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Thierry Hetreau,vétérinaire et formateur au Centre d'élevage de Poisy
"Savez vous observer et écouter vos animaux ?"

Le livre « Signes de Vaches » apprend à observer ses vaches, à les connaître et à interpréter les signes qu’elles émettent en permanence sur leur santé et leur bien-être.

"Ce sont les vaches qui ont raison. Mieux les observer est toujours riche d'enseignements".
"Ce sont les vaches qui ont raison. Mieux les observer est toujours riche d'enseignements".
© Centre d'élevage de Poisy

L’ouvrage « Signes de Vaches » a été réalisé par Jan Hulsen, vétérinaire hollandais, passionné par les bovins et adapté en français par Thierry Hetreau. Il est destiné en premier lieu aux éleveurs, mais il intéressera également tous ceux qui sont au contact des animaux ou qui doivent s’assurer de la bonne marche d’un élevage (vétérinaires, techniciens,…).

Qu’est ce que la méthode « Signes de Vaches » ?

Thierry Hetreau - Trois éléments sont à mettre en lumière avant d’expliquer l’objectif de cet ouvrage prioritairement destiné aux éleveurs laitiers.Tout d’abord, en élevage, les troupeaux s’agrandissent de plus en plus, le nombre de tâches automatisées s’accroît, on habite loin de l’élevage, le nombre de vaches par travailleur augmente, on perd l’habitude d’observer ses animaux. Ensuite, on ne sort pas toujours assez de son élevage. On ne voit que son troupeau et finalement on s’aveugle sur ce qui se passe chez soi. Enfin, les repères techniques (nombre de veaux sevrés, GMQ…) ne sont pas toujours des indicateurs suffisamment précoces de l’état de son cheptel. Ce livre indique donc à l’éleveur ce qu’il faut regarder ? Qu’est-ce qu’une vache dans son état normal ? Il faut observer son troupeau et notamment les signes émis en permanence par celui-ci, qu’ils soient d’ordre du bien-être, de la santé, à travers le comportement, les postures et le corps. Tel est l’objectif de ce guide d’observation du troupeau laitier. « Signes de Vaches » est découpé en sept chapitres en fonction des différents travaux réalisés dans un élevage : bien observer au pré, à l’étable, pendant l’alimentation, dans la fosse de traite, le robot de traite, les veaux et les vaches taries. Plus de 250 photos et illustrations présentent clairement ce que les vaches nous montrent.

Comment se déroule une journée de formation s’appuyant sur ce livre ?

T. H. - Des formations d’une ou deux journées sont proposées dans le prolongement du livre à la fois en élevage laitier et allaitant. Cet enseignement se compose d’une présentation théorique, d’exercices pratiques à partir d’images et de films projetés aux stagiaires et d’une présentation d’une grille d’évaluation avant l’application en ferme. Au cours de cette formation, on demande aux éleveurs de s’arrêter, de prendre le temps de regarder leur troupeau et de se poser les bonnes questions. Comment une vache mange ? Comment une vache vêle ? En effet, pour une intervention trop tardive lors d’un vêlage, l’éleveur interviendra ensuite neuf fois sur dix trop tôt. Cette démarche amène à se poser des questions auxquelles on ne donne pas de réponses toutes faites aux éleveurs. C’est à eux de les trouver ensuite sur leur ferme. Au cours de la formation, on est attentif à tout ce que l’on voit sur les animaux : blessures, état de propreté…

Donnez-nous quelques exemples de signes.

T. H. - Par exemple, au milieu de la nuit, des vaches sont debout, ce n’est pas normal, elles devraient se reposer. Autres exemples. Une bosse sur le dos peut nous renseigner sur le réglage des logettes. Une partie du bâtiment beaucoup plus vide qu’une autre doit alerter. Dans un bâtiment semi-ouvert, les animaux se trouvent tous dans un rayon de soleil : la conception du bâtiment doit s’inspirer de ce besoin. Lors de l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit du bâtiment d’élevage qui capte le soleil, on peut se poser la question des incidences sur les animaux ?

Après plusieurs années de formation, quel bilan faites-vous et quels conseils pouvezvous donner? Combien de temps est-il nécessaire de consacrer à l’observation de ses vaches ?

T. H. - Les éleveurs qui assistent à la formation se demandent au départ ce qu’ils pourront voir. A la fin de la journée, ils trouvent que c’est trop court. Cette démarche a pour objectif de donner des clés, mais c’est un outil parmi tant d’autres. Le troupeau est le reflet de l’éleveur. Il nous reste encore à établir des normes et repères pour chaque signe. À partir de quel stade un signe devient-il une anomalie? Il serait aussi intéressant d’aller plus loin en amont du conseil (dès la construction du bâtiment par exemple). Et pourquoi ne pas réaliser une adaptation pour les vaches allaitantes. L’observation doit se faire par ailleurs sur le troupeau dans son ensemble et pas se baser sur une seule vache. Les signes significatifs doivent être constatés sur plusieurs animaux et être répétitifs.Tous les signes sont à noter et notamment ceux non explicables car on peut en trouver la cause ultérieurement. Par exemple, un animal qui joue avec sa langue, est-ce par ennui? De plus, pour chaque signe, deux à trois causes peuvent exister. En ce qui concerne le temps à passer à l’observation de son troupeau, je conseille deux fois dix minutes par jour, sachant qu’il y a des signes à observer au quotidien (ce qui change tous les jours) comme les bouses ou les agressions, d’autres toutes les semaines, comme l’état du poil et d’autres tous les mois, comme les aplombs, l’état d’engraissement et de propreté…

En savoir plus

Des formations sont également organisées en élevage allaitant. Pour tous renseignements, vous pouvez vous rendre sur le site: www.elevage-poisy.org, dans l’onglet stage de perfectionnement puis signes de vaches.

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