Paratuberculose bovine : comment tester l'environnement avec les pédichiffonettes ?
Ludivine Gonzales a réalisé sa thèse de doctorat vétérinaire sur le dépistage de la paratuberculose dans l’environnement via les pédichiffonnettes en bovin allaitant. Aujourd’hui installée en Corrèze, elle prodigue ses conseils d’utilisation, découlant de ses nombreuses expérimentations dans les élevages témoins.
Ludivine Gonzales a réalisé sa thèse de doctorat vétérinaire sur le dépistage de la paratuberculose dans l’environnement via les pédichiffonnettes en bovin allaitant. Aujourd’hui installée en Corrèze, elle prodigue ses conseils d’utilisation, découlant de ses nombreuses expérimentations dans les élevages témoins.
« Le kit de dépistage de la paratuberculose bovine dans l'environnement par les pédichiffonnettes peut servir à tous les éleveurs. À ceux qui veulent juste de temps à autre effectuer une veille de leur environnement, je leur rappelle néanmoins qu’un test négatif ne signifie pas qu’on est indemne. Pour ceux qui ne testent pas le troupeau tous les ans, les pédichiffonnettes peuvent être utiles entre deux sérologies », explique Ludivine Gonzales, vétérinaire en Corrèze.
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Pour ceux qui sont impactés et qui font un dépistage annuel avec la prophylaxie, les tests environnementaux viennent en complément et peuvent être renouvelés tout au long de la période où les animaux sont en bâtiment. L’intérêt de cette technique est justement sa répétabilité.
Un prélèvement représentatif du troupeau
En stabulation, le fumier doit avoir quelques jours. « Pour couvrir les bouses d’un maximum de vaches, je préconise d’insister sur les zones d’accumulation, à savoir : derrière les tables d’alimentation et autour des abreuvoirs. » Il est primordial de privilégier les bouses fraîches et les zones humides. En cas de caillebotis, on peut marcher dessus et refaire un passage au tout début de l’aire paillée. Dans les étables entravées, on peut circuler derrière les vaches. Si cela s’avère compliqué, on peut se positionner au bout du racleur quand il est en marche, le but étant d'échantillonner le plus de fumier.
On peut aussi effectuer des prélèvements dans les parcs des jeunes. Il faut surtout penser à toujours utiliser un kit différent par lot d’animaux séparés physiquement. « En cas de prélèvement positif, il faut absolument détecter le ou les animaux excréteurs pour les isoler. Le résultat de la PCR doit être uniquement considéré comme positif ou négatif, car un bovin super excréteur peut faire bondir le résultat à lui seul ! ».
Les pédichiffonnettes analysées au laboratoire
L’étude sur les pédichiffonnettes a été réalisée en partenariat avec le laboratoire d’analyse départemental de l’Aveyron : Aveyron Labo, qui a mis au point un protocole spécifique de récupération de prélèvement en vue de l’analyse PCR. Cette technique a été choisie par le laboratoire, plutôt qu’une méthode de mise en culture, très longue chez les mycobactéries.
Le laboratoire met à disposition des éleveurs des kits contenant les pédichiffonnettes dans leur emballage stérile, une paire de surbottes et des gants. L’équipe chargée des analyses rappelle l’importance de ne prélever les germes que de la zone étudiée. C’est pourquoi elle conseille d’utiliser une paire de surbottes neuves sous chaque pédichiffonnette pour éviter la contamination par le fumier présent sous les bottes du préleveur. Si on utilise plusieurs kits, il faut bien penser à identifier le lieu de chaque prélèvement. Une fois que l’éleveur a pratiqué son ou ses prélèvements, il doit le porter au laboratoire dans les deux jours au maximum. Le prélèvement peut être conservé au frais.
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Les pédichiffonnettes sont ensuite traitées pour récupérer un maximum de matière fécale, qui sera broyée et centrifugée afin d’en extraire de l’ADN purifié. La PCR va ensuite donner plusieurs résultats. Le premier est la présence ou non d’ADN de Mycobacterium avium ssp paratuberculosis. Le second est donné par la valeur du Ct, qui correspond au nombre de cycles de réplication de l’ADN. Cette donnée ne mesure pas une réelle quantité mais donne une tendance : présence forte ou faible de la mycobactérie. Selon Aveyron Labo, cette information est néanmoins à nuancer car elle dépend de plusieurs variables comme la qualité du prélèvement, l’humidité du milieu, etc…
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