[Péricardite chez les bovins] Un petit bout de ferraille fatal
Un ralentissement de la rumination et du transit, une fièvre modérée et une douleur abdominale se traduisant par une posture voussée laissent présager la présence d’un corps étranger. Il peut conduire à une péritonite généralisée ou à une péricardite.
Un ralentissement de la rumination et du transit, une fièvre modérée et une douleur abdominale se traduisant par une posture voussée laissent présager la présence d’un corps étranger. Il peut conduire à une péritonite généralisée ou à une péricardite.
Un éleveur appelle la clinique pour « une blonde qui vient de vêler et qui ne va pas ». Lors de mon arrivée sur la ferme, l’éleveur m’explique que la vache à voir a vêlé sans assistance il y a quatre jours, que son veau va bien mais elle ne mange pas et ne rumine pas. À l’examen à distance, cette vache est maigre et n’a pas de pis, l’éleveur me confirme que son veau arrive à téter d’autres vaches. Lors de l’examen clinique, la température rectale est de 40 °C, il n’y a pas de métrite, les bouses sont normales. À l’auscultation cardiaque, le cœur semble rapide. Il est difficilement audible, masqué par des bruits liquidiens de « machine à laver » assez caractéristiques de l’affection dont souffre cette vache : une péricardite, c’est-à-dire une inflammation du péricarde, "l’enveloppe" qui entoure le cœur. Cette vache a également les veines jugulaires très gonflées, ce qui est également un symptôme de péricardite.
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Pour vérifier cette hypothèse diagnostique, une longue aiguille est insérée entre deux côtes en direction du cœur. À son extrémité, il s’en écoule un liquide jaunâtre purulent lequel confirme que le diagnostic faisant suite à l’auscultation cardiaque est bien le bon. Cette vache a une péricardite infectieuse.
Corps étranger métallique
Chez les bovins, les péricardites sont quasi toujours dues à la ponction du péricarde par un corps étranger métallique provenant du réseau qui génère l’infection. Lorsque les vaches ingèrent les fourrages, elles mastiquent peu (la mastication se fait lors de la rumination), ainsi elles peuvent avaler des corps étrangers. Le plus souvent, ceux-ci sont métalliques fins et acérés et mesurent environ 5 centimètres de long.
Ces corps étrangers restent dans le réseau et peuvent migrer et abîmer les organes adjacents. Quand ils avancent, ils transpercent le diaphragme puis le péricarde où ils génèrent un foyer infectieux. L’inflammation provoque une accumulation de liquide et de fibrine entre le cœur et le péricarde, ce qui empêche le cœur de battre correctement car il est comprimé.
Le pronostic des péricardites par corps étranger est toujours sombre. En effet si la vache survit malgré l’accumulation de liquide inflammatoire et de fibrine dans le péricarde ; lorsque le liquide se résorbe au bout de plusieurs semaines, la fibrine se rétracte et provoque des adhérences entre le péricarde et le cœur ce qui entrave son fonctionnement.
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Le traitement des péricardites passe par la chirurgie mais il est assez aléatoire. Il existe deux méthodes : soit la mise en place d’un drain qui permet l’écoulement du pus entourant le cœur mais ce drain peut être régulièrement bouché par de la fibrine ; soit une technique chirurgicale plus lourde et coûteuse, une péricardiostomie, c’est-à-dire la suture du péricarde à la peau après avoir retiré un morceau de la cinquième cote, ce qui permet l’écoulement du pus et de la fibrine par une ouverture plus large qui se refermera en seconde intention après plusieurs semaines.
La prévention des péricardites par corps étranger combine plusieurs actions : l’application systématique d’aimant cage sur les bovins à partir de l’âge de 8 à 12 mois selon leur gabarit, la mise en place d’aimant sur la mélangeuse, la suppression des pneus sur les silos (remplacés par des sacs de sable) et une attention particulière lors des travaux de clôtures et de construction pour ne pas laisser de déchets métalliques au sol.
Le saviez-vous ?
90 % des bovins ont un corps étranger dans le réseau. À l’inverse des chèvres et brebis qui trient beaucoup plus leur ration, les bovins ingèrent les fourrages de leur ration par grosse quantité et de façon peu sélective.