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TUTO VIDÉO - Les 10 règles pour bien labourer avec sa charrue portée

Une charrue mal réglée coûte cher. En plus de fournir un travail de mauvaise qualité, elle entraîne une usure prématurée des pièces travaillantes et des pneumatiques, augmente la consommation de carburant et pénalise le débit de chantier.

 

 

 

1 – Disposer d’un tracteur à l’entre-pneu compatible

L'entre-pneu doit être en accord avec la taille de la charrue.
L'entre-pneu doit être en accord avec la taille de la charrue. © D. Laisney

 

Le premier critère à contrôler sur le tracteur est l’entre-pneu, qui se mesure de flanc à flanc intérieur. Cette donnée doit être comprise entre 130 et 160 cm, selon Jérémy Debray, technicien démonstrateur chez Grégoire Besson. Si la valeur est trop importante, le premier corps de la charrue risque de ne pas se déporter suffisamment pour retourner toute la bande de terre. À l’inverse, si l’entre-pneu est trop faible, le premier corps ne travaille pas à pleine largeur et la surface labourée n’est pas plane. Autre point, les roues avant doivent présenter la même voie (mesure de centre à centre de pneu) que celles de l’arrière et respecter un entre-pneu légèrement supérieur à celui de l’essieu arrière, de l’ordre de 10 centimètres maxi.

2 – Gonfler les pneus à la bonne pression

La pression de gonflage s'ajuste en fonction de la charge supportée par les pneus.
La pression de gonflage s'ajuste en fonction de la charge supportée par les pneus. © D. Laisney

 

Il est important de vérifier que les roues arrière du tracteur sont gonflées à l’identique, idem pour celles du pont avant. L’application de la bonne pression revêt une grande importance au labour. Elle est source d’économie de carburant et de respect des sols. Un surgonflage engendre du patinage et du tassement de sol, tandis que le sous-gonflage entraîne une usure prématurée de la carcasse et de la bande de roulement des pneus. Pour définir la pression, il existe bien des applications sur téléphone mobile proposées par les fabricants de pneus, mais l’idéal demeure de peser le tracteur en conditions de travail, c’est-à-dire avec la charrue attelée et le lestage avant. Pour les pneumatiques arrière, la mesure s’opère avec la charrue levée, afin de tenir compte de la masse maximale supportée. En revanche, pour les roues avant, le contrôle du poids se réalise charrue abaissée. La pression à appliquer est définie par le manufacturier en fonction de la charge supportée par chaque pneu. L’approche empirique consiste à retenir la valeur de gonflage préconisée pour la vitesse de 25 km/h, qui correspond à celle recommandée pour les travaux de traction à plus faible allure.

3 - Régler les chandelles du relevage

Les bras de relevage droite et gauche doivent être mis à la même hauteur avant d'atteler la charrue.
Les bras de relevage droite et gauche doivent être mis à la même hauteur avant d'atteler la charrue. © D. Laisney

 

Lorsqu’une charrue réversible est correctement réglée, elle travaille aussi bien à l’aller qu’au retour. Pour obtenir ce résultat, il faut dès l’attelage régler la longueur des chandelles. L’idéal est de positionner le tracteur sur une surface plane et de mesurer la distance entre le sol et les mains d’attelage des deux bras inférieurs. Pour simplifier cette opération, Jérémy Debray positionne un long tube à la place des rotules et s’assure visuellement que cette tige est bien parallèle au châssis du tracteur. Point important : les chandelles doivent être reliées aux bras inférieurs de traction par l’intermédiaire du trou fixe et non de la lumière.

4 – Prérégler les bras pour faciliter l’attelage

La mesure de la distance des rotules d'attelage sur la charrue permet de positionner les bras de relevage au bon écartement.
La mesure de la distance des rotules d'attelage sur la charrue permet de positionner les bras de relevage au bon écartement. © D. Laisney

 

La charrue n’est pas l’outil le plus facile à accrocher. Pour se simplifier la tâche, il est recommandé de mesurer la distance entre les deux rotules sur la tête d’attelage. Il suffit ensuite de reporter cette valeur entre les deux mains d’attelage des bras inférieurs du tracteur en agissant sur les stabilisateurs.

5 – Bien positionner les rasettes

La position de la rasette est déterminée par la profondeur de labour.
La position de la rasette est déterminée par la profondeur de labour. © D. Laisney

 

Composées d’un soc et d’un versoir, les rasettes assurent l’enfouissement des débris végétaux. Elles se règlent en hauteur en fonction de la profondeur de labour. Grégoire Besson recommande de reporter une distance correspondant à la profondeur de labour entre le bas du contre-sep et le haut du soc de la rasette (jonction entre le soc et le versoir). Les rasettes se règlent aussi longitudinalement sur le bâti. Avancées, elles déposent les résidus en fond de raie. Alignées avec la pointe ou le bout du soc, elles les placent à mi-hauteur.

