts.

Décaler l'utilisation de l'eau de l'été vers le printemps est l'une des pistes pour composer avec un accès à l'eau de plus en plus contraint pendant l'été. © Gutner archive
Décaler l'utilisation de l'eau de l'été vers le printemps est l'une des pistes pour composer avec un accès à l'eau de plus en plus contraint pendant l'été.
© Gutner archive

Tous les experts s’accordent sur un point : l’accès à l’eau sera de plus en plus contraint dans les années à venir, quels que soient les arbitrages politiques sur la création de retenues. « Des questions sur l’eau émergent presque partout, constate Bertrand Dufresnoy, de la chambre d’agriculture de la Haute-Marne. On s’interroge sur comment récupérer l’eau et comment l’utiliser, y compris dans des régions où l’irrigation était totalement absente, comme la Haute-Marne. »

L’irrigation sera-t-elle la réponse à l’enjeu de l’eau ? « On ne peut ignorer cette piste, mais sans oublier que ce qui peut fonctionner pour une exploitation n’est pas généralisable à toutes, et que seule une partie de la SAU française sera irriguée », tempère Frédéric Levrault, chef de file sur les questions climatiques pour le réseau des chambres d’agriculture.

Des gains d'efficacité de l'irrigation avalés par les besoins croissants des plantes

Nicolas Métayer, en charge d’AgriAdapt chez Solagro, va plus loin. « Il sera indispensable de réduire la dépendance à l’eau, affirme l’agronome. On pourra optimiser l’efficacité de l’irrigation avec du pilotage et du renouvellement de matériel, mais cela dégagera dans le meilleur des cas un gain d’environ 20 %. Or c’est l’ordre de grandeur de la demande supplémentaire qui sera générée du fait de l’augmentation des températures et de l’évapotranspiration. »

Les projections climatiques indiquent que les à-secs seront plus importants et que la disponibilité de l’eau sera sérieusement chamboulée l’été. Pour Nicolas Métayer, « il faudra donc utiliser moins d’eau en période estivale, par exemple avec des maïs du type dry. Ce volume économisé l’été permettra de lutter contre le déficit d’un blé au printemps, à une période où l’on sera moins exposé aux restrictions d’usage. Si l’on veut utiliser tous les volumes d’eau l’été, on ira dans le mur. »

La pérennité des certaines filières menacée

L’enjeu de l’eau interroge sur la pérennité de certaines filières, comme celle du maïs dans le Sud-Ouest. Selon certains observateurs, les mesures d’adaptation telles que l’accompagnement de la construction de stockages d’eau, l’avancement des dates de semis ou l’utilisation de variétés plus efficientes pourraient desserrer l’étreinte quelques années seulement. Il n’est pas certain que cela suffira lorsque les conditions continueront de se durcir.

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