Changement climatique et agriculture : "On assiste à un raccourcissement des cycles phénologiques"
Témoignage de Sarah Colombié, consultante innovation-climat-air-environnement à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, sur les conséquences du changement climatique sur les cultures.
Témoignage de Sarah Colombié, consultante innovation-climat-air-environnement à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, sur les conséquences du changement climatique sur les cultures.
1/Quels changements climatiques observe-t-on à l’échelle nationale sur les 50 dernières années ?
Si l’on regarde depuis le début du siècle il y a très peu d’évolutions jusqu’aux années 1970. A partir de cette période, il y a une rupture dans les courbes de températures avec des variations interannuelles importantes, mais une nette augmentation à chaque décennie. Ainsi, en Pays de la Loire, l’observatoire du climat Oracle permet de montrer une augmentation de 0,3°C par décennie à Saint-Nazaire et 0,43°C par décennie au Mans.
En effet, la Sarthe, en climat plus continental, subit plus fortement ces changements. Ainsi, sur la période de 1970 à nos jours, l’augmentation dans l’est de la région est de plus de 1,5°C. Ce qui est vrai pour la température ne s’observe pas de la même manière pour la pluviométrie. En effet, la quantité de pluie annuelle ne subit pas de variation significative, par contre, lorsque l’on regarde les projections à plus de 50 ans, on observe une répartition différente de la pluviométrie au cours de l’année : moins d’eau l’été et plus en automne-hiver.
2/Quelles sont les conséquences de ces changements sur les cultures et leur environnement ?
L’augmentation de la température sur les végétaux a une première conséquence positive : elle est favorable à la croissance des plantes. Ainsi, on assiste à un raccourcissement des cycles phénologiques avec une croissance plus rapide. Pour les cultures annuelles, cela peut permettre de faire trois cultures en deux ans.
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Pour les cultures pérennes, c’est plus complexe car c’est l’ensemble du cycle qui est perturbé, du débourrement à la récolte. Mais quatre types de risques sont aussi identifiés : le gel, les fortes chaleurs, l’augmentation des risques ravageurs et parasites ainsi que la ressource en eau. En effet, pour ce dernier, l’évolution de la répartition des pluies au cours de l’année associée à l’augmentation de l’évapotranspiration accentuent les stress hydriques estivaux.
3/Quels impacts sont d’ores et déjà observés en Val de Loire ?
Le gel présente un risque supérieur avec l’apparition plus précoce des bourgeons, ce qui rend les vergers et les vignes très vulnérables. L’augmentation des températures entraîne un changement de précocité, ce qui peut rendre les cépages actuels inadaptés au climat futur, cela a des conséquences sur les appellations et le profil aromatique des vins de nos régions qui se retrouvent plus sucrés (entre 1981 et 2010 + 38 g/l sur le chenin et +46,6 g/l sur le cabernet franc en Val de Loire). Les fortes chaleurs impactent les fruits avec des grillures et les conditions de récolte. Les récoltes arrivent plus tôt à cause des températures élevées.