6 – Définir la profondeur en premier au champ

La profondeur de travail se contrôle à l'aide de la roue de jauge et du relevage.
La profondeur de travail se contrôle à l'aide de la roue de jauge et du relevage. © Grégoire Besson

 

À l’arrivée dans la parcelle, après avoir passé la charrue de la position de transport à celle de travail, il est important de raccorder le troisième point en plaçant l’axe dans la lumière de la tête d’attelage. Il faut aussi s’assurer que les stabilisateurs soient libres lorsque la charrue est en terre et bloqués durant les manœuvres en bout de champ. Le réglage de la profondeur est le premier à réaliser. Il s’effectue à l’aide de la roue de jauge, dont la pression de gonflage aura bien sûr été ajustée à la ferme en se référant aux préconisations du constructeur. De base, la profondeur s’ajuste en modifiant la position des butées. En option ou selon la finition, elle se contrôle hydrauliquement depuis la cabine.

7 – Mettre le bâti parallèle au sol

Le réglage du talonnage consiste à positionner le bâti de la charrue parallèle au sol.
Le réglage du talonnage consiste à positionner le bâti de la charrue parallèle au sol. © Grégoire Besson

 

Après avoir défini la profondeur et après avoir parcouru quelques mètres, intervient le réglage du talonnage. Cette opération consiste à mettre le bâti de la charrue parallèle au sol en agissant sur la position du relevage du tracteur. Elle garantit que tous les corps travaillent à la même profondeur.

8 – Labourer avec la charrue d’aplomb

L'aplomb est correct lorsque les étançons sont perpendiculaires au sol.
L'aplomb est correct lorsque les étançons sont perpendiculaires au sol. © Grégoire Besson

 

Le réglage de l’aplomb consiste à faire travailler la charrue avec les étançons (ou la ligne reliant les contre-seps inférieurs et supérieurs) perpendiculaires au sol. Ce paramètre s’ajuste en agissant sur les butées de retournement (systèmes à vis ou cales) en retenant les mêmes valeurs pour les deux côtés. Il est à vérifier dès que la profondeur de travail change, que les pneus sont remplacés ou lorsqu’un nouveau tracteur est utilisé.

9 – Bien aligner la charrue derrière le tracteur

Il peut être nécessaire d'agir sur le dévers pour mettre les contre-seps parallèles à la ligne de traction.

Une charrue bien réglée s’aligne seule derrière le tracteur (axe de la fusée en ligne avec la prise de force ou le piton d’attelage). Important : elle dispense de travailler en braquant les roues vers la muraille. Cette action, ou mauvaise habitude, est contre-productive, puisqu’elle freine l’avancement, pénalise le débit de chantier et augmente la consommation de GNR. Si les contre-seps ne sont pas parallèles à la ligne de traction, le tracteur cherche à monter sur la terre retournée ou à grimper sur le guéret. Ces réactions entraînent une usure prématurée des pièces travaillantes et des pneumatiques. Pour résoudre le problème, il suffit d’agir sur le dévers en faisant pivoter la poutre supportant les corps par rapport au châssis de la charrue en agissant manuellement sur un tirant. Sur certaines charrues, comme les Grégoire Besson, le dévers est défini d’usine et il est rare de le modifier (sauf conditions particulières de sols).

10 – Ajuster la prise de première raie

Le réglage du déport agit sur la largeur prise par le premier corps de la charrue.

Le réglage du déport, appelé aussi prise de première raie, consiste à déplacer latéralement la charrue, afin d’ajuster la largeur travaillée par le premier corps, qui doit être identique à celle des autres pour ne pas laisser de creux ou d’endos entre les passages. Si elle est trop faible, la charrue n’est pas exploitée sur toute sa largeur et le débit de chantier est pénalisé. Si elle est trop importante, le risque est de laisser une bande non coupée, donc non retournée.

Quelle largeur maxi de pneu utiliser au labour ?

L'utilisation de pneus de grande largeur peut nécessiter le montage de versoirs plus longs.
L'utilisation de pneus de grande largeur peut nécessiter le montage de versoirs plus longs. © Grégoire Besson

 

Le labour en raie ne permet pas d’utiliser les pneumatiques arrière les plus larges. Pour Jérémy Debray, la taille idéale pour les gros tracteurs est 650 mm, voire 580 mm si la capacité de charge est en accord avec le poids supporté par les roues arrière. Il est aussi possible de travailler avec des pneus de 710 mm de large, mais dans ce cas il est parfois nécessaire de monter des versoirs plus longs que ceux utilisés avec des modèles de 650 mm. Ce critère est à prendre en compte lors du changement de tracteur si le nouveau est chaussé plus large.

Entretien : pourquoi privilégier les pièces d’origine ?

 

 
Le montage de pièces d'usure d'origine garantit le respect des angles de travail des corps de la charrue.
Le montage de pièces d'usure d'origine garantit le respect des angles de travail des corps de la charrue. © Grégoire Besson

 

Le graissage des versoirs est à réaliser en période de non-utilisation, afin d’éviter à la rouille de s’installer et de rattaquer un chantier avec une charrue difficile à tracter. Il est par ailleurs conseillé de vérifier, au moins une fois par an, le serrage de la fusée reliant la tête d’attelage au châssis, car un défaut peut entraîner la casse de cet organe. Pour le remplacement des pièces d’usure, les constructeurs recommandent d’utiliser des composants d’origine. Certaines pièces adaptables ne respectant pas les angles d’origine rendent les charrues impossibles à régler. D’autres trop grosses engendrent une augmentation de la consommation de puissance, donc de la consommation de carburant. Le rechargement à la soudure des socs et l’ajout de pastilles anti-usures sont aussi déconseillés.

 

 

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