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Egen’Celia
Un index des taureaux Charolais destinés au croisement Aubrac

Le groupement Celia a conçu un outil, Egen’Celia, qui permet d’indexer les taureaux Charolais de monte naturelle et d’IA utilisés en croisement avec l’Aubrac à partir des données commerciales.

Aujourd’hui, dans les cheptels des adhérents, un tiers des broutards issus d’une mère Aubrac sont croisés Charolais, détaille Hervé Chapelle, directeur du groupement Celia (Aveyron, Lozère, Cantal). Le croisement a beaucoup baissé et les éleveurs ont tendance à choisir des taureaux avec plus de facilité de naissance. Sur la voie femelle, nous constatons une dégradation modérée mais continue de la conformation à 30 mois. Sur les broutards, nous voulons recréer un différentiel de prix avec les purs. Pour cela, il faut pouvoir identifier les pères qui présentent un bon compromis entre potentiel de croissance, aptitudes bouchères et facilité de naissance. » Pour aider les éleveurs dans leur choix, Celia a conçu un outil, Egen’Celia, qui indexe les taureaux d’insémination et de monte naturelle selon les performances des broutards et des génisses grasses Fleur d’Aubrac. « Nous disposons, d’une part, des données commerciales individuelles des broutards et des génisses de boucherie et, d’autre part, des données d’inventaire dématérialisées (Spie) », explique le directeur de Celia.

Analyser la variabilité intra-lots

Comme dans toute indexation, il faut éliminer le plus possible les biais. Les données commerciales (poids, prix au kilo, prix de vente) ont été standardisées à 300 jours pour les broutards. Chaque animal est comparé aux performances moyennes de son lot de référence constitué de tous les broutards de même sexe, de même type racial, issus du même cheptel et vendus à la même période. Six périodes ont été retenues en fonction des fluctuations annuelles de prix. De nombreuses précautions ont été prises pour que l’outil soit « le plus robuste possible » : lots de référence d’au moins trois animaux, élimination des données extrêmes (âge, prix, poids), correction des poids des veaux des  primipares... Pour chaque broutard, des écarts à la moyenne (déviations) ont été calculées sur chacun des critères. En multipliant la moyenne par père de ces écarts (expurgés des extrêmes) par un coefficient de détermination (CD lui-même fonction de l’héritabilité des caractères étudiés et du nombre d’animaux dans le lot de référence), on obtient un index pour chacun des critères : poids à âge type (PAT300), Prix au kg (Px/kg300), Plus-value300. Pour que les index des taureaux Charolais et ceux des taureaux Aubrac (qui sont aussi indexés) soient comparables, les premiers ont été ajustés à la hausse sur le poids et le prix. Les déviations des filles de taureaux d’IA Aubrac n’ont pas été prises en compte pour éviter les biais liés au taux de renouvellement.

Un critère taux de survie à trois jours

« Arrivés à ce stade, nous n’avions fait que la moitié du chemin, reconnaît Hervé Chapelle. Avec ces indicateurs d’aptitudes bouchères, nous risquions de promouvoir des taureaux qui engendrent des difficultés de naissance. » Pour évaluer le caractère facilité de naissance, le directeur de Celia, qui a conçu lui-même cet outil d’indexation, a retenu le critère « taux de survie à trois jours ». L’impact des maladies néo-natales n’intervenant qu’après ce délai, cet index reflète bien les conditions de naissance. Les critères plus-value et taux de survie ont été combinés pour calculer un index de synthèse (I_CELIA). Les index sont publiés sous forme de « + » et de « - », qui donnent l’intervalle dans lequel se situe le niveau génétique du taureau. L’aptitude des taureaux Charolais à produire des génisses Fleur d’Aubrac a été évalué selon les mêmes modalités. Trois index sont calculés : poids carcasse à 30 mois (PC30), conformation (CONF) et plus-value.

« Pertinence de la méthodologie choisie »

Hervé Chapelle est conscient que l’outil Egen’Celia peut être amélioré. Il n’en reste pas moins opérationnel : « La corrélation entre l’index Iboval CRsev et l’index Celia PAT300 calculé sur les taureaux d’IA Aubrac s’établit à 0,70, ce qui traduit la pertinence de la méthodologie retenue ». Depuis son lancement au printemps dernier, les valeurs commerciales de quelque 73 000 broutards ont été analysées. Ce qui a permis d’indexer environ 600 taureaux de monte naturelle et 60 taureaux d’IA (Charolais et Aubrac). Le groupement est en train d’automatiser le processus d’évaluation des taureaux pour que la mise à jour des index se fasse au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles données commerciales et soit rapidement à  disposition des éleveurs via le réseau Extranet du groupement. L’étape suivante consistera à s’entourer de compétences plus pointues en matière d’indexation pour rendre l’outil encore plus « robuste » (prise en compte des veaux de repousse, correction de l’impact de la mère sur les performances de l’animal...). En exploitant ainsi les données commerciales, le directeur estime être dans « le sens de l’histoire ».

