MHE : la maladie hémorragique épizootique, signe du dérèglement climatique
Devenu un rendez-vous incontournable du monde agricole, le Sommet de l’élevage monte encore en puissance cette année. Avec un nouveau record de fréquentation battu, l’évènement tenu à la grande halle d’Auvergne devient le premier salon européen de l’élevage. Mais en parcourant les allées à la rencontre des professionnels, certains manquent à l’appel. Les stalles vides sous les bannières de plusieurs races laissent un goût amer : 27 % d’effectifs animaux en moins, selon les organisateurs du salon, et des éleveurs privés de leurs retrouvailles après de longs mois de préparation et des frais engagés pour exposer leurs meilleurs spécimens. Celle venue jouer la trouble-fête, c’est la maladie hémorragique épizootique.
Ce manque d’anticipation interroge et ce sont les éleveurs qui paient les pots cassés
Les températures estivales hors-norme et la vague de chaleur tardive du mois de septembre ont favorisé la prolifération des insectes piqueurs, vecteurs de la maladie. « Il y a une quinzaine d’années, on n’imaginait pas que la maladie puisse un jour arriver en Europe, révèle Stéphan Zientara, vétérinaire et virologiste à l’Anses. Son extension est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons de survivre dans nos régions ». Cantonné localement en Europe du sud, le virus s’est frayé un chemin jusque dans les élevages du sud-ouest de la France, dégradant la santé des troupeaux et bouleversant les flux. Nos voisins espagnols, en proie à la maladie depuis plusieurs mois, avaient pourtant lancé l’alerte. Comment alors expliquer l’apparente impréparation des autorités françaises, dont la réaction a tardé tant sur le plan de la gestion sanitaire que des mesures commerciales ? Face à la réalité du réchauffement climatique, qui concoure à l’émergence de maladies infectieuses et parasitaires, une surveillance épidémiologique efficace et une organisation concertée avec nos différents partenaires sont cruciales.