LogiPelvi, un outil de valorisation immédiate de la pelvimétrie
Pour les génisses charolaises, la mesure de l’ouverture pelvienne représente en élevages un outil supplémentaire de sélection pour le tri des femelles de renouvellement et le plan d’accouplement.
Pour les génisses charolaises, la mesure de l’ouverture pelvienne représente en élevages un outil supplémentaire de sélection pour le tri des femelles de renouvellement et le plan d’accouplement.
Réalisée en routine depuis de nombreuses années sur les animaux de stations d’évaluation, la mesure de l’ouverture pelvienne (pelvimétrie) se déploie en élevages. « Alsoni Conseil élevage (Bovins croissance Saône-et-Loire, Nièvre et Allier) a souhaité donner accès plus largement sur le terrain à la pelvimétrie, pour en faire un critère de sélection pour le tri des femelles de renouvellement et le choix des taureaux. Cette mesure renseigne sur les capacités à vêler d’une future reproductrice. La pelvimétrie donne ainsi la possibilité de corriger une moins bonne aptitude au vêlage avec un taureau à vêlage facile doté d’un index IFNaiss très élevé », commence Léa Lapostolle, responsable technique pour Alsoni, avant d’ajouter : « c’est la quatrième campagne où elle est proposée sur notre zone de chalandise. On a débuté dans le cadre du programme Degeram (développement de la génomique pour les races du Massif). Toutefois, la mesure de l’ouverture pelvienne n’est pas interprétable en l’état. Elle est à corréler avec l’âge et le poids de l’animal. C’est pourquoi, en collaboration avec l’EDE 63 et avec les outils internes du réseau FCEL (France contrôle élevage), nous avons mené des expérimentations sur deux ans afin d’élaborer un outil plus complet, LogiPelvi. Il se compose d’une application pour mobiles et tablettes favorisant ainsi la saisie des mesures d’ouverture pelvienne et de toutes anomalies relevées (bride, crête). Cette application permet de numériser instantanément les données et donc, d’envisager une valorisation immédiate avec l’éleveur. Au niveau d’Alsoni Conseil élevage, nous réalisons environ 2 000 pelvimétries par an. »
Évaluer l’aptitude au vêlage
Jusqu’à présent, ce travail s’est focalisé sur les génisses de race Charolaise. LogiPelvi sera utilisable dès la fin de l’année au niveau national. Une réflexion est en cours pour mesurer l’intérêt de mettre à disposition cet outil pour les mâles au regard de l’héritabilité de ce critère, voire pour d’autres races. Dans ce dernier cas, il sera nécessaire de conduire à nouveau des expérimentations pour obtenir une population de références suffisantes.
« La mesure de l’ouverture pelvienne (OP) s’effectue par voie rectale à l’aide d’une toise spécifique, sous anesthésie locale par épidurale (anesthésie de la queue, de l’appareil génital et de l’anus). C’est une intervention sans risque », explique Anne-Françoise Nicolas, technicienne Alsoni.
Pour fiabiliser davantage l’évaluation de l’aptitude au vêlage, un certain nombre de mensurations externes des animaux sont également collectées comme la hauteur au sacrum, les longueurs et largeurs du bassin, la largeur aux trochanters. Une évaluation visuelle de l’inclinaison du bassin est aussi réalisée. « Au moment de la mesure, on peut aussi déceler la présence d’un renflement osseux au niveau de l’os pubien susceptible de gêner le passage du veau », ajoute Anne-Françoise Nicolas.
Ces données sont ensuite confrontées aux poids à la naissance du sujet et de ses parents. Idéalement, les pelvimétries s’effectuent sur des génisses d’au moins 14 mois et jusqu’à 2 mois avant la mise à la reproduction.
Un indice intra-troupeau
L’évaluation de l’ouverture pelvienne est traduite en indice 100, assortie d’un indicateur de couleur, indiquant si l’animal est favorable ou non sur ce critère. « Chaque bête dispose d’un indice au sein de son troupeau, mis en relation avec toutes les données qui semblent être importantes pour l’éleveur (conditions de naissance…). La nouvelle valorisation de la pelvimétrie permet de regarder l’homogénéité des produits par père en un coup d’œil », souligne Léa Lapostolle. Ainsi, un taureau peut engendrer à la fois des femelles disposant d’une excellente ouverture pelvienne et d’autres avec une OP médiocre. À l’opposé, un taureau engendrera des femelles avec une ouverture pelvienne moyenne mais toujours homogène.
Dans un laps de temps court, il est possible de dégager les animaux en alerte pour les génisses de renouvellement ou le plan d’accouplement. Un animal avec un indice faible ou une anomalie. Le coût du service est variable selon les structures.
Définition
La pelvimétrie consiste à évaluer l’ouverture à l’intérieur du bassin d’un bovin mâle ou femelle. Elle indique la surface pelvienne. Elle est réalisée grâce à un pelvimètre, appareil qui permet de mesurer deux distances à travers le rectum : la hauteur sacro-pubienne et la largeur bis-illiaque médiane lesquelles, multipliées entre elles donnent la surface pelvienne, exprimée en centimètres carrés.
Avis d’éleveur : Thierry Dafit, 100 mères charolaises, naisseurs-engraisseurs (1) à Saint-Marcel-en-Murat dans l’Allier
"La pelvimétrie pour toutes les génisses"
« Facilité de naissance est le maître mot de notre élevage. On travaille sur ce critère depuis quinze ans à travers l’aptitude au vêlage. C’est donc naturellement que l’on s’est engagé dans la mesure de l’ouverture pelvienne. On a commencé dans le cadre du projet Degeram et on continue depuis. Nous entamons notre sixième campagne de mesures. L’aptitude au vêlage explique 95 % des éliminations de génisses. La conformation et les jumelles de mâles, les 5 % restants. La pelvimétrie permet également de vérifier les anomalies, la présence ou l’absence d’une anomalie osseuse. Une génisse dont le bassin n’est pas suffisamment ouvert pourra donc être réformée avant sa mise à la reproduction. Toutes les génisses avec une bonne OP sont gardées. Celles avec une ouverture pelvienne moyenne sont accouplées avec un taureau adapté pour assurer le vêlage. L’objectif ultime de ce travail est de diminuer les problèmes au vêlage et par répercussion, de limiter la mortalité des veaux, d’augmenter la productivité globale et de réduire l’infertilité. Les aspects, économie (diminution des frais vétérinaires), temps de travail et sérénité ne sont pas à négliger non plus. Il est plus facile de passer du temps à mesurer l’OP qu’au vêlage.
Avec une bonne contention, seules deux à trois minutes sont nécessaires par bête. On y passe deux heures par an pour 40 à 45 génisses. Les pelvimétries sont effectuées début décembre à 20-24 mois avant d’effectuer le tri pour la mise à la reproduction. Cela fait trois années consécutives que je n’ai pas de césariennes sur génisses. Cette année, je suis intervenu deux fois seulement, du fait d’un mauvais positionnement du veau. Les interventions sont désormais rares, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les conditions de vêlages notifiées 3 et 4 (vêlages difficiles et césariennes) sur génisses variaient entre 27 et 30 % en 2012 et 2013 avant de débuter les pelvimétries. En 2017, elles étaient de 4 %. En 2018, de 0 %. Je n’envisage pas d’arrêter. Par ailleurs, je n’utilise pas de taureaux en dessous de 100 en Avel. »