« Les taureaux d’IA Excellence Charolais ne sortent pas si mal »

« La majorité des taureaux du programme Excellence Charolais ne sortent pas si mal par rapport à la valorisation à 300 jours (broutards), assure Hervé Chapelle. Mais le plus utilisé, Eperon, plafonne très vite en potentiel de croissance à 300 jours alors que d’autres, moins populaires, donnent de meilleurs broutards. Il faudrait être plus sélectif dans son utilisation et le réserver à des vaches qui présentent de gros risques au vêlage ». Farenne offre un bon compromis entre facilité de naissance et plus-value à 300 jours. Fripon s’annonce également intéressant sur support Aubrac. Fortune est intermédiaire entre ce dernier et Eperon. Ferplex surpasse, et de loin, tous les autres taureaux pour ce qui est des aptitudes bouchères, mais il est plus faible pour la facilité de naissance. A utiliser donc sur des vaches qui ont déjà prouvé leur capacité à vêler facilement. Le potentiel des taureaux plus jeunes (génération des "G" et suivants) n’est pas cerné avec précision car le nombre de produits achetés par Celia est encore faible.

Domino et Tonga pour les Fleur d’Aubrac

Pour la production de génisses Fleur d’Aubrac, en attendant les filles de Ferplex, c’est Domino qui affiche le meilleur potentiel viande. Elles ressortent presque une classe de conformation au-dessus des filles d’Eperon. Il se positionne même au-dessus de Tonga, qui était jusqu’à présent la référence pour cette production. Mais les doses semblent manquer. Dalton amène de la conformation sur des génisses de 30 mois mais il est handicapé par un potentiel de croissance plus faible.

Egen’Celia évalue également les taureaux Aubrac sur les aptitudes bouchères, même si l’outil n’a pas été conçu dans ce but. Hervé Chapelle n’en dira pas plus. Les résultats sont donnés individuellement aux adhérents du groupement : « Nous n’avons pas vocation à orienter la race et, en mettant en avant des taureaux Aubrac à aptitudes bouchères, on pourrait fragiliser l’essor du croisement que nous essayons de promouvoir. »

Gaec Serres de la Jonquière, dans l’Aveyron

« L’indexation nous conforte dans nos choix »

Les taureaux de ferme, sélectionnés prioritairement sur la conformation, amène une bonne plus-value commerciale. L'indexation permet de confirmer les décisions des éleveurs et de rassurer ceux-ci. 

Florence et Privat Serres, éleveurs à Prades d’Aubrac (Aveyron), ont toujours recherché des veaux bien conformés, quitte à assumer quelques césariennes. Les 85 mères Aubrac (non inscrites) sont conduites majoritairement en croisement Charolais (63 % sur la campagne 2016-2017). Environ 80 % des vêlages ont lieu entre le 1er décembre et le 15 janvier. « Les résultats de reproduction sont excellents (365 jours d’IVV, 1 % de mortalité) », explique Anahi Peralta Cruz, responsable technique Celia. Deux taureaux Charolais et deux taureaux Aubrac assurent les saillies. Un peu d’insémination aussi, surtout en Charolais. Les taureaux Charolais, achetés par le biais de Celia, sont choisis parmi « ce qu’il y a de plus épais ». Les taureaux Aubrac sont plutôt « mixtes ». L’objectif est de sortir des broutards lourds (420 à 450 kg) et une quinzaine de génisses Fleur d’Aubrac bien conformées (U+ à U=).

Les taureaux de ferme supérieurs aux taureaux d’IA

Le poids à âge type à 300 jours (PAT300) est nettement supérieur à la moyenne du groupement (+ 56 kg pour les mâles Aubrac, + 47 kg pour les croisés). L’indexation des pères sur les produits vendus en 2017 et début 2018 avec l’outil Egen’Celia confirme clairement les choix génétiques de la famille Serres. Les deux taureaux Charolais de monte naturelle (Max et Franky) se révèlent nettement supérieurs sur tous les critères (++ en PAT300, +++ en plus-value, +++ en index de synthèse I_CELIA) aux taureaux d’IA (Eperon, Ecrin, Fortune), même si ces derniers ne déméritent pas. C’est normal puisque les taureaux de ferme ont été choisis sur leurs aptitudes bouchères et les taureaux d’IA sur leur facilité de naissance sur des vaches à risque. Le taureau Aubrac, Fiérou, s’en sort très bien aussi. Après avoir œuvré pendant huit ans, Max a terminé sa carrière l’été dernier. Franky a pris la relève et donné ses premiers produits en 2017. Les éleveurs avaient bien sûr remarqué qu’il « faisait de jolis veaux ». « L’indexation nous conforte dans le choix de ce taureau et nous allons l’utiliser davantage », en attendant de tester le deuxième qui assure ses premières saillies cette année. Même s’il faudra confirmer les capacités de Franky avec davantage de produits. Son CD, qui mesure la précision de l’index, n’est que de 0,45 pour l’instant. 

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