Reproduction
Quand arrive l’heure du vêlage
Différents facteurs influencent la durée de gestation d'une vache, mais c’est bien le veau qui déclenche lui-même le moment de la mise bas... quand il est prêt !
Différents facteurs influencent la durée de gestation d'une vache, mais c’est bien le veau qui déclenche lui-même le moment de la mise bas... quand il est prêt !
La durée de la gestation d’une vache est en moyenne d’environ 280 jours, soit 9 mois et 10 jours. Plusieurs facteurs peuvent faire varier cette durée. Du côté de la mère mais aussi du veau.
Du côté de la vache. Il existe une variation liée à la race : la durée de gestation chez les bovins peut ainsi varier de 277 jours (Holstein) à 295 jours (Blonde d’Aquitaine). Charolaises et Limousines sont plutôt à 290 jours, Aubrac et Salers aux alentours de 285 jours. Mais même au sein d’une même race, il peut y avoir de légères différences entre les individus. Une première gestation est en moyenne moins longue de 2 à 3 jours par rapport à la « norme ».
Lire aussi : Vêlage : pourquoi et comment se déclenche-t-il ?
Du côté du veau. D’autres éléments peuvent intervenir. On a observé par exemple que la gestation était allongée de 2 à 3 jours lorsque le veau était un mâle. Au contraire, s’il y a naissance de jumeaux, ce qui arrive dans environ 3 % des gestations, sa durée est diminuée de 3 à 6 jours.
Au final, c’est le veau qui décide
Mais si ces éléments interviennent sur la durée de la gestation, ils ne sont pas responsables du déclenchement du vêlage. Le véritable « initiateur » de la mise bas, c’est le veau lui-même. Pour le veau, la naissance est le moment de « tous les périls » ! Il quitte le milieu protégé du ventre de sa mère et va brutalement devoir se mettre à respirer, à se nourrir et à se protéger du froid. La survie du veau va donc dépendre de la maturité des organes qui vont assurer ces fonctions une fois à l’extérieur.
Ce n’est que lorsque le veau est prêt a affronter ces grands changements qu’il va déclencher une véritable cascade hormonale conduisant à sa naissance. Le point de départ en serait la maturation des thermorécepteurs situés dans le cerveau du veau (dans l’hypothalamus) : la perception de la chaleur de son environnement déclencherait le processus. La gestation est maintenue par un taux élevé de progestérone et une production réduite d’œstradiol. La progestérone est produite par le corps jaune présent dans les ovaires, et en fin de gestation, par le placenta. Cette hormone inhibe les contractions utérines et permet le maintien de la gestation. La mise bas ne pourra avoir lieu que si cette situation s’inverse. Et c’est bien ce qui va se produire...
Le cortisol hormone déclenche le vêlage
Tout démarre donc de l’hypothalamus du fœtus qui va provoquer la sécrétion d’une hormone, l’ACTH, par l’hypophyse (l’ensemble hypothalamus-hypophyse est situé à la base du cerveau, les deux étant en relation étroite : l’hypothalamus reçoit les informations et provoque en conséquence la fabrication d’hormones par l’hypohyse).
L’ACTH (1 sur le shéma) va à son tour conduire à la sécrétion d’une autre hormone : le cortisol, par les surrénales du fœtus (les surrénales sont des glandes situées sur les reins, d’où leur nom). Le taux de cortisol fœtal augmente ainsi progressivement pendant les sept jours qui précèdent la mise bas, et subit une forte augmentation dans les deux derniers jours. Le cortisol apparaît comme un maillon dans tout le processus, mais il a également un rôle plus large dans la maturation du fœtus. Il va ainsi contribuer à préparer le veau à sa vie extra-utérine, en mettant en route les fonctions vitales nécessaires à sa survie (comme la synthèse du surfactant pulmonaire, substance qui tapisse les alvéoles pulmonaires, indispensable au fonctionnement des poumons). Le vêlage n’a bien lieu que lorsque le veau a atteint un stade de maturité suffisant pour lui permettre de survivre dans le milieu extérieur. Ainsi, le cortisol est l’hormone-clef du déclenchement de la mise bas.
Intervient alors le déclenchement des contractions utérines
Le cortisol agit à son tour sur le placenta (2 sur le schéma),en modifiant l’activité des enzymes liées à la fabrication de progestérones et d’œstrogènes et en inversant les tendances... : la progestérone se trouve ainsi en quantité réduite ; par conséquent, son rôle d’inhibition des contractions utérines, qui jusque-là permettait de maintenir la gestation, est largement amoindri. Le taux d’œstrogènes, quant à lui, augmente. Au contraire des progestagènes, ils ont une action directe sur l’utérus en augmentant sa contractilité. Ils stimulent également la fabrication de « jonctions » entre les cellules de la partie musculaire de l’utérus (myomètre), qui permettent la propagation des contractions dans tout l’utérus.
Mais les œstrogènes vont également avoir une action indirecte en conduisant à la synthèse d’autres substances : les prostaglandines, qui vont être produites par l’utérus, et l’ocytocine, sécrétée par l’hypophyse, cette fois de la mère.
S’installe alors un véritable cercle vicieux (4) : l’ocytocine va à son tour stimuler les contractions utérines. La distension de l’utérus, ses contractions, vont de leur côté stimuler la sécrétion d’ocytocine par l’hypophyse. Les prostaglandines (3) quant à elles jouent ce même rôle à deux titres : en agissant directement sur l’utérus, et indirectement, en détruisant le corps jaune encore présent, lui-même responsable de la production de progestérones. Un autre moyen de favoriser les contractions utérines. Enfin, les prostaglandines interviennent également dans la maturation du col.
Jusqu’à la phase d’expulsion du veau
Enfin, quand le col se dilate, le fœtus s’engage progressivement dans la filière pelvienne. La dilatation du vagin provoque alors une décharge d’ocytocine qui renforce encore les contractions utérines, de plus en plus fortes et de plus en plus fréquentes, afin de parvenir à une expulsion rapide ; c’est le réflexe « de Ferguson ».
Le cortisol est l’hormone du déclenchement, l’ocytocine est celle de l’expulsion.
La mère peut cependant intervenir et repousser la naissance
Donc, une fois que le signal de départ est donné par le veau via le cortisol, tout se déroule et s’enchaîne selon un processus bien établi, inexorable, qui va conduire à l’expulsion du veau. Toutefois, la mère peut intervenir dans certains cas ! Il existe un système de contrôle qui lui permet de repousser la naissance de quelques heures en situation de stress. En effet, la libération d’adrénaline inhibe les contractions utérines et de ce fait, retarde le moment de la mise bas. Mais cela n’est possible que si le col n’est pas dilaté, donc plutôt au début du processus. C’est ainsi que dans le milieu sauvage, une femelle sur le point de mettre bas est capable de bloquer le processus en présence d’un prédateur, et c’est ce qui explique qu’une vache dérangée dans sa phase de préparation risque finalement de mettre plus de temps à vêler.
Et comme la nature est décidément bien faite, ce dispositif hormonal intervient également dans le processus de montée du lait... mais là, c’est une autre histoire !