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Dans la Creuse
Un plan de lutte et de prévention des diarrhées néonatales

Le GDS de la Creuse propose aux éleveurs une approche globale de cette maladie multifactorielle, qui va de la recherche du germe en cause à l'analyse des facteurs de risque.

C’est dans le cadre du plan régional de lutte contre les maladies émergentes que le GDS de la Creuse propose un plan d’actions pour les élevages confrontés à des diarrhées néonatales. Il repose sur deux volets : un volet analytique et un volet « diagnostic de troupeau » destiné à mettre en évidence les facteurs de risque de l’élevage, et surtout, à proposer des mesures correctives. Ce diagnostic de troupeau s’appuie sur les résultats d’analyse, mais il est surtout réalisé dans l’élevage. Au programme : une visite des bâtiments, l’observation des animaux et une discussion très ouverte avec l’éleveur sur ses pratiques autour de cinq grands thèmes : le logement, la gestion du troupeau, la relation mère-veau, l’état sanitaire du troupeau, l’alimentation. On retrouve en fait les facteurs de risque influant sur le précieux équilibre entre les capacités immunitaires du veau et la pression de contamination des germes (cf. p.16-17). Les points faibles et les points forts de l’élevage sont recensés pour chacun de ces points, et des mesures sont préconisées, en les priorisant.

EN CONCERTATION AVEC LE VÉTÉRINAIRE

Depuis 2003-2004, campagne de lancement de ce plan, près d’une cinquantaine d’élevages y ont fait appel, à chaque fois en concertation avec leur vétérinaire.Voici l’exemple des époux X, installés en EARL. Ils élèvent un troupeau allaitant, deux tiers charolais, un tiers limousin. Ils ont aujourd’hui 129 vêlages étalés toute l’année. Les diarrhées néonatales étaient pour eux un problème fréquent, rencontré plus ou moins chaque année. Mais cela a pris une ampleur considérable en 2007- 2008 : les veaux ont commencé à être malades dès octobre 2007, et ça n’a plus arrêté. En règle générale, ça touchait les veaux vers 8 jours, avec une diarrhée pâteuse jaune-vert, qui très vite devenait liquide. Le veau tombait tout de suite, avec une déshydratation importante. Bilan: 90 % des veaux traités, 24 % des veaux morts. Devant ce résultat qui fragilise leur exploitation, les époux X, en concertation avec leur vétérinaire, ont donc fait appel au plan du GDS 23. Les différentes analyses ont été réalisées et une visite d’élevage a été effectuée par le Dr Didier Guérin, directeur du GDS 23, en présence du vétérinaire traitant.

TRANSFERT IMMUNITAIRE INSUFFISANT

Dans cet élevage, une grande importance est accordée à la surveillance des vêlages et aux veaux après la naissance, en particulier à la prise de colostrum dans les heures suivant le vêlage. En effet, la stabulation libre, tout à fait fonctionnelle, a été aménagée pour permettre l’installation de cases à veau, et de cases individuelles, tout cela avec des caméras. Les couples mère-veau restent ainsi séparés du troupeau pendant 2 à 3 jours, et la surveillance est facilitée. Les époux X n’hésitent pas à utiliser un biberon ou une sonde pour faire prendre le colostrum à des veaux qui n’ont pas tété. Les allotements sont précisément suivis grâce à la mise en oeuvre d’un diagnostic de gestation systématique. Il n’y a pas de mélange de vaches suitées et de vaches à vêler, ce qui évite les veaux voleurs. Malgré cela, les analyses réalisées ont montré que le transfert immunitaire de la mère au veau n’était pas toujours suffisant. Ce qui laisse penser que la faiblesse vient du colostrum lui-même plutôt que d’une prise insuffisante. Une piste à creuser…

L’ALIMENTATION EN QUESTION

Quels sont donc les éléments qui peuvent intervenir sur la qualité du colostrum dans cet élevage ? Plusieurs points ont pu être mis en évidence : un des éléments majeurs porte sur l’alimentation ; force est de constater que l’aggravation de la situation a été concomitante avec la récolte de fourrages de mauvaise qualité en 2007 ; la base de la ration s’en est trouvée détériorée… A cela s’ajoute une complémentation minérale déjà apportée aux animaux, mais pas forcément de la manière la plus adaptée en fonction des besoins, les besoins des mères étant variables selon les stades de gestation et la saison (puisqu’il y a des vêlages toute l’année). Un autre point concerne le déparasitage, également réalisé, avec des investissements importants en terme de traitements, mais pas forcément optimisés ; enfin, le mélange d’animaux avec cornes et écornés, provoque un stress important, et augmente la surface nécessaire au bien-être des vaches.Tout stress est défavorable à l’immunité. Tous les facteurs étaient ainsi réunis pour affaiblir l’immunité des mères ; et donc celle des veaux, phénomène accentué en 2007 avec le moins bon fourrage.

DÉSINFECTION DU BÂTIMENT

S’il faut renforcer l’immunité des veaux, il faut également diminuer la pression d’infection. Au-delà de la désinfection du bâtiment, nécessaire pour tout élevage concerné par des diarrhées, le système des cases individuelles, dans lesquelles passent successivement les mères et leurs veaux, est un point particulièrement sensible. En effet, si ce système permet une bonne surveillance des animaux, il est aussi un outil formidable de contamination du milieu et des veaux: en milieu contaminé, les vaches, les veaux, malades ou non, excrètent les germes dans le milieu. Les couples mère-veau se succédant dans ces cases, le veau nouveau-né, particulièrement sensible, se retrouve dans un milieu très contaminé. Atteint à son tour, malade, il devient un excréteur particulièrement important. C’est ainsi une chaîne sans fin, qui entretient et amplifie la dynamique de contamination. Il y a donc nécessité d’une hygiène renforcée à ce niveau-là, en particulier quand des problèmes de diarrhée apparaissent dans l’élevage. Dans la même logique, l’absence de box d’infirmerie ne permet pas d’isoler les veaux malades des autres. Les laisser dans le milieu, c’est à coup sûr contaminer massivement l’environnement et donc, les autres veaux. Au final, la visite réalisée a permis de mettre en évidence les points à risque, et de proposer des mesures, qui n’engagent pas d’investissements supplémentaires par rapport à ceux déjà réalisés (tableau ci-dessous). Il s’agit essentiellement de raisonner différemment leur utilisation et de modifier certains points de l’organisation du travail, en mettant l’accent sur l’amélioration de la qualité du colostrum et sur une hygiène renforcée, en particulier en cas de maladie.

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